Emmanuel Macron dessine les “chantiers du siècle” pour une Europe souveraine en science

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Publié le 05/05/2025

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Le président de la République a prononcé lundi 5 mai un discours offensif en faveur de la liberté académique, dans un contexte mondial marqué par le recul de la recherche dans certaines grandes démocraties. L’État va investir 100 millions d’euros « supplémentaires » pour attirer en France les chercheurs étrangers a annoncé Emmanuel Macron qui a également évoqué 10 « chantiers du siècle », pour répondre aux défis d’un continent vieillissant, dépendant énergétiquement et confronté à des transitions critiques.

Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui

 

« Personne n’aurait pu imaginer cela il y a quelques années. » C’est par ces mots qu’Emmanuel Macron a ouvert un discours aux accents graves, lundi, dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne. L’événement, centré sur la place de la science dans les démocraties, a permis au président français de réaffirmer avec force un principe qu’il juge aujourd’hui menacé : la liberté de chercher. S’adressant à un public de scientifiques, d’universitaires et de représentants européens, le chef de l’État a dénoncé les restrictions croissantes imposées à la recherche dans certaines grandes puissances, sans jamais nommer explicitement les États-Unis. « Supprimer des programmes de recherche pour un mot, interdire des visas à des chercheurs : c’est une erreur historique. »

L’Europe comme rempart démocratique

La science, a-t-il martelé, est au fondement de la démocratie. Elle permet aux sociétés de distinguer le vrai du faux, condition sine qua non d’un débat public sain. Dans une époque marquée par le complotisme, le relativisme et les atteintes à l’indépendance académique, la France et l’Europe doivent se poser en refuges pour les chercheurs menacés. « Stand up for science » : à ce slogan porté par de nombreux chercheurs pour défendre la recherche, le président a voulu donner un prolongement institutionnel avec l’initiative « Choose Europe for Science », destinée à accueillir les scientifiques du monde entier sur le sol européen. La promesse est claire : leur garantir les conditions de liberté, d’émulation et de moyens pour chercher, enseigner et innover.

« Il n’y a pas de vassalité heureuse »

Ce discours marque également un tournant stratégique. Emmanuel Macron l’assume : il s’agit de reconquérir une autonomie scientifique et technologique face aux dépendances extérieures. « Il n’y a pas de vassalité heureuse », a-t-il insisté, appelant l’Europe à se doter de ses propres plateformes de données, à l’image de ce qui est engagé dans le domaine de l’intelligence artificielle ou du climat. Il faut retrouver une autonomie stratégique. Car sans science libre, pas de souveraineté. Et sans données accessibles, pas de progrès a-t-il insisté. Côté français, le président a détaillé les efforts budgétaires entrepris depuis 2020 — plus de 6 milliards d’euros injectés dans la recherche, des revalorisations salariales et un programme de recrutement visant à attirer les meilleurs talents internationaux. Une enveloppe supplémentaire de 100 millions d’euros a été annoncée pour renforcer cette dynamique, notamment via France 2030. Enfin, Emmanuel Macron a plaidé pour une simplification des dispositifs européens, une meilleure coordination entre laboratoires et un financement pérenne de la recherche d’excellence, à l’échelle continentale. Il propose de généraliser au niveau européen les « labex », ces laboratoires d’excellence financés sur plusieurs années.

Parmi les secteurs ciblés : la santé, l’intelligence artificielle, l’observation de la Terre, le génome ou encore la préservation de l’esprit critique et de la liberté académique. Autant de domaines dans lesquels le président appelle à « investir massivement », en Européens, avec l’objectif de lancer de véritables « grands programmes européens ». Le président plaide également pour une coopération élargie, au-delà même de l’Union : vers l’Allemagne d’abord – avec laquelle des annonces sont attendues dans les jours à venir – mais aussi avec le Royaume-Uni, l’Inde ou d’autres « grands pays scientifiques ». « Engageons plus largement autour de l’Europe la capacité à penser ces thématiques », exhorte-t-il.

« Aller plus vite »

Derrière l’appel politique, une stratégie de précise : Emmanuel Macron entend réarmer l’Europe par l’infrastructure et l’innovation. Il cite les fleurons existants – CERN, synchrotron, réacteurs expérimentaux – mais insiste sur la nécessité de bâtir ceux de demain : supercalculateurs ouverts à la recherche publique, entrepôts de données pour la biosanté ou l’observation des océans. Au cœur de son discours, un impératif : « aller vite ». Simplifier les procédures, harmoniser les contrats entre chercheurs et industriels, accélérer les essais cliniques. « Ce n’est pas une question d’argent, c’est une question de méthode », affirme le président en comparant les délais européens à ceux, bien plus courts, des États-Unis. Côté financement, il met en avant les réussites françaises comme le plan « Deep Tech » ou le programme « Scale-Up Europe » et appelle à les transposer à l’échelle continentale. Il insiste sur la mobilisation de l’épargne privée et la nécessité d’un véritable marché unique du capital pour l’innovation.

  « Choisir la science, c’est refuser la vassalité » a souligné Emmanuel Macron invite qui invite  Européens à tirer les leçons du passé et à investir, ensemble, dans une science indépendante, ouverte et résolument tournée vers l’avenir.