Quatre infos à retenir

En Bref...
02/11/2025
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Stabilité sur les marchés gaziers, éolien en mer, renouvellement des transports et lancement des campagnes d’enchère gaz pour l’hiver prochain sont les principales informations de la semaine. Alors que les marchés de gros du gaz européens connaissent leur période la plus stable depuis la crise énergétique de 2022, le secteur du transport public en Île-de-France amorce une transformation avec la commande de 719 nouveaux bus écologiques. Ce renouveau énergétique se poursuit également sur les mers, où l’éolien en mer devrait voir sa capacité mondiale tripler d’ici 2030, malgré des défis politiques aux États-Unis. Enfin, à l’approche de l’hiver 2026-2027, les grands acteurs du stockage de gaz, Teréga et Storengy, lancent leurs campagnes d’enchères pour garantir une sécurité d’approvisionnement énergétique essentielle dans un contexte géopolitique incertain. Ces initiatives traduisent la résilience d’un système énergétique européen qui s’ajuste progressivement aux nouvelles réalités environnementales et géopolitiques.

Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui 

L’été 2025 marque un retour à la stabilité sur les marchés de gros européens du gaz

Après deux ans de turbulences, les marchés gaziers européens ont connu un été 2025 d’une rare accalmie. Prix, volatilité et tensions logistiques se sont apaisés, signe d’un système désormais mieux ajusté aux nouveaux équilibres d’approvisionnement. Le dernier rapport de l’Acer (Agence européenne de coopération des régulateurs de l’énergie) publié le 27 octobre dresse un constat rassurant : entre juillet et septembre 2025, les marchés de gros du gaz ont enregistré leur période la plus stable depuis la crise énergétique de 2022. Les prix de gros et leur volatilité ont reculé, portés par une combinaison favorable : importations soutenues, consommation maîtrisée et remplissage régulier des stocks. Les injections de gaz dans les stockages souterrains ont dépassé les niveaux des deux étés précédents, atteignant 82 % de la capacité totale à la fin septembre. Ce niveau reste toutefois légèrement inférieur à celui observé au début des trois derniers hivers.   Les importations de gaz naturel liquéfié (GNL) ont progressé de 38 % sur un an, compensant la baisse continue du gaz russe par gazoduc. L’abondance de l’offre mondiale, soutenue par une production accrue et une demande stable des grands acheteurs asiatiques, a contribué à maintenir les prix à des niveaux modérés malgré l’augmentation des volumes. « Cette dynamique s’est traduite par un renforcement de l’intégration du marché gazier européen » selon l’Acer, les flux ont été redirigés vers l’Europe centrale et orientale, où l’accès direct au GNL reste limité. Ce rééquilibrage, guidé par les signaux des marchés de gros — des zones à prix faibles vers les hubs plus chers — illustre la résilience et la flexibilité retrouvées du système gazier européen.

Bus franciliens : Iveco décroche une commande de 719 véhicules roulant au gaz véhicule et à l’électricité

Le constructeur italien Iveco a annoncé le 30 octobre avoir remporté une première commande ferme de 719 bus, dans le cadre du grand projet de renouvellement de la flotte de transport public en Île-de-France. Cette commande, passée par Île-de-France mobilités (IDFM), marque le début d’un programme ambitieux visant l’acquisition de 4 000 nouveaux véhicules d’ici 2032. Parmi ces 719 véhicules, 154 seront électriques et 415 fonctionneront au gaz, en particulier au biométhane, pour répondre aux objectifs environnementaux de la région. La fabrication de ces bus se fera dans les usines françaises d’Iveco, à Annonay (Ardèche) et Rorthais (Deux-Sèvres), tandis que 150 cars interurbains au gaz seront produits en République tchèque. La livraison des véhicules est prévue pour 2026 et début 2027. Ce renouvellement s’inscrit dans le cadre d’un investissement global de plus de 1,8 milliard d’euros par IDFM, visant à verdir la flotte de bus et à atteindre une réduction significative des émissions de CO₂. L’objectif : mettre en circulation près de 1 000 nouveaux bus par an jusqu’en 2029, avec un soutien à la filière industrielle française. IDFM a majoritairement acheté à Iveco, mais des constructeurs comme MAN, Mercedes et Scania-Irizar ont aussi reçu des commandes dans le cadre de trois accords-cadres conclus par l’intermédiaire de la Centrale d’achat du transport Public (CATP) qui mutualise les achats pour les collectivités, a précisé IDFM. Ce projet, qui inclut des véhicules dits « propres », devrait transformer le paysage du transport public francilien, tout en soutenant des entreprises locales et la transition énergétique.

