« Notre stratégie est d’aller vers l’aval, au plus près de nos clients »

Portrait de Pierre Chareyre.

Publié le 13/02/2018

4 min

Publié le 13/02/2018

Temps de lecture : 4 min 4 min

Pierre Chareyre travaille chez Engie où il est directeur général adjoint en charge des business units global energy management, GNL, exploration & production international et Amérique latine et de la présidence du comité des risques commodités (CRME). Pour Gaz d’aujourd’hui, il explique le choix d’Engie.

Propos recueillis par Laura Icart

« Engie reste un acteur gazier majeur à travers nos infrastructures de transports et de distribution et dans la fourniture de gaz à nos clients. »

Engie a conclu le 8 novembre un accord de cession de son portefeuille amont GNL au groupe Total. Pourquoi avoir fait ce choix ? Stratégie de transformation d’Engie ? Marché européen du gaz abondant ?

Notre choix s’explique par la profonde mutation du marché mondial du GNL et par notre décision stratégique de nous recentrer sur des activités régulées ou contractées. Le marché du gaz gazeux aussi est de plus en plus « liquide », particulièrement en Europe où les pipelines se sont considérablement développées. La production de GNL au niveau mondial a augmenté de 60 % en cinq ans. L’arrivée de nouveaux producteurs comme le Qatar ou comme les États-Unis devrait créer une abondance sur le marché mondial à l‘horizon des années 2020-2022. Pour nous, les enjeux ont clairement changé et notamment en termes de compétitivité. Avec cette vente, nous avons fait le choix de nous concentrer sur le secteur aval, sur des activités régulées et contractées mais aussi sur les ventes aux clients finaux. Des activités qui nous permettent de rester un acteur gazier majeur à travers nos infrastructures de transport et de distribution et dans la fourniture de gaz à nos clients. De plus, et c’est une évolution logique, le marché amont du GNL devient de plus en plus la chasse gardée des producteurs pétroliers, ce sont eux qui investissent dans les explorations qui produisent du gaz et qui investissent du gaz dans les usines de liquéfaction pour produire du GNL. Pour Total, cela correspond à une étape dans la chaîne de valeur qu’ils estiment nécessaire. Si ce secteur ne fait plus partie de nos priorités d’investissement, je le répète, cela ne remet pas en cause notre position très forte dans le secteur gazier.

Vous avez choisi de conserver la partie aval de vos activités de GNL. En quoi sont-elles plus stratégiques pour vous que celles de l’amont ?

Notre stratégie est d’aller vers l’aval vers des activités qui permettent de servir au mieux nos clients, au plus près de leurs besoins, et de nous concentrer sur des activités régulées ou contractées. Nous avons choisi de concentrer toute notre compétence sur ce maillon de la chaîne. De manière concrète, Engie commence à intervenir au moment où le GNL entre sur le territoire, se charge de sa regazéification et de le vendre comme énergie, à travers notre filiale LNGénération qui fournit des solutions d’approvisionnement à nos clients. Nous conservons l’ensemble de nos activités régulées et contractées, comme nos terminaux de regazéification en France, gérés par Elengy, mais aussi nos participations dans des terminaux à l’étranger (au Chili, à Porto Rico et aux États-Unis, NDLR). Nous conservons également nos activités de soutage de bateau. Signe de notre concentration sur l’aval, la vente de nos activités amont à Total s’accompagne de la constitution d’une alliance visant à développer l’usage du gaz vert dans la mobilité et faisant d’Engie le fournisseur prioritaire en biométhane, biogaz et hydrogène vert de Total.

Dans certains pays comme l’Algérie, l’activité est essentiellement tournée autour du GNL. Est-ce que d’autres partenariats commerciaux sont imaginés ?

Engie est toujours partie prenante dans le gisement de gaz de Touat, dont la première production est d’ailleurs attendue dans le courant de cette année. C’est de loin le projet le plus important qui lie Engie et la Sonatrach en Algérie. Nous allons également continuer à acheter du gaz gazeux livré par pipeline (contrat de long terme, NDLR). En Algérie, nous sommes également présents dans les services à l’énergie et en discussion sur des projets d’énergie renouvelable.