Sans consensus, les Européens se donnent rendez-vous le 24 novembre

Publié le 25/10/2022

4 min

Publié le 25/10/2022

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Les ministres européens de l’Énergie ont décidé de se revoir le 24 novembre afin de tenter d’adopter un paquet de mesures pour juguler la crise de l’énergie, après avoir affiché mardi leurs divergences persistantes sur un plafonnement des prix du gaz.

Par la rédaction, avec AFP

 

Réunis en sommet jeudi et vendredi, les dirigeants des Vingt-Sept avaient demandé à la Commission européenne de leur soumettre d’urgence « des décisions concrètes » pour des achats communs de gaz, encadrer le marché de gros du gaz, mais aussi, malgré les réticences de Berlin, plafonner les prix du gaz utilisés pour la production d’électricité. Autant de dossiers discutés mardi au Luxembourg par leurs ministres, qui ont mis la pression sur Bruxelles pour mettre rapidement des propositions législatives sur la table en vue de débloquer leurs pourparlers. Seuls les achats communs font vraiment consensus.

L’extension du mécanisme ibérique pose problème selon Bruxelles 

La Commission européenne a proposé mardi un nouveau mécanisme pour réguler les prix l’électricité en guise d’alternative à un plafonnement des prix du gaz destiné à la production électrique. Dans un document soumis aux États, la Commission estime que son extension dans l’UE aurait des effets très inégaux. Avec un plafond à 100-120 euros le mégawhattheure, les opérateurs seraient incités à en acheter davantage, au risque de gonfler la consommation européenne de gaz « de 5 à 9 milliards de m3« . La Commission n’hésite pas à parler de « subvention au gaz ». Le risque est également de voir s’envoler les exportations hors-UE (Royaume-Uni, Suisse, Balkans…) de l’électricité subventionnée par les Européens. Enfin, le coût des subventions varierait grandement : les États comptant beaucoup de centrales au gaz (Allemagne, Pays-Bas, Italie) paieraient une facture très élevée. Seraient gagnants les grands importateurs d’électricité produite à partir du gaz qui bénéficieraient de l’électricité subventionnée par d’autres États. « Le plus grand bénéficiaire net serait la France. » Alternativement, Bruxelles esquisse « une méthode plus structurelle » et applicable « très rapidement » pour agir sur les prix de l’électricité, en augmentant la part des contrats fixant à l’avance le prix reçu par les producteurs d’électricité à partir des renouvelables et du nucléaire, en fonction de leur coût de production réel. Cela réduirait mécaniquement les volumes d’électricité vendus au prix de gros du marché indexés sur le gaz.

« La balle est dans le camp de la Commission » selon Agnès Pannier-Runacher 

L’idée de plafonner le prix du gaz utilisé par les centrales électriques – une solution défendue avec vigueur par la France, mais rejetée par Berlin – s’est imposée dans les discussions, après la diffusion d’un document de la Commission listant les effets indésirables en cas d’extension dans l’UE de ce dispositif actuellement appliqué uniquement en Espagne et au Portugal. « Maintenant, c’est aux États de trouver une solution sur ce problème des exportations ou sur le partage du fardeau financier », a estimé devant la presse la commissaire à l’énergie Kadri Simson. « Cette analyse était nécessaire avant que la Commission puisse établir une proposition législative sur ce mécanisme, mais une autre précondition est d’avoir un soutien suffisant des États pour aller vers une proposition », a-t-elle ajouté. Au contraire, pour la ministre française de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, « la balle est dans le camp de la Commission »: les Vingt-Sept « ont donné de façon consensuelle et unanime un mandat très clair » à l’exécutif européen pour qu’il « propose très rapidement une proposition sur ce sujet« , a-t-elle insisté. « Il nous faut une proposition pour avancer dans nos discussions ! Il est clair que la Commission et plusieurs États membres ne veulent pas de ce modèle ibérique (…) mais pour une évaluation correcte, il faut des détails », a abondé le ministre tchèque de l’Industrie et du commerce, Jozef Sikela. Un plafonnement « n’est pas le bon instrument » a cependant réaffirmé le ministre allemand de l’Économie et du climat, Robert Habeck.

Par ailleurs, la récente chute des prix de gros du gaz ne doit pas dissuader les Européens d’établir un mécanisme pour endiguer la volatilité du marché, a averti Jozef Sikela, notant que ce repli « ne se reflétait pas dans les tarifs pour les consommateurs » et que les cours pourraient s’envoler à nouveau lorsque l’UE remplira ses stocks l’an prochain.

Crédit : Shutterstock.