Pollution de l’air : un fardeau économique annuel de 28 milliards d’euros pour l’Île-de-France

Pollution de l'air
26/09/2025
6 min

Dans une étude publiée le 26 septembre, Airparif révèle l’ampleur du coût économique de la pollution atmosphérique dans la région francilienne, estimé à 28 milliards d’euros par an.

Par la rédaction, avec AFP

L’étude évalue à 28 milliards d’euros par an les impacts économiques globaux de la pollution atmosphérique dans la région capitale. Une somme qui englobe à 93 % des coûts sanitaires : décès prématurés, maladies chroniques, hospitalisations, consultations, mais aussi retraites anticipées, perte de productivité, difficultés d’accès à l’emploi ou aménagements de domicile liés à des pathologies respiratoires ou cardiovasculaires. Chaque Francilien paie, en quelque sorte, un lourd tribut à la pollution de l’air : plus de 2 200 euros par an, selon les calculs publiés le 26 septembre par Airparif, l’organisme en charge de la surveillance de la qualité de l’air en Île-de-France. Ce chiffre, inédit à l’échelle régionale, s’appuie sur les données les plus récentes et vient éclairer d’un jour nouveau les conséquences économiques d’un mal invisible dont l’impact sur l’économie comme sur la santé est pourtant bien réel.

Un fardeau sanitaire dominant

À eux seuls, les décès prématurés liés à la pollution sont estimés à près de 23 milliards d’euros par an. Les maladies chroniques et leurs conséquences (soins, accompagnements, arrêts de travail, baisse de qualité de vie) viennent alourdir encore un bilan dont les contours sont désormais mieux définis, même si Airparif souligne que « certains effets restent sous-évalués », notamment l’impact sur la biodiversité, le climat ou la valeur du patrimoine immobilier. Les coûts non sanitaires – perte de rendements agricoles, dégradation des bâtiments – atteignent 327 millions d’euros, mais ne prennent pas encore en compte la dépréciation des sols, l’érosion des écosystèmes ou l’effet de certains polluants émergents, comme les particules ultrafines ou les PFAS.

Un coût évitable : 61 milliards d’euros économisés en une décennie

À rebours de ce constat alarmant, l’étude met aussi en lumière l’efficacité des politiques publiques engagées depuis le début des années 2010. Selon Airparif, les actions de réduction de la pollution de l’air, entre 2010 et 2019 – qu’il s’agisse de la baisse du trafic routier, des aides au changement de chauffage ou des dispositifs de surveillance – ont permis d’éviter 61 milliards d’euros d’impacts économiques négatifs, pour un investissement d’environ 5 milliards d’euros sur la période.

« Les politiques publiques de diminution de la pollution sur cette période ont été particulièrement efficientes sur le plan économique », salue Airparif, soulignant un retour sur investissement de 1 à 10.


Le nombre de décès prématurés liés aux particules fines (PM2,5) est passé de 10 350 en 2010 à 6 220 en 2019, illustrant la portée concrète des efforts entrepris. Pour Airparif, l’amélioration de la qualité de l’air en Île-de-France résulte d’une combinaison d’actions aux niveaux européen, national et local, et reste un levier majeur de santé publique.

+ 15 % d’impacts climatiques liés à la  pollution

La pollution atmosphérique ne se contente pas d’affecter la santé humaine : elle nuit également à la biodiversité, à l’agriculture et contribue au réchauffement climatique. À ce titre, le cas de l’ozone troposphérique – à la fois polluant et gaz à effet de serre – illustre cette double peine. En Île-de-France, son impact climatique a augmenté de 15 % entre 2005 et 2024, selon l’étude. L’enjeu est aussi réglementaire : la nouvelle directive européenne sur la qualité de l’air, adoptée en 2024, fixe des valeurs limites plus strictes à horizon 2030. Une part importante du territoire francilien reste au-dessus de ces seuils, exposant les autorités à des risques juridiques et financiers si la mise en conformité n’est pas anticipée. « L’amélioration de la qualité de l’air est un levier transversal aux bénéfices multiples », rappelle Airparif, qui y voit à la fois un outil de lutte contre le changement climatique, un vecteur d’espérance de vie en bonne santé, et un moyen de prévenir les maladies chroniques.

L’évaluation a également été déclinée à l’échelle de Paris et de la métropole du Grand Paris (MGP). Dans la capitale, le coût économique de la pollution s’élève à 5,7 milliards d’euros par an, soit 2 750 euros par habitant, dont 5,5 milliards pour les seuls impacts sanitaires. La MGP, quant à elle, concentre 17 milliards d’euros d’impacts économiques, pour une moyenne de 2 345 euros par habitant. Ces chiffres inédit, pourraient désormais servir de référentiel pour les autres régions, à l’heure où l’Ademe envisage une évaluation nationale, à la demande du ministère de la Transition écologique.

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