Gazéification : des solutions « prometteuses » en Europe

L'Europe compte actuellement 141 installations de gazéification (biomasse et déchets) et 54 projets en cours de développement dans 14 pays. ©Shutterstock.

Publié le 19/12/2024

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Le potentiel de la gazéification thermique en Europe est « important » estime dans une étude publiée en décembre l'Association européenne du biogaz (EBA) qui estime que les technologies de gazéification auraient une capacité de production de 37 milliards de mètres cubes (mmc) d'ici 2040, soit 33 % du potentiel total de production de biométhane. En Europe, environ 200 sites en service ou en cours de développement utilisent la gazéification pour valoriser leurs déchets. Pour l’EBA cette technologie en cours d’industrialisation devrait connaître « une croissance rapide » dans les années à venir. Par Laura Icart   Selon plusieurs agences économiques, la taille du marché mondial de la gazéification de la biomasse devrait atteindre plus de 204 milliards d'euros d'ici 2032, « avec un taux de croissance annuel estimé à environ 7,6 % » selon l’EBA qui estime que la diversité des technologies et donc des intrants qu’elles peuvent valoriser ouvre un large spectre de possibilités. « La gazéification présente un double avantage, indique Anastasiya Agapova, responsable technique à l'EBA. Elle fournit une source d'énergie fiable et durable tout en offrant une solution d'économie circulaire en recyclant les déchets, en réduisant l'utilisation des décharges et en atténuant la pollution de l'environnement » souligne l’experte. Des progrès significatifs « La gazéification est une technologie de conversion importante pour augmenter l'offre de carbone renouvelable » précise d’emblée le rapport de l’EBA. Le domaine de la gazéification thermique a connu des progrès significatifs au cours des dernières années, porté par la demande croissante de solutions en matière d’énergies renouvelables et la nécessité de lutter contre le changement climatique. Différentes technologies sont aujourd’hui établies, la plupart en cours de développement à différent niveau de maturité, de la recherche expérimentale à l’industrialisation. La pyrogazéification ou la gazéification hydrothermale sont les plus avancées mais d’autres technologies émergent aussi comme la plasmalyse notamment pour les déchets dangereux. Le potentiel de la gazéification en Europe est important, les estimations indiquant « une capacité de production de 37 milliards de mètres cubes (mmc) d'ici 2040 », soit 33 % du potentiel total de production de biométhane (111 mmc) à cet horizon selon l’EBA. La gazéification est « donc un élément essentiel de la diversification et de l'expansion de la production de biométhane dans la région » estime l’EBA. Selon les estimations actuelles, l'Europe pourrait éviter 536 millions de tonnes d'émissions de CO₂ par an, fournir de l'énergie renouvelable à 100 millions de ménages européens tout au long de l'année ou alimenter 2 millions de camions GNL par an. Un point majeur subsiste néanmoins, comme dans l’ensemble des filières émergentes : la question du prix et la réduction des coûts sera essentielle pour développer un marché compétitif. « La viabilité économique des projets de gazéification dépend des prix du marché pour ces produits [gaz de synthèse, d'électricité et de sous-produits tels que le biochar et les cendres, NDLR] et de la capacité à obtenir des contrats à long terme » souligne Anastasiya Agapova de l'EBA. 195 installations à différents stades de maturité Selon le livre blanc de l'EBA, l'Europe compte actuellement 141 installations de gazéification (biomasse et déchets) et 54 projets en cours de développement dans 14 pays. L'Allemagne est en tête avec 61 installations, tandis que la France, la Finlande et l'Italie sont également en train d'émerger en tant qu'acteurs importants dans le domaine de la gazéification. Aujourd’hui, 85 % des installations existantes produisent de l’électricité, de la chaleur de la vapeur. Une minorité d'installations valorisent le gaz de synthèse en d'autres produits, avec quelques installations pour l'hydrogène, le méthanol, des carburants durables pour l'aviation et autres produits. À noter que sept usines en Europe produisent du e-méthane via la gazéification avec une grande valeur ajoutée le CO2 biogénique. « Plus de 75 % des matières premières utilisées pour la gazéification proviennent de résidus forestiers et agricoles » précise l’EBA. Les flux de déchets représentent environ 7 %, tandis que les installations restantes utilisent des sources de matières premières mixtes. [caption id="attachment_22453" align="alignnone" width="2944"] Graphique réalisé avec les données fournies par l'Association européenne du biogaz. Décembre 2024. ©Gaz d'aujourd'hui[/caption] En France, la pyrogazéification et la gazéification hydrothermale font leur chemin Technologie innovante permettant la production de gaz renouvelable et bas carbone à partir de déchets organiques humides, la gazéification hydrothermale émerge dans le paysage énergétique français, puisque l’appel à manifestation d’intérêt (AMI) publié décembre a permis d’identifier un portefeuille de 24 projets en France où le potentiel est estimé à 2 TWh en 2030. Du côté de la pyrogazéification, une quarantaine d’installations pourraient voir le jour en France, cinq - dont le projet d’Engie Salamandre - sont déjà au stade de la démonstration, mais la plupart recherchent toujours les soutiens financiers qui leur permettront d’assurer une pérennité économique à la technologie alors que son potentiel n’est actuellement pas reconnu, selon la filière gazière, dans les textes programmatiques de la PPE et de la SNBC.

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