Budget 2026 : les Français, entre rigueur et ressentiment

Opinions
25/10/2025
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La première partie du projet de budget pour 2026 est débattue depuis vendredi en séance publique. Un budget sous haute tension, dans un contexte politique instable, qui préoccupe les Français. Une majorité d’entre eux estiment que la réduction du déficit public doit d’abord passer par une baisse des dépenses plutôt qu’une hausse des impôts selon un sondage Elabe pour BFMTV publié le 22 octobre, consacré à la perception des Français du budget 2026. Décryptage.

Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui

Face à un déficit toujours préoccupant, le gouvernement prévoit de répartir l’effort à deux tiers sur la baisse des dépenses publiques et à un tiers sur l’augmentation des impôts et taxes. Une orientation jugée encore trop timide par une large majorité : 72 % des Français estiment que l’effort devrait porter davantage sur la réduction des dépenses, contre seulement 10 % qui privilégient la hausse des impôts. Même à gauche, où l’on défend traditionnellement davantage la redistribution, cette position domine : 51 % des électeurs du Nouveau Front populaire (NFP) souhaitent prioriser la baisse des dépenses.

Fraude, grandes fortunes et grands groupes : les mesures les plus soutenues

Dans le détail, plusieurs mesures phares du budget 2026 rencontrent un soutien massif.
Les Français approuvent quasi unanimement la lutte contre la fraude sociale et fiscale (92 %), la prolongation de l’impôt minimal pour les plus fortunés (81 %) et la baisse du budget des ministères hors armées, intérieur et justice (75 %). Les nouvelles taxes sur le vapotage (74 %) et sur les holdings patrimoniales (74 %) sont également bien acceptées, tout comme la contribution exceptionnelle sur les grandes entreprises (74 %). Autrement dit, le pays soutient les efforts ciblés sur les privilégiés et les multinationales, mais rejette les mesures qui pèsent sur les classes moyennes et populaires. À l’inverse, certaines propositions sont très impopulaires. Seuls 29 % des Français approuvent le gel des pensions de retraite en 2026, et 21 % le doublement de la franchise médicale. Les retraités se montrent particulièrement critiques : 82 % jugent le budget inefficace et 81 % inéquitable. Le remplacement de l’abattement de 10 % sur les pensions par un abattement fixe de 2 000 euros ne convainc que 42 % des sondés.

Un budget jugé injuste, inefficace et incohérent

Malgré certaines mesures populaires, 76 % des Français estiment que ce budget ne sera pas efficace pour réduire la dette, 75 % qu’il n’est pas juste et 66 % qu’il manque de cohérence. Un jugement sévère, plus dur encore que celui porté sur le budget Bayrou en juillet dernier. Les sympathisants du Rassemblement national et de La France insoumise sont les plus critiques, mais même à droite les doutes persistent. Même les sympathisants du centre et de la droite, habituellement plus conciliants, s’interrogent sur la “logique d’ensemble” du plan présenté par Sébastien Lecornu. 77 % des Français soutiennent la taxe Zucman, un impôt de 2 % sur le patrimoine supérieur à 100 millions d’euros. Autre proposition populaire : 74 % des Français se disent favorables à un référendum sur la réforme des retraites, que le président Macron évoque désormais comme une possibilité.

Les vraies priorités des Français

Dans la hiérarchie des priorités adressées au gouvernement, le pouvoir d’achat arrive largement en tête (51 %, en forte hausse), suivi par la santé (35 %) et la dette publique (32 %). Les retraites ne figurent qu’en sixième position (22 %), mais progressent nettement depuis septembre.

Les Français appellent à la stabilité

Interrogés sur l’attitude des oppositions, 58 % des Français estiment qu’elles doivent privilégier le compromis plutôt que la censure du budget, par crainte d’une crise politique et financière. Mais 40 % pensent au contraire que les partis d’opposition doivent voter la censure s’ils sont en désaccord. Les électeurs de LFI (69 %) et du RN (56 %) y sont les plus favorables, tandis que ceux du centre et de LR préfèrent le dialogue. Malgré les tensions, 47 % des Français pensent que le Premier ministre Sébastien Lecornu réussira à bâtir une majorité pour faire voter le budget. L’optimisme est fort chez les sympathisants du centre (90 %) et de LR (65 %), mais le scepticisme domine à l’extrême droite et à l’extrême gauche.

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