Carburants de synthèse : la France est dans la course

Les investissements nécessaires, estimés à 3,6 Md€, pourront dynamiser les économies locales, et permettront de créer près de 3000 emplois et des synergies industrielles dans les territoires soulignait en juillet le cabinet Sia Partners dans son observatoire sur le potentiel des e-fuels en France. ©Shutterstock

Publié le 12/02/2024

4 min

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La France, avec sa production électrique « importante et bon marché », dispose d’un écosystème favorable à l’émergence d’une filière de production de carburants de synthèse pour lesquels les projets se multiplient dans le monde, a plaidé le 7 février le Bureau français des e-fuels.

Par la rédaction, avec AFP

 

Pour structurer une filière des e-carburants en France, un bureau français a été créé le 4 juillet. Composé de plusieurs experts, il vise à promouvoir une « filière française d’e-fuels vertueuse, compétitive et durable » dans un secteur où la France a une véritable carte à jouer selon eux en devenant un véritable « leader des e-fuels à horizon 2030 » avec une vingtaine de projets e-méthane, e-méthanol et e-kérosène en cours de développement ou de déploiement dans une vingtaine de départements français. 

Plus de 500 projets recensés dans le monde…

Les carburants de synthèse sont fabriqués en combinant de l’hydrogène, produit à partir de sources décarbonées, comme les énergies renouvelables ou le nucléaire, et du CO2 capté dans l’air ou dans les fumées industrielles. Il y a dans le monde plus de 500 projets de production d’électro-carburants ou e-fuels fabriqués à partir d’hydrogène, produits à partir de sources décarbonées comme les énergies renouvelables ou le nucléaire, selon cet organisme qui fédère des représentants d’énergéticiens, mais aussi Airbus, Air France-KLM ou CMA-CGM. Quelque 77 d’entre eux, répartis dans le monde entier dont cinq en Europe, disposent d’une capacité de production annuelle de plus de 200 000 tonnes équivalent pétrole (kTEP). Une dizaine a atteint le stade de la décision finale d’investissements. « Là où les projets sont les plus nombreux est là où le prix de l’électricité est le plus bas« , notamment les pays du Sud, pointe Charlotte de Lorgeril, du cabinet Sia Partners et porte-parole du Bureau français des e-fuels. La grande majorité (66), concerne des projets de production d’e-ammoniac, principalement destinée à la production d’engrais azoté et qui pourrait à terme être utilisé comme carburant marin. Cinq autres sont destinés à la production d’e-methanol, une molécule très utilisée dans l’industrie mais aussi pour le transport maritime et cinq pour la production d’e-kérosène, destiné à l’aviation. Ceux-là sont davantage implantés dans les centres de consommation, en Europe et en Amérique du Nord.

…et près de 24 dans l’Hexagone

Selon une étude de l’Observatoire français des e-fuels lancée à l’occasion de la création du Bureau français des e-fuels en juillet, la France compte pour l’heure 24 projets de production de carburants de synthèse dont 7 en cours de développement à l’échelle industrielle. Des projets e-méthane, e-méthanol et e-kérosène en cours de développement ou de déploiement dans 18 départements, représentant un investissement de 3,6 milliards d’euros. Ces 24 projets représentent une capacité de production équivalente à 528 000 tonnes de pétrole (TEP), principalement pour du kérosène et du méthanol de synthèse, selon cette étude réalisée par le cabinet Sia Partners. Leur production nécessitera entre 14 et 18 TWh d’électricité par an, soit l’équivalent de 3 % de l’ensemble de la production électrique française et permettrait d’éviter 
« 1 7 MtCO 2 / soit l’équivalent des émissions annuelles de plus de 170 000 français » indique Sia Partners. Ces énormes quantités d’électricité sont principalement exigées par l’électrolyse de l’eau, dans laquelle on fait passer un courant électrique pour en extraire l’hydrogène. « La France a une électricité relativement bon marché et en grande quantité, on demande à ce qu’une partie soit dédiée aux e-fuels pour lancer la filière », plaide Cédric de Saint-Jouan, président de Vol-V, également porte-parole du Bureau. À partir de 2035, il faudra développer selon lui des capacités de production électrique supplémentaires pour accompagner la montée en puissance de la filière alors que les besoins d’énergie décarbonée des transports maritimes et aériens croîtront. « Il y a les compétences et les savoir-faire, la France n’est pas en retard, elle est juste sur la ligne de départ et tout est réuni pour que ça fonctionne » pourvu que l’État accompagne l’éclosion de la filière, selon lui.

Selon le Bureau des e-fuels, cette « production locale et durable » doit être davantage soutenue car elle participe à la souveraineté énergétique de la France et pourrait « améliorer de 506 millions d’euros » la balance commerciale française.