Malgré des revers, la production d’éolien en mer pourrait tripler d’ici 2030

La production d’énergie éolienne en mer pourrait connaître une croissance spectaculaire au cours des cinq prochaines années, avec une capacité mondiale qui pourrait tripler entre 2024 et 2030, selon un rapport publié par Ember et l’Alliance mondiale de l’éolien en mer (GOWA). Cette dynamique reste intacte, malgré les défis importants auxquels le secteur est confronté, notamment aux États-Unis, où les incertitudes politiques menacent de ralentir les progrès. D’après l’étude, la capacité installée d’éoliennes en mer pourrait passer de 83 gigawatts en 2024, soit environ la consommation énergétique annuelle de 73 millions de foyers, à 238 gigawatts en 2030. Ces prévisions restent cependant sous pression, car plusieurs pays risquent de ne pas atteindre leurs objectifs de déploiement d’ici la fin de la décennie. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a récemment averti que la croissance des énergies renouvelables, dont l’éolien en mer, pourrait ralentir globalement à l’horizon 2030, notamment en raison de la baisse des investissements et de la complexité des projets. Le secteur éolien en mer fait face à des revers majeurs aux États-Unis, où les nouvelles orientations politiques sous l’administration de Donald Trump, qui a réaffirmé son soutien aux énergies fossiles et remis en question l’avenir des projets d’éolien en mer, ont sérieusement affecté le développement de nouvelles capacités. Le rapport d’Ember souligne que les États-Unis devraient produire environ 5,8 gigawatts d’ici 2029, bien loin des 30 gigawatts visés sous l’administration Biden en 2021. Cette réduction drastique de la capacité prévue pour les années à venir illustre un contraste frappant avec l’ambition initiale des États-Unis. D’autres pays asiatiques comme le Japon et la Corée du Sud risquent également de ne pas atteindre leurs objectifs. Le rapport d’Ember prévoit que ces deux nations ne parviendront qu’à réaliser environ un tiers de leurs ambitions d’ici 2030. Ces retards pourraient freiner le rythme global du développement de l’éolien en mer, notamment en Asie, où la demande énergétique est en forte croissance. L’Europe reste le leader incontesté du secteur. Quinze pays européens ont des objectifs de production d’éolien offshore, visant à atteindre 99 gigawatts d’ici 2030. La Commission européenne a d’ailleurs mis en place des mesures ambitieuses pour accélérer la transition énergétique et plusieurs projets d’envergure sont en cours dans la mer du Nord et au large des côtes britanniques. En Asie, des pays comme l’Inde, le Japon, la Corée du Sud et le Vietnam développent des projets pour atteindre respectivement 30 à 41 gigawatts d’ici 2030, avec une attention particulière à l’éolien flottant, encore à ses débuts, mais porteur d’un grand potentiel. En Chine, les ambitions sont également renforcées, avec un objectif de 64 gigawatts d’ici 2025 et une nouvelle déclaration pour doubler la capacité d’éolien offshore à 15 gigawatts par an pendant le 15e plan quinquennal (2026-2030).

Hiver 2026-2027 : Teréga et Storengy lancent leurs campagnes d’enchères pour le stockage de gaz

À l’approche de l’hiver 2026-2027, deux acteurs majeurs du secteur énergétique français, Teréga et Storengy, ont lancé leurs campagnes de commercialisation de capacités de stockage de gaz, un enjeu crucial pour la sécurité d’approvisionnement énergétique du pays. Alors que la demande en gaz reste stable et que la situation géopolitique européenne demeure incertaine, ces deux opérateurs cherchent à répondre aux besoins de flexibilité et de sécurité du marché. Teréga, premier opérateur indépendant d’infrastructures gazières dans le grand Sud-Ouest, a ouvert son calendrier commercial le 5 novembre 2025. L’entreprise propose une offre diversifiée de 16,9 TWh répartis sur quatre produits de stockage, offrant des soutirages allant de 40 à 110 jours. Les enchères se dérouleront sur plusieurs mois, en novembre 2025 et janvier 2026. Avec ses deux réservoirs souterrains, Lussagnet (Landes) et Izaute (Gers), Teréga représente près de 26 % des capacités de stockage de gaz en France, contribuant de manière significative à la sécurité d’approvisionnement énergétique du pays. Ces réservoirs se remplissent actuellement à plus de 90 %, un objectif clé pour répondre aux exigences de l’Union européenne. De son côté, Storengy, acteur dominant avec près de 75 % des capacités de stockage en France, a également ouvert sa campagne commerciale pour les années 2026-2027 à 2029-2030. Cette campagne, lancée le 14 octobre 2025, concerne plus de 90 TWh de capacités, dont une grande partie est déjà vendue dans le cadre de contrats pluriannuels. Pour l’année 2026-2027, Storengy met en vente environ 27 TWh, principalement sous forme de produits médians et rapides, avec un soutirage allant de 26 à 69 jours. Les enchères se poursuivront jusqu’en septembre 2026, avec des périodes de vente fixes prévues pour janvier et février 2026.

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