Jupiter 1000 : un AMI prometteur pour le démonstrateur de power-to-gas

Innovation
10/11/2025
4 min
L’objectif est ouvrir le site de Jupiter 1000 à de nouveaux usages expérimentaux, industriels et collaboratifs au-delà de 2026, alors que son exploitation initiale devait s’achever à la fin de l’année prochaine. ©Natran

Cinq ans après ses premières injections d’hydrogène dans le réseau gazier, Jupiter 1000 entame un nouveau chapitre de son histoire. Porté par Natran, le pionnier français du power-to-gas vient de clore un appel à manifestation d’intérêt (AMI) qui suscite « un vif engouement au sein de la filière hydrogène et des gaz renouvelables » indique le principal gestionnaire de transport de gaz français. L’objectif : ouvrir le site à de nouveaux usages expérimentaux, industriels et collaboratifs au-delà de 2026, alors que son exploitation initiale devait s’achever à la fin de l’année prochaine.

Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui

Implanté sur le grand port maritime de Marseille-Fos, au sein de la plateforme Innovex développée avec l’association Piicto, Jupiter 1000 a été conçu comme un laboratoire industriel à taille réelle pour transformer l’électricité renouvelable en hydrogène vert et en méthane de synthèse. Depuis la première production d’hydrogène en juillet 2020, le démonstrateur a validé plusieurs chaînes de conversion et de méthanation, jusqu’à injecter du gaz de synthèse dans le réseau de transport.

Un AMI qui confirme l’attractivité du site

« Nous avons testé quatre générations d’électrolyseurs alcalins et considérablement amélioré le rendement de la méthanation : aujourd’hui, deux modules suffisent à produire le débit initialement prévu avec dix », se félicite Sylvain Lemelletier, directeur du projet chez Natran. Ces performances font de Jupiter 1000 une référence internationale en matière d’expérimentation power-to-gas et un cas d’école pour la décarbonation des usages gaziers. Lancé au printemps 2025, l’AMI visait à identifier des acteurs intéressés pour valoriser les installations, les compétences et les équipements du site. Le résultat dépasse les attentes : 336 entités – entreprises, laboratoires, écoles d’ingénieurs et centres de recherche – ont soumis 40 projets. Parmi eux, des propositions couvrant la pyrogazéification, la gazéification hydrothermale, la fabrication de carburants de synthèse (e-méthanol, SAF), ou encore des projets de R&D sur la capture et l’utilisation du CO₂ (CCU). « Tous ne présentent pas le même niveau de maturité, mais leur diversité témoigne de la vitalité de la filière hydrogène et gaz renouvelables. Notre priorité, dans les mois à venir, sera d’identifier les synergies possibles et de hiérarchiser les projets », explique Sylvain Lemelletier.

Une plateforme fédératrice pour l’écosystème industriel

Pour Nicolas Mat, secrétaire général de Piicto, Jupiter 1000 illustre la réussite d’une démarche d’écologie industrielle et territoriale. « Le démonstrateur s’inscrit pleinement dans notre mission de mutualiser les ressources et les savoir-faire entre industriels du bassin marseillais. Fort de l’expérience acquise et des collaborations engagées, Jupiter 1000 est aujourd’hui une vitrine de la décarbonation et de l’économie circulaire, ouverte à de nouveaux partenaires. » L’avenir du site sera décidé en 2026, mais l’AMI a d’ores et déjà conforté Natran dans sa stratégie de continuité d’exploitation, que ce soit sous forme de pilotage partagé, de prestations ou de transferts d’équipements. L’enjeu pour le groupe est double : capitaliser sur les acquis techniques tout en limitant les coûts échoués, en favorisant l’émergence de nouvelles filières gaz à haute valeur ajoutée.

De l’expérimentation à l’industrialisation, Jupiter 1000 aura su démontrer le rôle clé du power-to-gas dans la flexibilité des réseaux et la valorisation du CO₂ industriel. À l’heure où l’Europe s’interroge sur ses capacités de stockage et de conversion d’énergie, le site de Fos-sur-Mer pourrait bien devenir un hub expérimental majeur pour les technologies bas carbone du futur.

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