Budget, énergie, logement, minerais : quatre infos à retenir

En bref
19/10/2025
8 min

Alors que l’examen du projet de loi de finances 2026 débute à l’Assemblée, avec une avalanche d’amendements sur la fiscalité des plus aisés ou l’écologie, plusieurs dossiers stratégiques illustrent la tension croissante entre impératifs budgétaires, ambitions industrielles et exigences climatiques. Sur le terrain de la transition énergétique, Saint-Gobain Glass, avec GRDF et Methagora, expérimente l’intégration directe de biométhane dans sa production industrielle, une première en Europe. Dans le même temps, la Fédération française du bâtiment tire la sonnette d’alarme : elle réclame des mesures fortes pour relancer l’investissement locatif et sauver la formation dans le secteur, jugées absentes du PLF 2026. Enfin, sur le front des matières premières, le Bureau de recherches géologiques et minières rendra à l’été 2026 les premiers résultats de son inventaire minier, amorçant une nouvelle stratégie de souveraineté sur les métaux critiques. 

Par la rédaction, avec AFP

Budget 2026 : un peu moins d’amendements mais de nombreux points chauds en commission

L’examen de la partie « recettes » du budget de l’État pour 2026 débutera lundi à l’Assemblée avec légèrement moins d’amendements que l’an passé, mais de nombreux débats sont à attendre sur l’imposition des hauts revenus, les niches fiscales ou encore la fiscalité environnementale. Selon le site de la chambre basse, pour l’examen du texte en commission des finances, les députés ont déposé 1 710 amendements sur la première partie du budget, qui dicte les recettes dont bénéficiera l’État. Ils sont en léger recul (1 857 amendements l’an dernier) et la question de leur recevabilité pourrait faire baisser leur nombre total d’ici lundi, coup d’envoi de trois jours d’examen. « Les cibles ont été un peu dépassées mais (…) ça devrait nous permettre d’aller au bout en commission si tout le monde joue le jeu« , commente le président LFI de la commission des finances Eric Coquerel. En proportion de leur nombre de députés, ce sont les groupes de l’alliance Rassemblement national-UDR qui ont le moins amendé. Le groupe macroniste a déposé en proportion un peu plus d’amendements que LFI ou le PS par exemple, mais moins que LR ou le groupe des indépendants de Liot, loin devant. Le passage en commission est une forme de tour de chauffe, car les députés repartiront dans l’hémicycle de la copie initiale du gouvernement, mais il servira de révélateur des positions des différents groupes. Dans l’hémicycle, les débats pourraient être acharnés en l’absence de recours au 49.3, un outil qui permet au gouvernement de faire, au final, adopter un texte sans vote, effaçant certaines victoires parlementaires. Parmi les points chauds de cette partie « recettes » : l’instauration d’une taxe Zucman sur les hauts patrimoines ou d’un ISF climatique proposés par la gauche, ou encore un impôt sur la fortune financière proposé par le Rassemblement national.

L’unité de la coalition gouvernementale sera aussi mise à l’épreuve, plusieurs députés de ce camp proposant de supprimer des mesures proposées par le gouvernement, comme la prorogation de la contribution exceptionnelle sur les hauts revenus ou l’instauration d’une taxe sur les holdings patrimoniales. D’autres promettent aussi des discussions nourries : notamment la suppression de l’exemption d’impôt sur les indemnités journalières pour les affections longue durée, l’extension du malus écologique pour certains véhicules polluants ou la taxation des vapoteuses. Certains sujets vont unir ponctuellement des adversaires, comme lorsque LFI, LR et les députés ciottistes s’opposeront au remplacement de l’abattement de 10 % sur les retraites par un abattement forfaitaire de 2 000 euros.

