« Il ne faut pas laisser le populisme et la démagogie dicter nos choix énergétiques »

Interview
11/06/2025
21 min

Programmation pluriannuelle de l’énergie, projet de loi simplification, proposition de loi « Gremillet », zones à faibles émissions mobilité (ZFEm), Ma prime rénov’, le député du Rhône, spécialiste des questions énergétiques pour le groupe Ensemble pour la République (EPR) à l’Assemblée nationale et président du Conseil supérieur de l’énergie Jean-Luc Fugit revient pour Gaz d’aujourd’hui sur les nombreux sujets qui rythment l’actualité de ces dernières semaines et appelle à davantage « de pragmatisme » pour trouver des voies de passage permettant à la France de fixer « dans le plus brefs délais » une trajectoire énergétique et d’avancer vers une sortie progressive des énergies fossiles.
Propos recueillis par Laura Icart

Ma prime rénov', ZFE... Le président de la République Emmanuel Macron dénonce les reculs en matière d'écologie, c’est aussi votre sentiment ?

Oui. Il ne faut pas laisser le populisme et la démagogie dicter nos choix énergétiques. Notre famille politique a beaucoup œuvré depuis le premier quinquennat du président de la République pour accélérer la trajectoire de réduction des émissions de gaz à effet de serre à la hauteur des enjeux climatiques et proposer des mesures d’accompagnement justes. Oui, le contexte économique et géopolitique que nous connaissons rend certaines de ces mesures impopulaires ; oui, il nous faut faire plus et mieux pour que la transition soit socialement acceptable mais non, il ne faut pas renoncer face aux difficultés, car la bataille contre le réchauffement climatique est une bataille que nous ne pouvons pas perdre.

Plusieurs articles de la proposition de loi sénatoriale dite "Gremillet" ont été supprimés lors de son étude en commission des affaires économiques à l’Assemblée nationale, notamment ceux sur la simplification des normes, l’énergie ou encore la protection du consommateur. Pourquoi ?

Il y a eu de nombreuses suppressions et il y a beaucoup de différences entre le texte initial et le texte adopté en commission. L’idée, c’est d’aboutir à une version resserrée, axée sur un volet programmatique, afin de donner au plus vite une base légale à la publication de la prochaine PPE dont les travaux préparatoires ont débuté en 2021. Nous devons être pragmatiques et avancer.  

Mais cette proposition de loi n’a pas fait l’objet d’une étude d’impact ?

Exactement. Et c’est bien là l’un de ses défauts majeurs. Il s’agit d’une proposition de loi, pas d’un projet de loi, ce qui implique qu’aucune étude d’impact n’a été conduite. Pour un texte aussi stratégique, c’est regrettable. Personnellement, j’aurais préféré un projet de loi structurant, qui dépasse le seul impératif de publier la PPE. Un texte plus prospectif qui regarde vers 2050, vers la neutralité carbone.

Un des points majeurs de désaccord concerne le nucléaire. Pourquoi l’article sur la programmation nucléaire a-t-il été supprimé ?

C’est un mauvais signal, à la fois pour les industriels et pour nos concitoyens. Le nucléaire représente deux tiers de notre production électrique. Et malgré cela, nous n’avons pas été capables de trouver un accord programmatique en commission. Ce blocage résulte d’une alliance entre des opposants traditionnels au nucléaire et une extrême-droite qui affirme ne pas y être opposée, mais qui, en réalité, a contribué à la suppression de cet article fondamental.

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