Climat : un niveau de CO2 jamais vu sur Terre depuis 4 millions d’années

L'observatoire Mauna Loa, à Hawaï, est un site de référence pour la mesure du dioxyde de carbone, ou CO2. La NOAA et le Scripps Institution of Oceanography effectuent des mesures indépendantes depuis cette station située sur les pentes du volcan Mauna Loa.

Publié le 09/06/2022

4 min

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La concentration de CO2 dans l’atmosphère a atteint en mai, selon l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA), un niveau 50 % plus élevé que durant l’ère préindustrielle, et jamais vu sur Terre depuis environ 4 millions d’années.

Par la rédaction, avec AFP

 

Le réchauffement climatique causé par les activités humaines, notamment la combustion des énergies fossiles, la déforestation et les transports, est le responsable clair de ce nouveau plus haut, selon l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA). « Le dioxyde de carbone atteint des niveaux que notre espèce n’a jamais connus auparavant – ce n’est pas nouveau », a déclaré Pieter Tans, scientifique principal au laboratoire de surveillance mondiale de la NOAA. « Nous le savons depuis un demi-siècle et nous n’avons rien fait de significatif à ce sujet. Que faudra-t-il pour que nous nous réveillions ? »

Des concentrations 50 % plus élevées qu’à l’ère préindustrielle

Si le mois de mai est généralement celui qui enregistre un taux de dioxyde de carbone le plus élevé chaque année, le taux mesuré cette année à l’observatoire de base atmosphérique Mauna Loa de la NOAA a atteint un pic de 421 parties par million (unité de mesure utilisée pour quantifier la pollution dans l’air) pour 2022, « poussant l’atmosphère dans un territoire inconnu depuis des millions d’années » ont annoncé aujourd’hui des scientifiques de la NOAA et de la Scripps Institution of Oceanography de l’université de Californie à San Diego. En mai 2021, ce taux était de 419 ppm et en 2020 de 417 ppm. Ces mesures sont effectuées à l’observatoire de Mauna Loa à Hawaï, « idéalement situé en hauteur sur un volcan, lui permettant de ne pas être influencé par une pollution locale » précise l’agence américaine. Avant la révolution industrielle, le niveau de CO2 se maintenait de façon constante autour de 280 ppm, et ce durant les quelque 6 000 années de civilisation humaine l’ayant précédée, selon la NOAA. Le niveau atteint aujourd’hui « est comparable à ce qu’il était il y a entre 4,1 et 4,5 millions d’années, lorsque les niveaux de CO2 étaient proches ou au-dessus des 400 ppm« , a déclaré l’agence dans un communiqué. À l’époque, le niveau de la mer était de 5 à 25 mètres plus élevé qu’aujourd’hui, assez pour que de nombreuses grandes villes actuelles se trouvent sous l’eau. Et de larges forêts occupaient des régions de l’Arctique, selon des études.

« L’homme modifie le climat »

« La science est irréfutable : l’homme modifie notre climat d’une manière à laquelle notre économie et nos infrastructures doivent s’adapter« , a déclaré l’administrateur de la NOAA, Rick Spinrad, Ph.D. Car se sont bien les activités humaines qui sont responsables de cette concentration record de CO2. La pollution par le CO2 est générée par la combustion de combustibles fossiles pour le transport et la production d’électricité, par la fabrication de ciment, la déforestation, l’agriculture et de nombreuses autres pratiques. Avec d’autres gaz à effet de serre, le CO2 a pour effet d’emprisonner la chaleur, causant peu à peu un réchauffement de la planète. Il persiste dans l’atmosphère et les océans durant des milliers d’années. L’atmosphère de la planète se réchauffe donc régulièrement, ce qui déclenche une cascade d’effets météorologiques, « notamment des épisodes de chaleur extrême, de sécheresse et d’incendies de forêt, ainsi que des précipitations plus abondantes, des inondations et des tempêtes tropicales » alerte la NOAA. Les conséquences de la pollution par les gaz à effet de serre sur les océans du monde entier comprennent l’augmentation de la température de surface des mers, l’élévation du niveau des mers et l’absorption accrue de carbone, ce qui rend l’eau de mer plus acide, entraîne la désoxygénation des océans et rend la survie de certains organismes marins plus difficile. « Nous pouvons constater les effets du changement climatique autour de nous tous les jours. L’augmentation incessante du dioxyde de carbone mesurée à Mauna Loa est un rappel brutal que nous devons prendre des mesures urgentes et sérieuses pour devenir une nation plus prête pour le climat » conclut Rick Spinrad.