Trajectoire climatique 2040 : l’UE reste optimiste malgré les difficultés à se mettre d’accord

Climat
09/09/2025
4 min
Pour atteindre les – 90 %, la Commission mise sur une nouvelle approche plus souple, combinant une part limitée de crédits carbone internationaux de haute qualité (jusqu’à 3 %, à partir de 2036), l’intégration des absorptions de carbone permanentes dans le SEQE (marché carbone européen) et des flexibilités sectorielles accrues entre États membres. ©Shutterstock

La Commission européenne demeure « optimiste » sur la capacité des États européens à s’accorder sur leur trajectoire climatique pour 2040 avant la conférence de l’ONU au Brésil (COP30) en novembre, a-t-elle assuré mardi à l’AFP, mais les négociations s’éternisent. Et la tension monte. L’exécutif européen espérait un feu vert lors d’une réunion des ministres de l’Environnement le 18 septembre à Bruxelles. Cette perspective semble toutefois s’éloigner, car des pays comme la France et la Pologne réclament d’abord une discussion entre chefs d’État et de gouvernement lors d’un sommet européen le 23 octobre.

Par la rédaction, avec AFP

Le commissaire européen au Climat, Wopke Hoekstra, se montre prudent. Il croit encore un accord possible dès le mois de septembre, mais évoque la « probabilité » que des « discussions supplémentaires soient nécessaires« . « Le processus, à mon avis, est toujours secondaire par rapport au contenu« , relativise-t-il dans un entretien accordé à l’AFP à Strasbourg, en marge de la session plénière du Parlement européen. L’Union européenne sera-t-elle prête pour la COP30, organisée à Belem au Brésil du 10 au 21 novembre ? « Je suis convaincu que d’ici là nous aurons un objectif ambitieux que l’Europe pourra porter sur la scène internationale« , affirme Wopke Hoekstra.

Perte de l’effet d’entraînement de l’UE ?

La Commission européenne a proposé début juillet de maintenir l’objectif de réduction de 90 % des émissions de gaz à effet de serre en 2040 par rapport à 1990. Mais elle a introduit des « flexibilités » dans le mode de calcul, pour tenter de convaincre les pays les plus réticents. L’exécutif européen est prêt à prendre en compte l’acquisition de crédits carbone internationaux, à hauteur de 3 % du total, afin de financer des projets en dehors de l’Europe. Ce geste reste insuffisant aux yeux de pays comme la République tchèque, la Hongrie ou la Pologne. Le Danemark, qui occupe la présidence tournante de l’Union européenne, a quant à lui indiqué mardi soir avoir transmis une nouvelle proposition aux États membres, avec des « changements substantiels » pour tenter d’arracher un compromis le 18 septembre.

Paris pas en phase avec la méthode

La France de son côté critique la méthode de la Commission. Du point de vue de ses obligations internationales, Paris souligne que l’UE doit seulement présenter une trajectoire 2035 – et non 2040 – à la COP30 et plaide pour séparer les deux discussions. Plus précisément, la France souhaite que « cet objectif 2040 qui engage en profondeur une transformation de l’ensemble de l’économie de l’Union soit associé à des évolutions industrielles et économiques, à des contreparties industrielles et économiques » a précisé la semaine dernière à la presse le cabinet du ministre Marc Ferracci qui estime également que cet objectif « n’étant pas seulement climatique », les décisions ne peuvent être seulement prises au Conseil environnement et souhaite que ce sujet soit abordé à la mi-octobre par les chefs d’État. « Ce n’est pas une nouveauté » rappelle l’entourage du ministre, évoquant le discours d’Emmanuel Macron fin juin.

Vendredi, le Haut Conseil pour le climat (HCC) a vivement critiqué la position de la France. Parmi les risques, les experts du HCC évoquent un possible « blocage institutionnel » faute d’unanimité, un objectif à l’horizon 2035 insuffisant et plus généralement « une perte de crédibilité internationale de l’UE« , alors qu’elle est censée montrer l’exemple à la COP30 à l’heure du retrait des États-Unis de la scène climatique. Et aux Nations unies, on s’inquiète que l’Union européenne perde « l’effet d’entraînement » qu’elle avait jusqu’ici sur les questions climatiques. « On a été trop habitué à considérer l’UE comme une force motrice« , glisse une source onusienne anonymement. « Tout le monde sait parfaitement que nous restons parmi les plus ambitieux en matière d’action climatique« , répond le commissaire européen Wopke Hoekstra.

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