TotalEnergies acquiert 50 % du portefeuille d’actifs de production d’électricité d’EPH en Europe de l’Ouest

Infrastructures
20/11/2025
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Le groupe français a annoncé, lundi 17 novembre, la signature d’un accord majeur avec le conglomérat tchèque EPH pour acquérir 50 % d’un vaste portefeuille d’actifs de production flexible (centrales à gaz, biomasse et batteries) en Italie, au Royaume-Uni, en Irlande, aux Pays-Bas et, potentiellement, en France.

Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui


L’opération, valorisant la plateforme à 10,6 milliards d’euros, se fera entièrement en titres : EPH recevra 5,1 milliards d’euros d’actions TotalEnergies, soit 95,4 millions de nouveaux titres émis à 53,94 euros, représentant 4,1 % du capital. Le groupe tchèque deviendra ainsi l’un des principaux actionnaires du major français. « EPH diversifie ainsi sa présence géographique et sécurise un rôle d’actionnaire de long terme dans un champion mondial » a réagi Daniel Křetínský, qui dirige la holding énergétique EPH. C’est « un pas de plus vers notre ambition d’un mix électrique de 100-120 TWh en 2030 » a souligné le patron de TotalEnergies, Patrick Pouyanné.

Un partenariat structurant dans la stratégie “Integrated Power”

L’accord prévoit la création d’une coentreprise détenue à parité, chargée d’exploiter les actifs existants et de développer un pipeline conséquent de 5 GW supplémentaires. Chaque partenaire commercialisera 50 % de l’électricité produite via un contrat de tolling avec la coentreprise. Le portefeuille représente plus de 14 GW de capacités flexibles, dont 11 GW opérationnels et 3 GW en construction. Cette production – environ 15 TWh par an, portée à 20 TWh en 2030 – doit permettre à TotalEnergies de renforcer l’articulation entre renouvelables intermittents et moyens pilotables, pierre angulaire de sa stratégie de fournisseur intégré d’électricité. Le groupe y voit aussi un levier pour valoriser son portefeuille LNG, dont il est le premier acteur en Europe. Les volumes additionnels permettraient de “capturer de la valeur correspondant à 2 MTPA de GNL”, selon le communiqué. Grâce à cette acquisition accélérant le déploiement de sa plateforme électrique, le segment devrait dégager du cash-flow positif dès 2027, un an plus tôt que prévu.

La coentreprise, future championne européenne du « flexgen« 

Les pays les plus concernés : l’Italie (7,5 GW) dont deux centrales gaz de nouvelle génération parmi les plus performantes d’Europe, le Royaume-Uni et l’Irlande (7,1 GW), mix de gaz, biomasse et batteries, les Pays-Bas (3,6 GW), dont des centrales stratégiques pour alimenter le marché allemand et la France (1,1 GW), où seuls les actifs batteries sont concernés. EPH confirme que ses centrales à charbon – dont Saint-Avold et Gardanne – ne font pas partie du périmètre de la coentreprise.

Des inquiétudes sociales en France : Saint-Avold dans l’incertitude

En Moselle, la nouvelle ravive les inquiétudes autour de la centrale à charbon de Saint-Avold, propriété de GazelEnergie (filiale d’EPH). Bien que la France ne transfère que des actifs de batteries, notamment CSE Coulomb, opérant 35 MW aujourd’hui et visant 400 MW en 2028, les syndicats redoutent un effet domino. Les salariés qui ont obtenu, de haute lutte, la conversion de Saint-Avold au gaz et au biogaz, craignent que l’opération ne favorise pas le financement de cette une conversion.

L’opération reste soumise aux consultations sociales et autorisations réglementaires, avec un closing prévu mi-2026.

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