L’Afrique au cœur de l’investissement climat

Publié le 19/03/2019

5 min

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La 3e édition du One Planet Summit a eu lieu le 14 mars à Nairobi. Après Paris et New York, la capitale kényane a ainsi accueilli l’événement qui doit mobiliser des financements « verts » et amener les États vers des solutions concrètes plus durables pour le climat.

Par Laura Icart

Près de 4 000 personnes, chefs d’État, de gouvernements, institutions et ONG ont participé à la 3e édition du One Planet Summit qui s’est tenue à Nairobi la semaine dernière. Emmanuel Macron, qui avait été à l’origine avec l’ONU et la Banque mondiale de la première édition à Paris, en 2017, avait d’ailleurs fait le déplacement. Le choix de cette mégalopole africaine de près de 4 millions habitants n’est certainement pas le fruit du hasard : en effet, si l’Afrique n’est responsable que de 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, l’ONU estime que près de 65 % de sa population doit faire face aux effets directs du changement climatique. « L’Afrique est une région incontournable lorsqu’on parle du changement climatique. D’un côté les pays africains ont besoin de s’adapter aux impacts, de l’autre ils ont l’opportunité de prendre le chemin d’un développement bas carbone », souligne Charlotte Cristofari, experte climat à l’Agence française de développement (AFD).

Favoriser l’accès aux énergies vertes

Ce sommet a mis l’accent sur deux domaines de première importance sur le continent : l’accès aux énergies renouvelables et la protection des écosystèmes afin d’encourager et de soutenir une croissance durable tout en améliorant la résilience des populations vulnérables. Il a abouti à un document intitulé « L’engagement de l’Afrique – Africa Pledge », une série d’engagements en faveur du développement des énergies renouvelables et de la protection de la biodiversité.

« Les participants à la conférence ont reconnu que l’accès à l’électricité est un point clé du développement en Afrique. Ils ont salué les solutions innovantes mises en place sur le continent, qui ont alimenté des zones rurales et réduit les coûts de production de secteurs à haut rendement. Ils ont mis en exergue de nouveaux modèles économiques fondés sur des énergies renouvelables, des solutions décentralisées et des nouvelles démarches orientées sur les consommateurs qui offrent des perspectives technologiques pour améliorer l’accès des ménages aux énergies renouvelables » précise le document.

Soutenir une croissance verte

De nombreuses institutions financières, étatiques, publiques et privées ont pris des engagements. Les plus notables sont à mettre à l’actif de la Banque africaine de développement (BAD) qui a promis 25 milliards de dollars (50 % de plus que la précédent enveloppe) pour le financement de projets climatiques au cours de la période 2020-2025. Par le biais de l’Africa Financial Alliance on Climate Change (Afac), la BAD soutiendra des institutions financières africaines pour aligner les flux financiers sur l’accord de Paris. Deuxième annonce, la BAD facilitera l’obtention de crédits pour soutenir les pays qui abandonneront le charbon via le lancement de son  programme « Green Baseload » dans le cadre du fonds des énergies durables pour l’Afrique (dit « Sefa », Sustainable Energy Fund for Africa). Celui-ci doit fournir une assistance technique et des financements concessionnels afin d’encourager l’intégration et la promotion des énergies renouvelables – et le remplacement du charbon.

De son côté, la Banque mondiale contribuera à hauteur de 22,5 milliards de dollars pour la période 2021-2025 au financement de la lutte contre le changement climatique. Elle doublera elle aussi son soutien à l’adaptation au changement climatique en Afrique. À noter que la moitié de ses fonds sera destinée à l’adaptation et à la résilience. « Les populations d’Afrique subissent déjà les effets toujours plus sévères du changement climatique. La région est particulièrement exposée à la recrudescence des inondations, des sécheresses et des tempêtes dévastatrices. Nous devons faire davantage et plus vite, sans quoi des millions d’individus risquent de basculer dans la pauvreté. La Banque mondiale mobilise donc des fonds supplémentaires pour renforcer la résilience et aider les communautés à s’adapter au changement climatique en Afrique », a souligné Kristalina Georgieva, présidente de la Banque mondiale.

L’Agence française de développement (AFD), en collaboration avec la Banque du commerce et du développement (BCD), a annoncé l’ouverture d’une nouvelle ligne de crédit d’une valeur de 120 millions de dollars, entièrement dédiée au financement des projets climatiques. L’AFD, qui avait annoncé en 2017 vouloir consacrer 1,5 milliard d’euros par an au financement de l’adaptation des pays vulnérables au dérèglement climatique à compter de 2020 a déjà pris de l’avance puisqu’elle lui a consacré 1,6 milliard d’euros en 2018, dont la moitié pour le seulcontinent africain. Des projets financés notamment dans le cadre de son label Sunref.

Si les promesses d’investissements pour cette 3e édition ont été nombreuses, reste maintenant à les matérialiser dans des projets concrets. La suite au prochain sommet.