Biogaz : un potentiel XXL en Europe

L'unité de méthanisation Augigaz (agricole collective) à Augicourt, en Bourgogne-Franche-Comté, a été mise en service en 2017. Elle a bénéficié de l'aide du fonds européen de développement régional à hauteur 932 973 euros, au titre du programme de coopération « PO Feder-FSE Franche-Comté et Jura ».

Publié le 26/01/2022

5 min

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En 2020, la production combinée de biogaz et de biométhane s’élève à 191 TWh. Un secteur en forte croissance, qui n’exploiterait encore qu’"une infime partie de son potentiel" selon l’Association européenne du biogaz (EBA) qui estime que cette production pourrait atteindre jusqu'à 1 700 TWh en 2050, tout en faisant "vivre une économie plus circulaire en Europe et en participant à la décarbonation du secteur gazier européen." Par Laura Icart   18 milliards de mètres cubes d'énergie ont été produits en 2020 via la production combinée de biogaz et de biométhane. Plus de 19 000 sites de méthanisation ont permis de produire l’équivalent de 191 TWh, dont 32 ont été directement injectés dans les réseaux gaziers européens. Pour la petite histoire, cette production 2020 avoisine la consommation totale de gaz naturel de la Belgique, qui représente « 4,6 % de la consommation totale de gaz naturel » précise l’EBA.   Entre 370 et 467 TWh en 2030 Le potentiel de production de biogaz et de biométhane calculé pour 2030 se situe entre 370 TWh (estimation Eurogas) et 467 TWh (estimation de la Commission européenne) et représente une capacité de production de 46 à 58 GW. Un potentiel tout à fait réalisable selon les acteurs de la filière puisqu’en 2020, la production combinée de biogaz et de biométhane s'établit déjà à 191 TWh « et ce chiffre devrait encore doubler au cours des neuf prochaines années » précise l’EBA. Les prévisions d'Eurogas (1 008 TWh) et du consortium Gas for Climate tablent sur 1 008 TWh et 1 020 TWh à horizon 2050. Selon l'AIE, ce potentiel est largement réalisable d'ici 2040, qui estime de son côté le potentiel à 1 326 TWh par an, dont 166 de biométhane. En se basant sur un peu plus de 1 000 TWh en 2030, soit l’équivalent de 24 % de la consommation de gaz dans l’Union européenne en 2020, l’EBA estime que le biométhane « pourra satisfaire 30 à 40 % de la demande de gaz de l'UE d'ici 2050 » en supposant, comme espéré par les politiques climatiques européennes, que la consommation de gaz naturel décroisse au cours des prochaines décennies. En France, les ambitions sont bien plus importantes puisque les acteurs de la filière estiment que l’objectif de 10 % de gaz vert dans la consommation de gaz des Français sera atteint dès 2030. Il est de l’ordre de 2 % aujourd’hui. L’objectif est de 100 % à horizon 2050. + 6,4 TWh de biométhane produit en Europe L'année 2020 a connu la plus forte augmentation de la production de biométhane d'une année sur l'autre, malgré la pandémie, avec 6,4 TWh supplémentaires de biométhane produit en Europe (contre 3,2 TWh en 2019) portant sa capacité nominale à 32 TWh. Si l'Allemagne (60 % des installations de biogaz et 27 % des installations de biométhane) est le premier producteur de biogaz (60 % des installations européennes) et de biométhane (27 %), son marché du biogaz est « en déclin » estime l’EBA et la production allemande de biométhane augmente moins vite que celle du Royaume-Uni, du Danemark, de la France ou de l'Italie. Si, en 2019, 42 % du biométhane européen a été produit en Allemagne, il ne représentait « plus que » 35 % de la production européenne totale en 2020. Le Danemark, la Suède et l'Estonie sont à ce jour les seuls pays européens à déclarer une production de biométhane supérieure à celle du biogaz. De nombreuses externalités à valoriser La filière du biogaz est celle, dans le domaine des énergies renouvelables, qui apporte sûrement le plus de services systémiques aux territoires, notamment ruraux. Elle crée de l’emploi et de l’attractivité, permet de traiter et valoriser des flux importants de déchets, elle accompagne également la transition agricole. Selon l’EBA, les industries du biogaz et du biométhane ont permis la création de plus 210 000 emplois. Un chiffre qui est amené à doubler d'ici 2030 et qui pourrait atteindre plus d'un million d'emplois d'ici 2050. Si la filière doit encore travailler sur la durabilité de ses pratiques et sa montée en compétence, dans contexte européen, par exemple, où les politiques françaises et allemandes en la matière ne sont pas en accointance, les acteurs de la filière estimaient en décembre, dans un échange avec la commissaire à l’énergie Kadri Simson, que le développement d’une méthanisation raisonnée passe par des « investissements accrus, un soutien politique, des réductions de coûts et une optimisation des revenus globaux pour les producteurs ». En d’autres termes, une plus grande visibilité sur le long terme qui permettra aux producteurs comme aux consommateurs de proposer une offre qualitative et d’accroître le potentiel de demande, notamment en diversifiant les usages. Car, rappelle la filière, le biométhane peut potentiellement "décarboner tous les usages avec le même potentiel de flexibilité que le gaz fossile" et possède à ce titre une valeur particulièrement élevée pour le système énergétique européen, que ce soit dans l’industrie, pour gérer la puissance, pour décarboner les transports lourds, notamment le fret routier et maritime, ou encore pour les logements via des pompes à chaleur hybride. Crédit : Augigaz.

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