Prix de l’énergie : Le Maire veut « tempérer la logique de marché » en Europe

Publié le 08/11/2021
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Malgré le scepticisme d’autres États, la France veut toujours réformer le marché européen de l’électricité, a déclaré lundi 8 novembre le ministre de l’Économie Bruno Le Maire dans un entretien à l’AFP, défendant la nécessité de « tempérer la logique de marché » pour le consommateur final.
Par la rédaction, avec AFP
« Il y a une nécessité à agir pour protéger les consommateurs » d’une hausse des prix qui sera « durable« , a souligné le ministre de l’Économie, avant une réunion des ministres des Finances européens le 8 et 9 novembre.
Paris met trois mesures sur la table
La France propose trois mesures, dont la création d’un mécanisme de « stabilisateur automatique » du prix de l’électricité, qui « permette de transférer les gains » que peut faire un producteur lorsque le prix de l’énergie est élevé sur le marché vers le fournisseur qui les « répercute ensuite vers le consommateur, particulier ou entreprise« . M. Le Maire plaide également pour la mise en place de contrats de long terme bas carbone pour les entreprises et l’obligation d’offrir aux consommateurs une offre à prix stable. « Aucun citoyen européen ne peut accepter d’avoir des variations de 20, 30, 35 % de sa facture d’énergie. C’est tout simplement insupportable« , a-t-il ajouté à son arrivée à Bruxelles, lundi après-midi. Une situation encore plus difficile pour les 31 millions d’européens (soit 7% des ménages) qui ont été dans l’incapacité de se chauffer correctement en 2019 selon les dernières estimations d’Eurostat. Le ministre français a souligné que ces propositions étaient soutenues par l’Espagne, la Grèce et la République tchèque.
Mais la majorité des membres sont réticents
Mais une majorité de pays restent réticents. « Je ne crois pas que cela résoudra le problème immédiat que nous avons« , a estimé lundi le ministre néerlandais des Finances, Wopke Hoekstra, jugeant « plus rapides et efficaces » les dispositifs de soutien aux ménages déjà adoptés par plusieurs pays, dont la France. La semaine passée, lors d’un sommet européen extraordinaire sur l’énergie à Luxembourg, l’idée française d’une réforme du marché de l’électricité avait été accueillie fraîchement par les ministres européens de l’Énergie. Onze pays (Allemagne, Autriche, Luxembourg, Danemark, Estonie, Finlande, Irlande, Lettonie, Pays-Bas, Belgique, Suède) s’étaient ainsi prononcés contre toute réforme, jugeant que la crise actuelle dépend de « facteurs mondiaux » conjoncturels.
Et la Commission n’est guère plus convaincue
La Commission européenne avait, elle, jugé « efficace » le système actuel dit de « tarification marginale », où le prix de la dernière unité de production d’électricité qui démarre en Europe (souvent une centrale à gaz) fixe le prix de marché, estimant qu’il encourage le développement des énergies
renouvelables, au coût de production faible. Si la France « ne veut pas revenir » sur le fonctionnement du marché de gros, entend rassurer Bruno Le Maire, elle souhaite aménager le marché de détail
pour les particuliers et les entreprises, y compris pour des raisons environnementales.
Bruno Le Maire estime que « la conjonction de l’épuisement des énergies fossiles et de l’augmentation du prix carbone va mécaniquement conduire de manière structurelle à une augmentation du prix des énergies fossiles« . Pour accélérer l’électrification, « la décarbonation de l’économie et la transition écologique« , il juge donc nécessaire de « découpler » le prix de l’électricité du prix des énergies fossiles.