À l’ONU, Donald Trump fustige l’énergie verte et le climat : « une arnaque mondiale »

Climat
23/09/2025
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Le président américain a multiplié les attaques contre les énergies renouvelables et les politiques climatiques, lors d’un discours virulent à l’Assemblée générale des Nations unies, mardi 23 septembre. Un discours à rebours de l’élan mondial qui ne manquera pas de faire réagir une centaine de dirigeants mondiaux réunis demain pour un mini-sommet sur le climat.

Par la rédaction, avec AFP

C’est un discours à contre-courant de l’histoire qu’a prononcé Donald Trump, mardi 23 septembre, à la tribune de l’Assemblée générale des Nations unies. Le président américain a qualifié la lutte contre le changement climatique de « plus grande arnaque jamais perpétrée contre le monde », dénonçant une « conspiration de scientifiques stupides » et un « sabotage énergétique mondial » orchestré, selon lui, par les partisans de la transition écologique.

Trump : l’ère du climate bashing permanent

De la promesse de « faire revenir les ours polaires » à sa déclaration que le réchauffement climatique serait « une invention des Chinois », Donald Trump a régulièrement alimenté les débats avec des propos plus farfelus les uns que les autres. Entre déni scientifique et décisions controversées, l’ex-président américain a marqué l’histoire en rejetant les preuves du réchauffement climatique et en s’opposant aux accords internationaux comme l’accord de Paris. Une attitude qui a déconcerté les experts et exacerbé les tensions sur la scène mondiale. Ce 23 septembre, devant une assemblée médusée de diplomates et de chefs d’État, Donald Trump a concentré ses attaques sur les énergies renouvelables – particulièrement l’éolien – et sur les politiques climatiques européennes, qu’il a accusées de « détruire le continent ». « Vous avez besoin de frontières fortes et d’énergies traditionnelles si vous voulez redevenir grands », a-t-il lancé, dans un ton martial, mêlant critiques contre l’immigration et rejet de la transition énergétique. Alors que 2025 s’annonce comme l’une des années les plus chaudes jamais enregistrées, que les incendies géants se multiplient sur la planète, des Balkans à la Californie, et que les inondations emportent villes et villages entiers, les propos du président américain ont fait figure de provocation assumée. « L’énergie verte est une escroquerie. L’éolien est une catastrophe écologique et économique. Et tous ceux qui défendent cette absurdité sont soit naïfs, soit corrompus », a-t-il affirmé sans sourciller, ignorant les rapports successifs du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) qui établissent le lien entre les activités humaines et l’intensification des phénomènes climatiques extrêmes. À rebours de la tendance mondiale, les États-Unis sous Trump entendent ralentir, voire inverser, la transition vers les énergies propres. Un discours qui tranche avec les engagements affichés la veille par plusieurs dirigeants européens et africains, venus rappeler à la tribune l’urgence climatique et le rôle central que doivent jouer les Nations unies dans la coordination de l’action mondiale.

Un mini-sommet pour le climat

Mercredi, le Premier ministre chinois Li Qiang sera le premier dirigeant à la tribune pour offrir un contrepoint. Son pays, dont les usines, les centrales, les véhicules et autres activités rejettent 30 % des gaz à effet de serre de l’humanité, est attendu sur un chiffre crucial : son engagement de réduction des émissions d’ici 2035. Jamais la Chine ne s’est engagée à ce jour à réduire ses émissions de CO₂. Elle promettait jusqu’à présent d’atteindre un pic avant 2030, ce qu’elle semble en voie de réaliser avec cinq ans d’avance grâce à l’essor formidable du solaire et des voitures électriques. La plupart des pays riches ont passé leur pic depuis des décennies mais n’ont pas de plan crédible pour aller jusqu’à zéro dans 25 ans. « Tous les regards sont tournés vers la Chine », dit à l’AFP Li Shuo, expert au centre de réflexion Asia Society, bien renseigné à Pékin. Lui s’attend à un objectif de réduction conservateur, autour, voire en dessous de 10 % sur les 10 prochaines années, inspiré de ce qu’Américains et Européens ont réussi à leur époque. Une trajectoire qui décevra par rapport à l’effort général requis, mais aura le mérite de démontrer l’attachement de Pékin au multilatéralisme climatique. Li Shuo préfère se focaliser sur un fait plus majeur : « La Chine est désormais la superpuissance des technologies vertes.« 

Une COP déjà compliquée

Le secrétaire général Antonio Guterres n’a convié à ce sommet que les pays prêts à présenter un nouvel engagement pour 2035. C’est une obligation de l’accord de Paris de 2015 : les pays membres, soit la quasi-totalité de la planète sauf une poignée dont l’Iran, la Libye et bientôt les États-Unis, fixent librement leurs objectifs mais doivent les rehausser tous les cinq ans. Mais pour beaucoup, les engagements s’annoncent insuffisants. Et la plupart ont du retard, le plus spectaculaire étant celui de l’Union européenne, où France et Allemagne notamment ont bloqué un accord à temps. Ce qui renforce l’attente pour la feuille de route chinoise. Elle permettra de recalculer la trajectoire mondiale avant la conférence climatique de l’ONU en novembre au Brésil (COP30), qui s’annonce difficile. « Les COP ne sont pas des événements isolés. Elles reflètent les tensions géopolitiques« , dit à l’AFP la directrice générale de la COP30, Ana Toni. L’ONU tâche de maintenir l’équilibre entre catastrophisme et foi dans la diplomatie. D’un côté, Antonio Guterres a admis, dans un entretien à l’AFP, que l’espoir de limiter le réchauffement à 1,5 °C par rapport au XIXᵉ siècle était « sur le point de s’effondrer« . Le réchauffement du climat est en effet actuellement déjà estimé à environ + 1,4 °C.

D’un autre côté, le chef de l’ONU Climat, Simon Stiell, répète que l’accord de Paris fonctionne. « Sans la coopération climatique à l’ONU, nous nous dirigerions vers 5 °C de réchauffement, un avenir impossible. Aujourd’hui, nous allons plutôt vers 3 °C. C’est encore trop haut, mais la courbe s’améliore« , a-t-il dit lundi à New York. Une partie de l’amélioration vient de Chine. La moitié de l’électricité chinoise est certes encore générée en brûlant du charbon, mais c’était les trois quarts il y a une décennie.

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