La major énergétique française l’avait déjà annoncé, elle souhaitait investir davantage dans le développement des énergies renouvelables et notamment dans le biogaz. C’est chose faite aujourd’hui avec l’annonce du rachat de Fonroche Biogaz, leader de la production de gaz renouvelable en France avec 500 GWh par an de capacité installée et qui affiche l’ambition d’atteindre 1 TWh par an d’ici 2023 dans l’Hexagone. Une ambition également tournée vers l’international où le savoir-faire de Fonroche Biogaz et la capacité d’investissement de Total laissent entrevoir un potentiel de développement important.

Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui

Avec cette acquisition, Total prend la tête d’un portefeuille de sept sites de méthanisation actuellement en service dont six injectent directement dans les réseaux gaziers, mais également de quatre unités dont la capacité d’injection cumulée « comprise entre 400 et 600 GWh par an devraient être mises en service entre 2022 et 2023 », indique à Gaz d’aujourd’hui Laurent Lubrano, directeur général de Fonroche Biogaz « et une dizaine sont déjà à l’étude à plus long terme ». Une opération dont le montant n’a pas été divulgué par le groupe mais qui permet à Total de faire une entrée remarquée sur le marché du biométhane injecté en France, lui qui était déjà présent sur le marché de la cogénération via sa filiale Méthanergy. Une filiale qui comptait, au début de l’année 2020, 10 unités de valorisation du biogaz sur des installations de stockage de déchets non dangereux (ISDND) totalisant 12 MW.

1,5 TWh par an de biométhane dès 2025

C’est l’ambition affichée par le groupe Total d’ici quatre ans, une ambition fixée à l’échelle mondiale et dont « Fonroche Biogaz constituera la pierre angulaire de [notre] développement » souligne Philippe Sauquet, directeur général gaz, renouvelables et énergie. Si Total n’avait jusqu’à l’acquisition de Fonroche Biogaz aucun actif sur le marché du biométhane injecté dans notre pays, il est en revanche présent, toujours via ses filiales, PitPoint et Clean Energy (production de biométhane et réseau de stations de bioGNV-bioGNL), au Benelux et aux États-Unis et notamment au Pays-Bas où il possède une capacité de production de 27 GWh par an de biométhane principalement destiné à un usage mobilité. Si le groupe se fixe un objectif de 1,5 TWh par an de biométhane en 2025, il compte très rapidement accélérer puisqu’il compte doubler voire tripler cet objectif d’ici à 2030 pour atteindre 4 à 6 TWh par an. Pour cela, la major française a notamment annoncé en décembre la signature d’un Memorandum of Understanding (MoU) avec Clean Energy Fuels Corp visant à établir une joint-venture (50 %-50 %) dotée de 100 millions de dollars pour développer des projets de production de gaz renouvelables aux États-Unis. Cette ambition portée par Total, c’est ce qui enthousiasme Laurent Lubrano pour qui ce rachat va « permettre d’aller beaucoup plus vite et de se déployer sur des marchés mondiaux à forts potentiel ». «Notre modèle économique intégré associé à la puissance et au réseau international de Total nous laisse entrevoir de belles et durables perspectives d’avenir » souligne de son côté dans un communiqué, le Président fondateur de Fonroche Biogaz Yann Maus.

10 ans d’expertise dans la méthanisation

Fonroche Biogaz a été créée y a dix ans. L’entreprise française est présente sur l’ensemble de la chaîne de valeur du biométhane et a développé « un savoir industriel et technologique important » souligne le patron de Fonroche qui s’appuie sur l’expertise d’une équipe composée de 85 personnes. Déjà leader du marché français de la production de gaz renouvelables avec plus de 10 % de part de marché, le cap des 20 % pourrait être franchi dès 2023 avec la mise en service des quatre sites de production de biométhane injecté actuellement en cours de déploiement sur notre territoire.

Total, qui a déjà prévu de dépasser le cap des 30 % d’énergies renouvelables dans son « mix » énergétique d’ici 2040, souhaite également comme l’avait déclaré le PDG de Total Patrick Pouyanné au Congrès du gaz en septembre dernier, que  » 10% du gaz consommé dans [ses] centrales électriques à gaz en Europe subviennent du biométhane, à horizon 2030 « . À cette même échéance, les produits gaziers représenteront 50 % des ventes totales du groupe, dont 5 % de biogaz ou d’hydrogène.

Crédit : Fonroche Biogaz.