Droits de douane : l’industrie française veut faire front face à un « choc historique »

Publié le 08/04/2025

5 min

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Les industriels français se sont réunis mardi à Bercy autour du ministre Marc Ferracci pour faire part de leurs inquiétudes face à un « choc historique » et tenter d’élaborer une position française commune dans la riposte européenne face à la crise commerciale mondiale déclenchée par la hausse des droits de douane américains.

Par la rédaction, avec AFP

 

Le Conseil national de l’industrie réunissait mardi des représentants de tous les secteurs industriels, notamment de l’énergie, des matériaux (bois, chimie, matériaux, eau, mines, métallurgie, valorisation des déchets), des transports (industrie aéronautique et spatiale, automobile, ferroviaire, industries de la mer), des biens de consommation et de la santé (agroalimentaire, mode et luxe, industries de santé). Face à ce que certains acteurs ont qualifié de « choc historique« , la rencontre devait permettre d’identifier les « impacts directs et indirects«  de ces nouvelles taxes douanières, notamment sur les « sous-traitants et l’emploi« , indique Bercy.

Éviter l’escalade

L’un des principaux enseignements est qu’il n’y a « pas d’objection à une approche ferme et une réponse rapide de l’Union européenne« , a poursuivi la même source, rapportant toutefois des « sensibilités » et des « inquiétudes » différentes selon les filières, notamment sur les conséquences d’une escalade. L’Union européenne a proposé de répliquer aux taxes américaines sur les importations d’acier par des droits de douane de 25 % sur des marchandises américaines, mais épargnera le bourbon, pour éviter des représailles aux vins et spiritueux européens, selon une liste consultée par l’AFP. L’UE pourrait présenter sa réponse aux droits de douane de 20 % « en début de  semaine prochaine« , selon un porte-parole de la Commission, vraisemblablement le 15 avril sur l’acier et l’aluminium. « L’ampleur du choc induit par le rehaussement des droits de douane américains reste difficile à quantifier tant ses implications sont multiples et incertaine », indique Bercy, alors que le ministre de l’Économie tiendra demain une nouvelle réunion avec les acteurs économiques français pour co-construire la réponse française qui se fera « dans l’unité européenne, en préservant les intérêts des entreprises » note Bercy, alors que l’Union européenne reste favorable à une solution négociée avec les États-Unis, visant une désescalade.

Anticiper les éventuels reports de marché

Alors que les États-Unis ont acté mardi une taxation des produits chinois de 104 % au total, plusieurs filières ont manifesté leurs inquiétudes concernant d’éventuels reports de marché asiatiques vers l’Europe, une crainte notamment soulevée par le secteur automobile. Sur ce point, pour la filière acier, « ce qu’on peut faire est encore significatif » a estimé Bercy qui soutient l’idée d’un renforcement de la  clause de sauvegarde. Cette clause de sauvegarde est une mesure de protection utilisée par l’Union européenne pour limiter les importations. L’UE y a recours depuis 2018  pour protéger ses producteurs d’acier. « On va demander une nouvelle évolution de ces mesures de sauvegarde au 1er juillet de manière à se montrer encore plus restrictifs« , ajoute Bercy, des mesures qui pourraient aussi s’appliquer à d’autres secteurs. En France, le président Emmanuel Macron avait appelé la semaine dernière les industriels français à suspendre leurs investissements aux États-Unis, dans le cadre d’une riposte européenne qu’il souhaite « proportionnée » afin de laisser sa chance à la négociation avec les Américains. De son côté, le Canada appliquera à partir de demain des droits de douane de 25 % sur les importations de certains véhicules américains, en réponse à une mesure similaire prise par les États-Unis.

Nous faisons de la « haute couture »

Donald Trump a assuré  le 8 avril qu’il était prêt à  conclure des « accords sur mesure » avec des partenaires commerciaux des États-Unis. « Tout se passe très bien pour nous, on fait ce que j’appelle des accords sur-mesure, pas du prêt-à-porter, mais de la haute couture. À cet instant même, le Japon est en route pour conclure un accord, la Corée du Sud aussi. Et d’autres encore », a déclaré  le président américain.

Mardi, la Bourse de New York a terminé en net recul, manquant le rebond tenté en début de journée, les investisseurs se montrant à cran face aux droits de douane, tandis que les valeurs automobiles ont plongé à la suite de cette offensive protectionniste américaine sans équivalent depuis les années 30.