Approvisionnements énergétiques : Thierry Breton favorable à une mutualisation d’achats en Europe

Publié le 15/05/2022

4 min

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Le commissaire européen au marché intérieur Thierry Breton s’est dit dimanche 15 mai favorable à une mutualisation dans l’approvisionnement énergétique au sein de l’Union européenne. Le 25 mars, les pays membres de l’UE avaient déjà donné mandat à la Commission européenne pour effectuer des achats de gaz groupés, sur le modèle des commandes de vaccins anti-Covid, alors que la guerre en Ukraine redessine peu à peu les contours de la sécurité énergétique en Europe.

Par la rédaction, avec AFP

 

« On en a parlé pour les vaccins, j’en ai parlé pour les semi-conducteurs, on en parle désormais pour l’énergie… On ne peut réagir qu’au niveau continental et en solidarité, donc oui il faudra des politiques de mutualisation et d’achats en commun » des énergies, a dit Thierry Breton sur France Inter/Franceinfo/Le Monde. « J’en suis personnellement convaincu, de même que j’en étais convaincu quand on m’a confié la responsabilité des vaccins [anti-Covid, NDLR]. Je me souviens qu’au début beaucoup de pays, dont l’Allemagne, n’étaient pas favorables aux achats en commun. On l’a fait ! Et pour faire face aux conséquences de la pandémie, beaucoup de pays n’étaient pas favorables à la mutualisation des dettes, dont l’Allemagne. On l’a fait ! »

« Bâtir une nouvelle solidarité européenne »

Pour l’énergie, « je vois qu’aujourd’hui un certain nombre de pays ne sont pas favorables encore, dont l’Allemagne. Je suis convaincu qu’on le fera. Je comprends les raisons, mon rôle est de trouver des solutions solidaires pour pouvoir faire face« , a-t-il ajouté. Pour lui, « on est en train de bâtir une nouvelle solidarité européenne dans cette guerre de l’énergie« . Fin mars, sous l’impulsion de la présidence française de l’Union européenne et d’Emmanuel Macron, les 27 États de l’UE et certains pays comme l’Ukraine et la Moldavie ont donné leur feu vert pour créer une plateforme commune d’achat de gaz. « La Commission peut agréger jusqu’à 75 % des achats de gaz » , soit en renégociant les contrats existants soit en en concluant de nouveaux, précisait alors Emmanuel Macron. Le chancelier allemand Olaf Scholz soulignait de son côté que la participation au mécanisme sera volontaire, contrairement au dispositif d’achats en commun de vaccins, qui excluait les commandes en dehors de la Commission. « Nous nous sommes entendus sur le fait que c’est une opportunité qui permet de coopérer volontairement pour les achats de gaz », a-t-il observé devant la presse. « Bien entendu, quand on regarde des cas particuliers, cela peut être compliqué, très compliqué, parce qu’il existe des entreprises privées partout en Europe », engagées dans des contrats, « qui achètent du gaz en leur nom et entendent continuer ».

« Il faut accroître les sanctions contre la Russie« 

Concernant le relèvement des sanctions européennes contre la Russie, il plaide « pour continuer à les accroître mais de façon un peu discriminante, en préservant nos intérêts. Je parle en particulier de deux pays, la Hongrie et la Slovaquie, qui dépendent à 100 % [de la Russie pour leur pétrole, NDLR]. Si l’on décide de ne plus avoir d’importations russes, c’est normal que nous apportions solidairement des solutions », a-t-il souligné, sans les détailler. Pays enclavé et dépendant de ses achats d’hydrocarbures à la Russie, la Hongrie s’est vu accorder une dérogation mais elle l’a jugée insuffisante et refuse pour l’instant ce sixième paquet de sanctions proposé par Ursula von der Leyen, faute de garanties sur le maintien de son approvisionnement. Pour rappel, cette proposition soumise par Bruxelles aux Vingt-Sept prévoit un arrêt de pétrole brut russe dans les six mois et des produits raffinés, notamment le gazole, d’ici à fin 2022. Pour être adopté, l’embargo doit être accepté à l’unanimité par tous les membres de l’Union européenne. L’arrêt des achats de pétrole à la Russie va provoquer « une hausse généralisée des prix de l’ordre de 50 à 60 % » en Hongrie, a soutenu le ministre des Affaires étrangères Peter Szijjártó lundi, au cours d’une conférence de presse diffusée sur son compte Facebook, en marge d’une réunion avec ses homologues européens. « Les Hongrois attendent légitimement une proposition de solution pour financer les investissements (de nouvelles infrastructures) et compenser des hausses de prix, un coût global de l’ordre de 15-18 milliards d’euros« , a-t-il affirmé. Le pays demande ainsi d’exempter les approvisionnements par oléoduc du projet d’embargo pétrolier de l’UE, une revendication qui exaspère plusieurs États membres.

Source : Alexandros Michailidis, Shutterstock.com.