Industrie gazière : emploi et formation, le grand chantier

La formation est l’un des cinq axes stratégiques du plan France 2030 présenté par le président de la République en octobre dernier.

Publié le 26/01/2022

5 min

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Si la transition écologique et énergétique va faire émerger de nouveaux marchés, de nouvelles activités et transformer les métiers, elle requiert déjà des compétences spécifiques. La formation constitue même l’un des cinq axes stratégiques du plan France 2030 présenté par le président de la République en octobre dernier, avec une enveloppe de 2,5 milliards d’euros destinée à structurer l’appareil de formation français autour de filières dynamiques et stratégiques comme les gaz renouvelables, le numérique, le nucléaire et plus globalement l’ensemble du secteur industriel.

Par Laura Icart

 

Aujourd’hui, les défis environnementaux et sociaux sont au cœur de nos préoccupations sociétales, avec la volonté de construire un modèle plus résilient. Un modèle qui passe par une mutation, voire une transformation de nos métiers vers des emplois dits « plus verts ». Dans le transport, le bâtiment, les énergies renouvelables, les besoins et les compétences sont déjà une réalité. Si de nouveaux métiers apparaissent, dans la plupart des cas, des passerelles sont possibles pour permettre d’acquérir de nouvelles compétences et de répondre aux besoins du marché.

L’industrie gazière mobilisée

En France, l’industrie gazière représenterait 130 000 emplois directs et indirects selon un étude publiée en avril 2020 par l’Association française du gaz. Depuis plusieurs années, le développement des gaz renouvelables et la diversification de leurs usages, notamment dans le secteur des transports, sont des vecteurs de transformation des métiers et des compétences existantes mais aussi de nouveaux emplois à la croisée parfois de plusieurs mondes : celui de l’énergie bien sûr mais aussi de l’agriculture et plus globalement de l’économie circulaire.  

En France, la filière des gaz renouvelables employait près de 9 000 personnes en 2021 et pourrait, selon une étude d’impact de la filière biogaz sur l’emploi en France de 2018 à 2030 réalisée par Transitions In Numeri, être infiniment plus importante et créer jusqu’à 50 000 emplois d’ici 2030, sous réserve cependant que les objectifs de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) en termes biométhane injecté soient revus à la hausse. L’AFG table à cette même échéance sur 20 000 emplois, dont « les deux tiers de création nette ». « 100 sites de méthanisation par an construits, c’est environ 1 300 emplois supplémentaires générés chaque année, dont 300 emplois non-délocalisables et pérennes pour l’exploitation et 1 000 pour la construction des sites » indique GRDF sur son site internet. Autre secteur extrêmement porteur : celui de l’efficacité énergétique, aussi bien dans la mobilité que dans le logement qui amène bon nombre d’entreprises à se positionner sur ces segments stratégiques.

La démarche « Edec » pour capitaliser compétences et connaissances

Pour pouvoir identifier et répondre aux évolutions induites par la transition écologique qui impacte aussi bien les activités gazières que les métiers et les compétences, les acteurs de la filière des gaz, de la chaleur et des solutions énergétiques ont signé en octobre avec le ministère du Travail un accord-cadre d’engagement de développement de l’emploi et des compétences (Edec). Cette démarche, d’une durée deux ans, vise à recenser partout sur le territoire national les besoins et les compétences nécessaires à la transformation de notre outil industriel. Comme l’indiquait France Hydrogène dans un référentiel publié en avril, 17 métiers sont déjà en tension, comme tuyauteur-canalisateur, ingénieur mécatronique ou encore soudeurs. Le Syndicat national de la maintenance et des services en efficacité énergétique (Synasav) estime que les entreprises du secteur auront besoin de recruter « plus de 1 000 techniciens par an sur les 10 prochaines années » pour faire face à la demande et note que « la main d’œuvre commence déjà à manquer », notamment parce que les jeunes désertent ces filières professionnelles.

Favoriser une dynamique inter-métiers et inter-filières

Pilotée par l’AFG, l’Edec gaz permettra de dresser un panorama précis illustrant les besoins en compétences actuels et futurs, tant quantitatifs que qualitatifs sur les territoires, de  construire une vision stratégique inter-métiers et inter-filières, mais aussi de valoriser et diffuser auprès des jeunes notamment l’attractivité des métiers de la filière avec des initiatives qui seront déclinées au niveau national et local.

Une dynamique qui se veut mondiale puisque « la transition énergétique permettra de créer plus d’emplois que d’en perdre » estimait en octobre dernier l’Organisation internationale du travail (OIT) : à l’horizon 2030, les 24 à 25 millions de nouveaux emplois dépasseront de loin les pertes estimées entre 6 et 7 millions. « Quelque 5 millions des travailleurs qui perdront leur emploi pourront trouver un nouvel emploi dans la même profession, dans un autre secteur » souligne l’OIT.

Crédit : Shutterstock.