EnR&R : l’Ademe souligne leurs bénéfices climatiques et économiques

Publié le 06/06/2022

5 min

Publié le 06/06/2022

Temps de lecture : 5 min 5 min

Dans un rapport publié le 1er juin à  l’occasion assises européennes de la transition énergétique, l’agence de la transition écologique indique que le développement des énergies renouvelables et de récupération (EnR&R) en France s’est traduit « par d’importants avantages climatiques et économiques » qui devraient « continuer à se matérialiser ces prochaines années ». L’Ademe rappelle « l’indispensable nécessité » d’accélérer sur les EnR&R si la France veut atteindre une part de 33 % de renouvelables dans sa consommation finale d’énergie d’ici 2030.

Par Laura Icart, avec AFP

 

Bois énergie, solaire, éolien, biocarburants, pompes à chaleur, biogaz, géothermie, hydraulique… La production des énergies renouvelables affiche une croissance continue en France et en Europe depuis le début des années 2000. En France métropolitaine, « la production des EnR a augmenté de 70 % entre 2005 et 2020 » note l’Ademe. Pourtant notre pays est déjà en retard sur objectifs initiaux, puisque la France avait fixé à 23 % la part des EnR dans sa consommation finalement d’énergie en 2020 et qu’elle n’a atteint que 19,1 %. Plus concrètement, pour atteindre 33 % en 2030, les EnR devront représenter à cette échéance au moins 40 % de la production d’électricité (contre 27 % en 2020), 38 % de la consommation finale de chaleur (23 % en 2020), 15 % de la consommation finale de carburant et 10 % de la consommation de gaz (1% en 2020).

Accélérer et massifier

Pour l’Ademe l’objectif est clair : il faut massifier la production de toutes les catégories d’EnR électriques, de chaleur, de gaz renouvelable et de carburants alternatifs. Si le déploiement des renouvelables est indispensable, il doit être combiné à des actions de sobriété et d’efficacité énergétique pour nous permettre de réduire notre consommation énergétique et de diminuer notre recours aux énergies fossiles.  Outre les bénéfices climatiques d’une telle réduction, le développement des EnR c’est aussi « plus d’attractivité et plus d’emplois » dans nos territoires, souligne le rapport. À titre d’exemple, la filière des gaz renouvelables estime qu’entre 20 000 et 50 000 emplois pourraient être créées d’ici 2030. Le poids des EnR dans l’économie française s’est  « accru «  selon l’Ademe : « Elles sont à l’origine, en 2019, de 10,3 milliards d’euros d’investissement et de 107 000 emplois en équivalent temps plein directs, soit une hausse de 21 % par rapport à 2017 »  Avec France Relance, ce sont près d’1 milliard d’euros qui seront investis d’ici la fin de la décennie pour développer des filières industrielles d’excellence et des produits innovants.

Une consommation réduite de 1 468 TWhep en 20 ans

« Le développement des énergies renouvelables et de récupération en France entre 2000 et 2019 a permis d’éviter la consommation de 1 468 térawattheures d’énergie primaire de combustibles fossiles, en France et en Europe, soit l’équivalent de plus de 910 millions de barils de pétrole en cumulé« , indique le rapport commandé par l’Agence de la transition écologique. Ce développement a ainsi permis d’éviter l’équivalent de 426 millions de tonnes d’équivalent CO2. Autre avantage, financier cette fois : une économie de « 22 milliards d’euros sur la facture énergétique française, liés aux importations de combustibles fossiles« .

Des bénéfices climatiques favorisant aussi une résilience économique

Dans un contexte où le déploiement des EnR est critiqué, en ligne de mire l’éolien notamment, l’étude conclut pour sa part à « l’intérêt majeur » du développement des renouvelables pour réduire les importations d’énergies fossiles. Une thématique aujourd’hui d’actualité avec l’urgence climatique mais aussi le souhait de l’Europe de se sevrer du pétrole et du gaz russes depuis l’invasion de l’Ukraine. Ce résultat a été obtenu à la fois par le développement de l’éolien et du solaire, qui a permis une diminution de la combustion fossile pour la production d’électricité en France et en Europe (via les exportations), par le développement de la chaleur renouvelable et par celui des agrocarburants. L’étude reconnaît au passage que si le bilan reste « largement positif » concernant les émissions, le développement de certaines énergies renouvelables peut être lui-même source d’émissions de carbone : par exemple les agrocarburants conventionnels, dits de première génération, proviennent de plantes cultivées, or l’agriculture n’a pas un bilan carbone neutre.

Pour l’avenir, sur la période de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) 2021-2028, 151 millions de tonnes de CO2 seraient évitées en France et dans le reste de l’Europe si l’Hexagone tenait les objectifs de sa feuille de route énergétique. Dans le même temps, environ 18,8 millions de tonnes de CO2 seraient émises par le développement des renouvelables, « soit moins de 0,7 % des émissions totales du pays« . Enfin, 6,4 milliards d’euros supplémentaires devraient être économisés sur la facture d’importation des énergies fossiles.