Climat : les concentrations de GES ont encore augmenté en 2020

Dans son étude « Impact du changement climatique sur l’assurance à l’horizon 2050 » publiée le 28 octobre, la Fédération française de l'assurance estime que la facture prévisionnelle des effets du changement climatique s’élèvera à 23,8 milliards d'euros en France dont plus de 17 milliards pour réparer des dégâts liés à la sécheresse.

Publié le 29/10/2021

5 min

Publié le 29/10/2021

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L’Organisation météorologique mondiale (OMM) a publié le 25 octobre son 17e Bulletin annuel sur les gaz à effet de serre (GES) qui présente le bilan pour 2020 des concentrations atmosphériques des trois principaux GES persistants (à longue durée de vie) : le carbone (CO2), le méthane (CH4) et le protoxyde d’azote ( N2O). « Le taux d’augmentation annuel a dépassé la moyenne de la période 2011-2020 » alerte l’OMM et cela, malgré les effets de la crise pandémique de la Covid-19.

Par Laura Icart

 

Selon l’édition 2021 du Bulletin annuel sur les GES publié par l’Organisation météorologique mondiale, les niveaux de gaz à effet de serre dans l’atmosphère ont atteint un nouveau record en 2020, compromettant « clairement » pour l’institution la réalisation des objectifs de température fixés par l’accord de ParisLa concentration de dioxyde de carbone (CO2) s’est établie à 413,2 parties par million (ppm) en 2020, soit 149 % du niveau pré-industriel. Le méthane (CH4) et le protoxyde d’azote (N2O) se situaient respectivement à 262 % et à 123 % des niveaux de 1750. « Le ralentissement de l’économie imposé par la Covid-19 n’a pas eu d’incidence perceptible sur le niveau et la progression des GES dans l’atmosphère, malgré un recul temporaire des nouvelles émissions » alerte l’OMM.

 

Un « nouveau sommet » pour le CO2 

Responsable des deux tiers environ de l’effet de réchauffement climatique, les concentrations mondiales de CO2 ont atteint un nouveau sommet pour s’établir à 413,2 ppm en 2020. Malgré une hausse moins importante qu’entre 2018 et 2019, cette hausse est tout de même supérieure à la moyenne des 10 années antérieures et cela « malgré le recul d’environ 5,6 % des émissions de CO2 dues aux combustibles fossiles que les restrictions imposées par la Covid-19 ont permis en 2020 » précise l’OMM. « La dernière fois qu’une teneur en CO2 comparable existait sur Terre, c’était il y a 3 à 5 millions d’années : la température était alors de 2 à 3 °C plus élevée qu’aujourd’hui et le niveau de la mer excédait de 10 à 20 mètres le niveau actuel. Mais la Terre n’abritait pas 7,8 milliards de personnes à l’époque », a souligné Petteri Taalas, secrétaire général de l’OMM. L’inquiétude est d’autant plus grande pour l’institution que le rythme d’augmentation poursuit sa courbe en 2021. Par exemple, les concentrations de CO2 à Mauna Loa (Hawaï, États-Unis d’Amérique) ont atteint 416,96 ppm en juillet 2021 contre 414,62 ppm à la même période en 2020.

+ 260 % pour les concentrations de CHdepuis 1750

Selon l’édition 2021 du Bulletin annuel sur les GES , le CH4 est le deuxième contributeur au forçage radiatif total des GES, à hauteur de 13 % en 2020 après le CO2  (80 %) et avant le N2O (7 %). Bien qu’elles restent moins d’une décennie dans notre atmosphère, les concentrations moyennes mondiales de CH4 ont atteint en 2020 1 889 ppm contre 1 877 ppm en 2019, soit 260 % plus élevées qu’avant l’ère pré-industrielle. L’augmentation observée entre 2019 et 2020 était plus élevée qu’entre 2018 et 2019 et supérieure à la moyenne annuelle des 10 années précédentes.

La concentration de N2O également en hausse

En 2020, la concentration de N2O s’établissait à 333,2 ppm à l’échelle du globe, en hausse de 1,2 ppm par rapport à l’année précédente et comme les autres GES une moyenne annuelle également en hausse sur la dernière décennie. Les émissions mondiales de N2O d’origine humaine, soit environ 40 % des émissions totales, principalement imputables « à l’apport d’azote aux terres cultivées, ont augmenté de 30 % ces quatre dernières décennies » relèvent l’OMM. « L’agriculture, par l’emploi d’engrais azotés et de fumier, est responsable de 70 % de toutes les émissions anthropiques de N2O. La hausse de la teneur de l’atmosphère en N2O est principalement due à cette augmentation » précise l’institution.

« Nous sommes très loin du but »

Au rythme où augmentent les concentrations de gaz à effet de serre, l’élévation des températures à la fin du siècle sera bien supérieure aux objectifs de l’accord de Paris, soit 1,5 à 2 degrés Celsius au-dessus des niveaux pré-industriels. « Nous sommes très loin du but » a alerté le secrétaire général de l’OMM. La hausse des émissions de ces GES, compte tenu de leurs durées de vie, signifie que la température mondiale va continuer d’augmenter dans les prochaines décennies et cela malgré les ambitions de zéro émission nette à l’horizon 2050. L’OMM souligne également que cette hausse des températures a déjà des conséquences, provoquant des phénomènes météorologiques extrêmes, notamment des chaleurs et pluies intenses qui vont se poursuivre et probablement s’intensifier dans les années à venir – rappelons que l’Europe a connu des températures records en 2020.

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