Les prix de l’électricité resteront « sous contrôle » en 2026

Marchés
17/10/2025
6 min

Le PDG d’EDF Bernard Fontana a indiqué le 16 octobre au Parisien que les prix de l’électricité resteront « sous contrôle » en 2026, alors que la mise en place d’un nouveau système de tarification à partir du 1er janvier soulève des inquiétudes. « Ouvertures de capital« , investissements « sélectifs« : le PDG d’EDF confirme également ses pistes de rentabilité dans un message interne adressé aux cadres du groupe français.

Par la rédaction, avec AFP

« Oui, nous pouvons garantir qu’ils resteront sous contrôle l’année prochaine. Mais les tarifs intègrent également une part transport et une part liée aux taxes qui n’est pas de notre ressort, mais celui de l’État », a déclaré au Parisien le nouveau PDG à la tête de l’électricien public depuis début mai. Bernard Fontana a également souligné la nécessité de « prioriser » les investissements et a confirmé étudier des « ouvertures de capital » afin de retrouver « des marges de manœuvre financières« , dans un message interne adressé aux principaux cadres du groupe public et consulté jeudi par l’AFP.

Un post-Arenh toujours fixé

Au 1er janvier, un nouveau système de tarification du prix de l’électricité va être mis en place pour remplacer le mécanisme en vigueur depuis 2011. Ce dernier obligeait l’opérateur historique à céder à un prix cassé une partie de sa production nucléaire annuelle à des industriels très énergivores et à ses concurrents fournisseurs alternatifs, pour répondre aux exigences de Bruxelles en matière de concurrence. À la place, l’entreprise va « passer à un système plus proche des marchés », assorti d’un mécanisme d’encadrement des revenus d’EDF. « Ce qui veut dire qu’au-delà d’un certain niveau de prix, une partie des bénéfices [d’EDF] seront redistribués aux consommateurs », a expliqué M Fontana. Dans les conditions de prix de l’électricité actuelles sur les marchés de gros, la Commission de régulation de l’énergie (CRE) a déjà prévenu le 30 septembre qu’il était peu probable qu’une redistribution des revenus d’EDF soit activée en 2026 au profit des consommateurs. D’où une stabilité attendue pour les factures des clients au tarif réglementé (60 % des abonnés résidentiels), sous conditions que l’État n’augmente pas les taxes.

Une réforme qui inquiète

L’UFC-Que Choisir s’était inquiétée en février de cette réforme en avançant qu’elle entraînerait une « hausse massive » des factures et que la redistribution des profits d’EDF serait « très limitée ». Encore récemment, un rapport parlementaire de la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale a émis des critiques sévères en estimant que la réforme n’était « pas suffisamment » protectrice, tant pour les consommateurs que pour les revenus d’EDF. Le PDG a par ailleurs indiqué avoir signé 15 000 contrats de moyen et long terme avec les entreprises, dont 60 % par des industriels, pour lesquels le prix de l’électricité est un enjeu crucial de compétitivité dans un contexte de compétition internationale féroce. « C’est un vrai gage de visibilité pour eux« , a-t-il indiqué.

« Retrouver des marges de manœuvres financières »

Dans ce message au top 1 000 (les principaux cadres) dévoilé par Les Échos, Bernard Fontana estime que le « nécessaire réalisme financier » doit conduire à être « attentifs à la rentabilité de nos activités (…) et en particulier à la gestion de nos frais généraux« , visés par un plan d’économies d’un milliard d’euros d’ici 2030. Pour regagner des marges de manœuvre, il faut être « sélectifs dans les projets dans lesquels nous investissons » et donner la priorité en France au nucléaire et à l’hydraulique, pour augmenter la puissance des réacteurs et moderniser les barrages, indique-t-il dans ce message, après une visioconférence lundi. À l’étranger, « nous sommes prêts à étudier des ouvertures de capital sur des territoires ou dans des activités ciblées afin de nous donner des marges de manœuvre financières », déclare Bernard Fontana, sans détailler. Des rumeurs de presse ont évoqué une possible cession de sa filiale italienne Edison, non confirmée à ce stade, et la recherche de partenaires pour les activités d’EDF Power Solutions (renouvelables) aux États-Unis. Pour le PDG, le constat est clair : « Nos activités ne génèrent pas les cash-flows [trésorerie] nécessaires pour couvrir l’intégralité de nos investissements, du fait des prix de vente bas de l’électricité, des surcoûts de construction et du développement d’activités insuffisamment rentables ».

Faire face à une dette abyssale

Le groupe français a une dette évaluée à 54,3 milliards d’euros à fin 2024. D’où ce cap fixé par M. Fontana : dans un « contexte politique et énergétique complexe » et « émaillé d’incertitudes », faute notamment de décret de programmation énergétique (PPE3), « nous ajustons donc notre feuille de route pour mieux l’exécuter, nous réaffirmons nos priorités et accélérons notre action« . Le constat fait écho au diagnostic de la Cour des comptes, qui s’est inquiétée dans un rapport du 23 septembre des perspectives financières d’EDF, « confronté à d’importantes incertitudes sur sa capacité de financement à long terme », alors que le groupe fait face à des besoins d’investissement atteignant 460 milliards d’euros entre 2025 et 2040. « Il est nécessaire de maîtriser notre dette car une dégradation de notre notation financière menacerait l’accès aux marchés et notre capacité à financer nos investissements« , prévient M. Fontana. « Ça serait aussi bien d’avoir un contexte politique qui permette de sécuriser l’avenir du groupe », parce que « c’est aussi sécuriser l’avenir énergétique de la France », a commenté Amélie Henri, déléguée syndicale centrale CFE-CGC.

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