Gazéification hydrothermale, CO₂ biogénique : Biogaz Vallée élargit son action

Gaz renouvelables
30/09/2025
5 min
©Shutterstock

Méthanisation, gazéification hydrothermale, CO₂ biogénique : l’association Biogaz Vallée, un cluster industriel basé à Troyes (Aube), élargit son champ d’action et muscle son organisation à Paris pour renforcer son action et maximiser le développement de l’ensemble des technologies de production de gaz renouvelables.

Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui

Face aux enjeux de souveraineté énergétique, de décarbonation et de valorisation des ressources locales, Biogaz Vallée franchit un cap stratégique. Historiquement centré sur la méthanisation, le cluster français de référence pour les gaz renouvelables se dote désormais de trois pôles d’activité : la méthanisation, la gazéification hydrothermale (GH) et le CO₂ biogénique. Une structuration pensée comme une « expansion » plus que comme une réorganisation. « Nous ne nous recentrons pas, nous nous développons. Ce n’est pas une restructuration, mais une mutation. C’est une expansion », insiste Grégory Lannou, directeur général de Biogaz Vallée. « Si la méthanisation reste notre socle, la France doit aussi miser sur de nouveaux relais de croissance comme la gazéification hydrothermale et le CO₂ biogénique pour réduire sa dépendance et réussir sa décarbonation. Notre rôle est de structurer et développer ces filières. »

Une nouvelle organisation à trois piliers

Pilier historique de Biogaz Vallée depuis sa création en 2011, la méthanisation constitue toujours le socle de l’action du cluster. C’est d’ailleurs majoritairement sur le potentiel de cette technologie que s’appuie, en France, les objectifs de 50 TWh (dont 44 injectés) de la prochaine programmation pluriannuelle de l’énergie. En transformant les déchets organiques en énergie renouvelable et en digestat utilisable comme fertilisant, cette technologie « coche toutes les cases de l’économie circulaire et de la transition agricole » selon le réseau professionnel qui rappelle les atouts « d’une énergie non-intermittente, modulable et stockable » pour le mix énergétique français. Moins connue mais particulièrement « prometteuse » d’après Biogaz Vallée, la gazéification hydrothermale (GH) permet de valoriser des déchets complexes — y compris issus de la biomasse ou de résidus fossiles — dans des conditions humides et à haute pression, pour produire un gaz renouvelable riche en méthane et potentiellement injectable dans les réseaux. « Cette technologie est capable de valoriser 100 % des flux de sortie – gaz, liquides et solides – tout en éliminant les micropolluants, y compris les PFAS », souligne Grégory Lannou. Le pôle GH a été confié à Robert Muhlke, expert reconnu du secteur qui était chargé du développement de cette technologie chez Natran. Sur le volet CO₂ biogénique, le cluster est déjà coordinateur d’un projet structurant, baptisé GECO₂ (groupe d’experts du CO₂ biogénique), visant à poser les bases d’une filière française. « La question est simple : comment créer une filière nationale du bioCO₂ ? Cela implique de définir une gouvernance, d’anticiper les questions de certification et réglementation et de répondre aux enjeux de qualité du gaz comme de valorisation » indique Grégory Lannou. « Le CO₂ biogénique est une ressource d’avenir, stratégique pour l’agroalimentaire, la mobilité bas carbone ou le bioCCS. Il faut passer de l’expérimentation à la structuration industrielle. »

Vers l’industrialisation de la gazéification hydrothermale

Pour la GH, l’objectif est clair : faire émerger un marché à partir de 2028. « D’ici là, nous voulons multiplier les pilotes et démonstrateurs préindustriels. Mais il est possible qu’un premier projet industriel voie le jour dès 2026 », avance Robert Muhlke. Le soutien de grands industriels constitue un signal fort. « Le premier à avoir adhéré est Suez, qui a déjà lancé un projet pré-industriel. Les commandes sont passées, l’enjeu est désormais administratif », précise-t-il. Mais les freins réglementaires demeurent. « Aujourd’hui, la GH est assimilée à l’incinération, ce qui constitue un handicap majeur. Idéalement, il nous faut une rubrique spécifique. Tant que nous restons des exceptions, l’administration nous renvoie vers une case inadaptée », regrette Robert Muhlke. Malgré ces obstacles, Biogaz Vallée se veut optimiste. « Nous sentons aujourd’hui que les industriels sont mûrs et en demande. Il faut avancer en parallèle sur les démonstrateurs et la réglementation, afin de ne pas retarder inutilement la filière », insiste Grégory Lannou qui estime que cette technologie est « particulièrement stratégique pour réduire la part de déchets encore incinérés ou enfouis ».

À terme, Biogaz Vallée entend bâtir un écosystème complet, où méthanisation, gazéification hydrothermale et bioCO₂ cohabitent et se complètent. « Chaque technologie a sa place. Comme aux Pays-Bas, l’enjeu est que les filières avancent en parallèle, avec une compétition saine qui pousse chacun à donner le meilleur », résume Robert Muhlke. « Notre conviction est que les expertises acquises sur la méthanisation accéléreront le développement de la GH et du CO₂ biogénique. Ce n’est pas seulement un relais de croissance, c’est un véritable projet industriel pour la France » conclut Grégory Lannou.

Vous aimerez aussi