Berlin salue des « progrès » dans les négociations avec l’UE sur les centrales à hydrogène

D'ici 2035, l'Allemagne prévoit de mettre en service jusqu'à 15 gigawatts de centrales à hydrogène qui devraient "fonctionner temporairement" au gaz naturel - jusqu'à ce qu'elles soient raccordées au réseau d'hydrogène a indiqué le ministère de l'économie allemand. ©Shutterstock

Publié le 02/08/2023

3 min

Publié le 02/08/2023

Temps de lecture : 3 min 3 min

Le ministre allemand de l’Économie a salué le 1er août « d’importants progrès » dans les discussions avec la Commission européenne sur les aides publiques que Berlin veut consacrer à la construction de nouvelles centrales électriques à hydrogène et à gaz, éléments clés de la transition énergétique allemande.

Par la rédaction, avec AFP

 

L’Allemagne veut utiliser ses centrales électriques pour compenser l’intermittence de l’approvisionnement en énergie solaire et éolienne. Ces nouvelles centrales seront indispensables à la première économie européenne, qui est sortie du nucléaire et doit abandonner le charbon, afin de garantir la stabilité du réseau. Mais les discussions sont épineuses avec Bruxelles sur la mise en place d’un financement public pour ces installations qui doivent être subventionnées car leur fonctionnement intermittent va limiter leur rentabilité. Robert Habeck, ministre de l’Économie et du climat, a qualifié mardi les négociations d' »intenses« , mais a assuré qu’un accord avait été trouvé sur le cadre juridique des appels d’offres prévus pour les centrales.

Des garde-fous définis avec Bruxelles

« Nous avons réalisé des progrès importants« , a-t-il déclaré dans un communiqué. La Commission européenne n’a pas encore donné son feu vert à ces subventions, a-t-il ajouté, mais les discussions ont permis de définir « les garde-fous (…) afin de se conformer à la législation européenne en matière d’aides d’État et d’énergie« . Selon le ministre écologiste, il a été convenu que l’Allemagne organisera un appel d’offres pour 8,8 gigawatts (GW) de nouvelles centrales à hydrogène et jusqu’à 15 GW de capacités supplémentaires qui fonctionneront initialement au gaz naturel avant d’être connectées au réseau d’hydrogène d’ici 2035. Le ministre a précisé que le processus d’appels d’offres pour 10 GW de ces centrales au gaz et à l’hydrogène aurait lieu d’ici 2026. Le gouvernement évaluera ensuite le processus avant d’adjuger les 5 GW restants. Les énergies renouvelables, éolien et solaire, devraient assumer l’essentiel de l’approvisionnement énergétique d’ici 2030, a clairement a expliqué le ministre allemand. Mais pour pallier à l’intermittence, l’Allemagne veut construire centrales « pilotables » pour « prendre le relais ». Dès 2024, jusqu’à 30 gigawatts de capacités de production supplémentaires devraient être mis en adjudication. Le ministre a évoqué, sans trop s’avancer, une vingtaine de nouvelles centrales.

L’Allemagne veut développer son parc avec des subventions publiques

L’Allemagne souhaite que les subventions pour les futures centrales s’intègrent dans le cadre des projets de décarbonation de l’UE, ce qui garantirait une approbation plus rapide et un montant d’aide plus important, a rapporté le magazine Der Spiegel en juillet. La Commission européenne estime que cela serait problématique, selon Der Spiegel : la construction de nouvelles centrales électriques basées sur la combustion de gaz naturel nuisible au climat peut difficilement être classée comme une élimination progressive des combustibles fossiles. Par conséquent, seule la partie hydrogène, respectueuse du climat, pourrait être subventionnée, ce qui réduirait considérablement le montant des aides.

Le 26 juillet, l’Allemagne a présenté la mise à jour de sa stratégie hydrogène et a réhaussé ses objectifs de production nationale d’hydrogène vert et se fixe désormais d’atteindre 10 GW de capacité d’électrolyseur d’ici 2030, soit le double de l’objectif de 2020. Sans surprise, le pays continue de miser massivement sur les importations (70 % de ses besoins) pour tenir son objectif de neutralité climatique en 2045 avec notamment des volumes importants qui devraient arriver du Danemark et de Norvège.