E-carburants : Elyse Energy lève un financement de 120 millions d’euros

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Publié le 05/12/2024

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Elyse Energy a annoncé le 5 décembre avoir levé 120 millions d'euros auprès de plusieurs partenaires, notamment Hy24 et Mirova. La jeune PME française spécialisée dans la production de molécules bas carbone souhaite accélérer le développement de ses projets de production de e-méthanol et de carburants d'aviation durables et faciliter les décisions finales d’investissement pour ses projets les plus avancés « à horizon 2025-2026 ». Par Laura Icart   C’est un tour de table réussi pour la jeune PME Elyse Energy fondée en 2020 qui a obtenu 120 millions d’euros auprès de Hy24, Mirova, Bpifrance et le gestionnaire de fonds de pension néerlandais PGGM. Si les deux premiers sont des partenaires historiques de la jeune pousse française - Hy24 est même entrée au capital de l’entreprise via son à travers son fonds « Clean Hydrogen Infrastructure Fund » -, les deux autres sont de nouveaux investisseurs. « Cette levée de fonds marque une étape importante pour Elyse Energy et, plus largement, pour le développement de la filière européenne des e-fuels. Elle illustre la demande croissante de molécules et de carburants durables émanant de nos clients dans les secteurs de l’industrie, du maritime et de l’aérien » indique Pascal Pénicaud, président et co-fondateur d'Elyse Energy. Et la demande devrait très rapidement augmenter, les institutions européennes ayant fixé des cibles d’incorporation d’hydrogène renouvelable et bas carbone et de ses dérivés dans l’industrie et les transports. Si elle ne développe pas sa propre filière de production d’e-fuels, elle « devra recourir massivement à l’import d'e-molécules ». Le secteur aérien est particulièrement concerné avec une cible de 1,2 % d’e-fuels renouvelables et bas carbone en 2030 et de 5 % en 2035. Éviter l'émission de millions de tonnes de CO₂ chaque année « Les 18 mois à venir seront déterminants pour permettre à la filière domestique française d'e-fuels de répondre aux objectifs fixés par la réglementation européenne à horizon 2030 et aux engagements volontaires des transporteurs » soulignait en septembre le Bureau français d'e-fuels qui avait identifié 26 projets de production de carburants de synthèse en France métropolitaine, majoritairement destinés à ce stade pour le secteur de l’aviation. Les carburants de synthèse sont fabriqués en combinant de l’hydrogène, produit à partir de sources décarbonées, comme les énergies renouvelables ou le nucléaire, et du CO2 capté dans l’air ou dans les fumées industrielles. Selon la seconde édition de « L’observatoire français des e-fuels » publié le 30 septembre, la France compte pour l’heure 26 projets de production de carburants de synthèse dont la réalisation « permettrait d’éviter l’émission de 2,4 à 3,4 millions de tonnes de CO₂ par an en fonction du mix énergétique utilisé pour alimenter les différentes étapes de la chaîne de valeur des e-fuels » précise l’étude, soit les émissions annuelles de 565 000 à 735 000 véhicules individuels. Les carburants d’aviation durables (CAD), sous forme de kérosène de synthèse, sont majoritaires tant en nombre de projets qu’en capacités de production avec 13 projets pour 66,7 %. L’e-méthanol, utilisé principalement pour le transport maritime, représente quant à lui 33,1 % du total, répartis sur quatre projets. Trois projets dans les starting-blocks Parmi ses projets les plus avancés, Elyse Energy en identifie trois majeurs : BioTJet (biokérosène de synthèse à destination du secteur aéronautique dans les Pyrénées-Atlantiques), eM-Rhône (production de e-méthanol en Isère) et eM-Numancia (e-méthanol en Espagne). À eux trois, ils pourraient permettre selon l’entreprise « d'éviter l'émission de près de 700 000 tonnes de CO2 par an » et créer de nombreux emplois, principalement dans des bassins industriels qui cherchent à se décarboner. Le projet BioTJet, porté par Elyse Energy avec plusieurs partenaires dont Avril, Axens, Bionext et IFP Investissements, devrait être mis en service à horizon 2028 à Pardies (Pyrénées-Atlantiques). Représentant un investissement de près de 1 milliard d’euros, il s’agit « du plus gros investissement sur le territoire du bassin du Lacq depuis la découverte d’un gisement de gaz en 1951 » indiquait en juin  2023 Elyse Energy. Il représente près de 800 emplois directs et indirects sur un territoire déjà classé territoire d’industrie, qui est aujourd’hui un véritable pôle d’excellence sur la décarbonation et la transition énergétique. Le site aura une capacité totale de 110 000 tonnes par an de produits, dont 75 000 tonnes de biokérosène. Cette usine fait partie d’un projet plus global porté par Elyse Energy qui prévoit de mettre en service à Lacq un site de production de 200 kt d’e-méthanol destiné à l’industrie et au transport maritime et la construction à Mourens d’un site de production d’hydrogène et d’oxygène bas carbone, alimentant les usines de Lacq et Pardies. Soutenu à la fois par l’État et par l’Ademe, le BioTJet « répondra à 20 % des objectifs nationaux d’ici 2030 en termes d’utilisation d'e-biokérosène dans le secteur de l’aviation » précise Elyse Energy. Deux autres projets sont également bien avancés, le projet eM-Rhône (estimé à 750 millions d'euros) qui vise à produire 150 000 tonnes par an d'e-méthanol en vallée du Rhône pour fournir aux industriels de la chimie et aux opérateurs maritimes une solution de décarbonation, avec à la clé, la création de 80 emplois directs et 240 indirects. Et le projet eM-Numancia qui vise une production pouvant aller jusqu’à 50 000 tonnes par an d'e-méthanol en Espagne.  « Nous devons garder le cap des ambitions françaises et européennes en matière de décarbonation des secteurs maritime et aérien, qui ne peuvent réussir leur transition sans hydrogène bas carbone. La place de ces molécules dans nos futurs mix énergétiques et pour nos industries est centrale » rappelle Pierre-Etienne Franc, co-fondateur et directeur général d'Hy24, qui reste optimiste malgré un climat particulièrement morose pour le secteur de l’hydrogène, entre défaut de compétitivité et retard des projets.

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