Développer le rétrofit hydrogène des véhicules lourds en série

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Publié le 11/09/2023

4 min

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La semaine dernière, l’entreprise albigeoise Safra et Hyliko ont signé un accord pour développer le rétrofit hydrogène des véhicules lourds en série. Solution vertueuse et moins coûteuse que le neuf, le rétrofit se développe progressivement en France alors que la décarbonation du secteur des transports sera majeure si la France veut tenir son rythme de baisse des émissions.

 

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Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui

 

Sur le marché du bus hydrogène, la société française Safra, fondée en 1955 et basée à Albi, dans le Tarn, fait figure de pionnière. La société a fait le pari de l’hydrogène au début des années 2000 avec la construction de bus hydrogène. Elle a d’ailleurs remporté un appel d’offres début juillet avec la fourniture de 10 bus à la communauté urbaine de Dunkerque et se lance aujourd’hui dans le rétrofit des poids lourds après avoir dévoilé il y a quelques mois un « kit rétrofit » d’autocar hydrogène, toujours en attente d’homologation.

Le rétrofit, késako ?

Dans cette course à la décarbonation du monde des transports, l’intérêt du rétrofit peut s’avérer particulièrement porteur, puisqu’il permet d’accélérer la décarbonation de la mobilité, en transformant le parc actuel et en palliant à une contrainte : une offre de véhicules neufs pas encore suffisamment développée. C’est particulièrement vrai pour les poids lourds hydrogène qui, contrairement aux poids lourds roulant au biogaz, sont quasi inexistants sur le marché. Outre la disponibilité, c’est aussi le coût qui s’avère particulièrement intéressant, tout comme la possibilité d’intégrer une vraie démarche d’économie circulaire en prolongeant la durée de vie des véhicules. En France, la conversion des véhicules essence et diesel vers l’électrique et l’hydrogène est autorisée depuis le 3 avril 2020.

Industrialiser le rétrofit des poids lourds

« Par ce partenariat, les deux entreprises deviennent la première force industrielle à rétrofiter en série des poids lourds en véhicules hydrogène en France » indique le communiqué de presse. En s’associant avec Hyliko, première plateforme intégrée de mobilité hydrogène dédiée aux flottes de poids lourds, Safra veut accélérer sur un autre segment de marché : celui du transport routier de marchandises. L’expertise technique en matière de rétrofit sera apportée par l’entreprise albigeoise, quand Hyliko apportera sa connaissance du secteur du transport lourd via l’offre tout-en-un qu’elle a développé incluant « la fourniture et maintenance de véhicules hydrogène, l’avitaillement en hydrogène vert dans un réseau de stations poids lourds Hyliko et partenaires et la traçabilité de l’empreinte carbone ». Hyliko, qui a présenté en février son premier poids lourd tracteur 44 tonnes hydrogène à pile à combustible ainsi que son projet de pôle d’excellence dédié à la mobilité hydrogène, situé sur le territoire de Grand Paris Sud, compte également sur le rétrofit pour accélérer son développement.

Une dizaine d’unités par an dès l’année prochaine

Hyliko et Safra visent ainsi à « se doter d’une capacité de production industrielle de quelques dizaines d’unités par an à partir de 2024 ». Une capacité qui pourra être portée « à quelques centaines de véhicules par an » une fois la demande de véhicules bien établie. Dans cette collaboration, Hyliko fournira les véhicules et Safra se chargera de les rétrofiter. « Le rétrofit consistera à la dédiésélisation, à la rénovation et à l’installation du groupe motopropulseur hybride hydrogène » précise le communiqué. Un partenariat qui s’inscrit dans le cadre de la « coalition rétrofit H2 », une initiative regroupant des acteurs de la chaîne de valeur du transport routier de marchandises qui vise à industrialiser le rétrofit à hydrogène des véhicules lourds, et ainsi accélérer leur déploiement sur le territoire français.