Donald Trump annonce 90 milliards d’investissements dans l’IA et l’énergie

Infrastructures
16/07/2025
7 min
L’essor de l’IA va provoquer une « hausse spectaculaire de la demande mondiale d’électricité », principalement liée à la multiplication des centres de données, de l’ordre de 945 TWh en 2030, soit plus que la consommation actuelle du Japon estime l’Agence internationale de l’énergie ( AIE). ©Maxim Elramsisy / Shutterstock

Lors d’un sommet à l’université Carnegie Mellon (Pittsburgh), Donald Trump a annoncé le 15 juillet plus de 90 milliards de dollars d’investissements privés pour développer l’intelligence artificielle, notamment en renforçant l’infrastructure énergétique de la Pennsylvanie, pour faire face à la pression croissante sur les infrastructures électriques. Les autorités américaines s’attendent à ce que d’ici à 2028, les besoins en électricité des entreprises de la tech pour l’IA soient équivalents à ceux de 5 millions de foyers.

Par la rédaction, avec AFP

« Nous sommes ici aujourd’hui parce que nous pensons que c’est le destin de l’Amérique de dominer toutes les industries et d’être la première dans toutes les technologies, y compris la première super puissance au monde dans l’IA », a déclaré le président américain. En Pennsylvanie, un État industriel de l’est des États-Unis, s’est tenu le premier sommet sur l’énergie et l’innovation de Pennsylvanie. L’occasion pour le président américain Donald Trump de réorienter la stratégie américaine : l’essor de l’IA est désormais conditionné à une maîtrise énergétique tous azimuts – nucléaire, fossile, hydro et centres de données intimement liés. Ce 15 juillet, Donald Trump a annoncé un ensemble d’investissements privés majeurs pour soutenir le développement de l’intelligence artificielle aux États-Unis, avec un accent particulier sur la Pennsylvanie et l’infrastructure énergétique nécessaire à l’essor des centres de données.

Un afflux de capitaux privés pour alimenter l’intelligence artificielle


Le secteur des technologies s’est jeté à corps perdu dans le développement de l’IA générative mais craint que les besoins massifs en électricité ne puissent être satisfaits par l’infrastructure existante, en particulier aux États-Unis. L’IA générative demande d’énormes capacités de calcul, principalement pour faire fonctionner les processeurs voraces en énergie de Nvidia, cette entreprise californienne de puces électroniques devenue la plus grosse capitalisation boursière au monde en surfant très tôt sur la vague de l’IA. Les autorités américaines s’attendent à ce que d’ici à 2028 les besoins en électricité des entreprises de la tech pour l’IA soient équivalents à ceux de 5 millions de foyers.

Data centers

Les centres de données sont parmi les infrastructures les plus énergivores au monde. D’après l’Agence internationale de l’énergie (AIE), les datas centers consommeraient entre 1 et 1,3 % de l’électricité mondiale. ©Audio und werbung / Shutterstock.

Ce sont donc plus de 90 milliards de dollars qui ont été annoncés en présence de grands patrons d’entreprises financières comme BlackRock, technologiques comme Palantir et Anthropic, mais aussi d’hydrocarbures comme Exxon et Chevron. Les investissements viseront à la construction de centres de données (data centers), à la production et au réseau de distribution d’électricité, ou encore à des programmes d’apprentissage. Le géant de la tech Google a déclaré qu’il investirait 25 milliards de dollars pour construire des data centers dédiés à l’IA en Pennsylvanie et dans les régions avoisinantes. « Nous soutenons la directive claire et urgente du président Trump pour que notre pays investisse dans l’IA (…) pour que l’Amérique continue d’être leader dans l’IA« , a affirmé Ruth Porat, présidente et directrice des investissements de Google, présente à l’événement. L’entreprise a également annoncé un partenariat avec le géant financier Brookfield Asset Management pour moderniser deux sites de production hydroélectrique en Pennsylvanie, pouvant produire 670 mégawatts. Pour le sénateur républicain David McCormick, ces investissements sont d’une « importance énorme » pour son État de Pennsylvanie, mais ils sont aussi « cruciaux pour le futur du pays ».

Course avec Pékin

Ses déclarations reflètent la tendance partagée par les deux bords politiques à Washington que les États-Unis doivent en faire davantage pour ne pas perdre du terrain face à la Chine dans cette course à l’intelligence artificielle. « Si les États-Unis ne mènent pas cette révolution sous nos propres conditions, nous céderons le contrôle de notre infrastructure, de nos données, de notre leadership et de notre mode de vide à la Chine communiste », a déclaré le sénateur McCormick dans une tribune à Fox News. Donald Trump a lancé le projet « Stargate » en janvier, qui vise jusqu’à 500 milliards de dollars d’investissements dans les infrastructures d’IA. La firme japonaise d’investissements dans la tech SoftBank, ainsi que les entreprises américaines de la Silicon Valley OpenAI (ChatGPT) et Oracle, ont décidé d’investir 100 milliards de dollars dans la phase initiale du projet. Depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump a fait machine arrière sur de nombreuses réglementations adoptées sous Joe Biden pour cadrer le développement des puissants algorithmes d’IA et limiter les exportations de certaines technologies avancées à des pays alliés. Le président américain devrait dévoiler son propre programme-cadre pour le développement de l’intelligence artificielle au cours du mois de juillet.

Des besoins énergétiques qui pourraient exploser d’ici 2030


Les systèmes et services d’IA sont très gourmands en énergie, en eau et en matériaux essentiels. D’ailleurs, l’ampleur exacte de cette demande n’est souvent pas claire à établir. En effet, les estimations de la demande énergétique future de l’IA varient et se concentrent généralement sur la demande énergétique des datas centers. Preuve en est, dans ses deux publications « Electricity 2024 » et « World Energy Outlook 2024 », l’Agence internationale de l’énergie (AIE) émet des estimations qui divergent. La première suggérant que la consommation des data centers pourraient augmenter de 540 TWh d’ici 2026 alors que la seconde évoque une augmentation de 223 TWh d’ici 2030. Quels que soient les volumes, l’AIE s’accorde sur un point : la demande des data centers « aura un impact négatif sur les marchés de l’électricité à l’échelon local ». Concrètement, cela peut signifier par exemple que pour répondre à l’augmentation de la demande énergétique des data centers dans certains endroits du monde, il faudra recourir à davantage de gaz, comme c’est le cas notamment aux États-Unis où cela pourrait « entraîner une demande supplémentaire de gaz comprise entre 3 et 6 milliards de pieds cubes par jour d’ici 2030 », soit la consommation (6 milliards) de tout le Royaume-Uni sur l’ensemble de l’année 2023.

Vous aimerez aussi