Saint-Gobain Glass valorise directement du biométhane dans la production de verre

L’usine Eurofloat de Saint-Gobain Glass, implantée à Salaise-sur-Sanne (Isère), franchit une nouvelle étape dans sa démarche de décarbonation en intégrant directement du biométhane dans le processus de fabrication de verre plat. Cette initiative, qui s’inscrit dans une collaboration avec GRDF et Methagora, marque la première expérimentation européenne de valorisation du biométhane local transporté directement depuis son site de production vers l’usine. L’opération pilote, réalisée fin août en partenariat avec GRDF, vise à réduire l’empreinte carbone de l’usine en injectant du biométhane dans une partie du réseau de gaz local, « souvent sous-utilisé lors des périodes creuses, comme les week-ends d’été ». Le gaz renouvelable, issu de déchets agricoles et prélevé via une station bioGNV proche de l’usine, a été intégré dans le processus de fabrication du verre. Cette opération s’inscrit dans un appel à projets de GRDF visant à promouvoir des solutions innovantes pour équilibrer le réseau de distribution de gaz. En octobre, une seconde phase de l’expérimentation a eu lieu en collaboration avec Methagora, une entreprise française spécialisée dans la production, la fourniture et la logistique du biométhane, avec un savoir-faire particulier dans le biométhane porté. Elle travaille en lien étroit avec le monde agricole, les industriels et les énergéticiens pour valoriser le biométhane produit par des unités non raccordées au réseau de gaz. Grâce à un système de camions-citernes compressant le gaz, Methagora permet d’acheminer ce biométhane vers des sites consommateurs, comme des usines ou des stations bioGNV, contribuant ainsi à déployer l’économie circulaire énergétique à l’échelle régionale. Quatre livraisons de biométhane ont été effectuées entre 9 et le 16 octobre par camion-citerne, permettant de transporter du gaz renouvelable produit localement dans la région Auvergne-Rhône-Alpes.

Le PLF 2026 sous pression : la FFB exige des mesures concrètes pour le logement et la formation

Le projet de loi de finances (PLF) pour 2026, récemment présenté par le gouvernement, laisse un goût d’inachevé pour la Fédération française du bâtiment (FFB), qui appelle à des ajustements urgents pour répondre aux enjeux du logement et de la formation. Bien que le Premier ministre ait inscrit le logement parmi ses priorités, le budget ne semble pas à la hauteur de l’enjeu. La FFB plaide pour un soutien renforcé à l’investissement locatif, notamment à travers la mise en place d’un statut dit « du bailleur privé », proposé dans le rapport Daubresse-Cosson, pour relancer la construction de logements et réorienter l’épargne des Français vers ce secteur crucial. « Il y a urgence à relancer l’investissement locatif, particulièrement après la fin du dispositif Pinel« , a souligné Olivier Salleron, président de la FFB, soulignant que cette mesure serait non seulement bénéfique pour la relance du marché, mais aussi une source de recettes fiscales pour l’État et les collectivités locales. La FFB s’inquiète également des suppressions d’aides à l’apprentissage, un secteur vital pour la formation des jeunes dans le bâtiment. Selon l’organisation, la suppression des exonérations de charges pour les apprentis et de l’aide au permis de conduire risque d’étouffer la dynamique de recrutement dans un secteur en pleine mutation. Enfin, la taxation des holdings familiales à hauteur de 2 % sur leur patrimoine passif, prévue dans le PLF, est perçue comme une menace pour la stabilité financière des entreprises du bâtiment. Dans ce contexte, la FFB exhorte les parlementaires à adopter un budget plus ambitieux pour soutenir à la fois l’investissement dans le logement et la formation des jeunes.

Inventaire minier : le BRGM rendra ses premiers résultats à l’été 2026 dans les Vosges

Dans le cadre du plan France 2030, le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) a annoncé qu’il remettra en juillet 2026 les premières conclusions de son inventaire national des ressources minérales, débutant par le sous-sol des Vosges. Chargé par l’État en 2025 de cartographier les gisements potentiels de métaux critiques comme le lithium, le tantale ou le tungstène, le BRGM conduit une mission de cinq ans sur cinq zones stratégiques, dont le Massif central, les Pyrénées-Cévennes ou encore la Guyane. Doté d’un budget de 53 millions d’euros financé par l’Agence nationale de la recherche, ce programme vise à renforcer l’autonomie stratégique de la France sur les matériaux nécessaires à la transition énergétique. « Il faut être capable d’exporter ce que nous avons pour importer ce qui nous manque« , rappelait Marc Ferracci, alors ministre de l’Industrie et de l’énergie, lors du lancement du programme. Cette initiative française s’inscrit dans une dynamique européenne plus large, impulsée par le Critical Raw Materials Act, adopté en 2024, qui cherche à réduire la dépendance aux importations, notamment en provenance de Chine.

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