Planification écologique : le gouvernement lance 22 chantiers

Publié le 24/10/2022

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La Première ministre a présenté le 21 octobre dans le XVIIIᵉ arrondissement de Paris sa méthode en matière de planification écologique. Et pour« faire en huit ans plus que ce que nous avons fait en 32 ans », Élisabeth Borne a décliné 22 chantiers pour construire une planification écologique nationale afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre, de limiter les effets du changement climatique ou encore de restaurer la biodiversité tout en rendant nos modes de vies plus soutenables. Cette planification se déclinera en actions qui porteront la bannière « France nation verte ». Décryptage. Par Laura Icart   « Nous devons engager des changements radicaux dans nos manières de produire, de consommer, d’agir. Ce n’est pas une question d’idéologie, cela devient, de plus en plus, une question de survie » a déclaré la Première ministre en présentant la planification écologique dont elle a la charge, qui se déclinera par secteur, par filière, par territoire, afin d’adapter cette planification aux spécificités de chacun, non « sans fixer des objectifs ambitieux » a souligné Élisabeth Borne dans cette ancienne gare de la petite couronne parisienne transformée en éco-lieu, spécialisé notamment dans le recyclage. Un point de méthode juste avant la tenue du premier conseil national de la refondation sur le climat et la biodiversité. Couvrir tous « les domaines de la vie » France nation verte s’inscrira dans le cadre des objectifs européens du Green Deal, à savoir une baisse de 55 % de nos émissions d’ici 2030 et la neutralité carbone d’ici 2050. Un écart très important à remplir puisqu’il revient à réaliser en moins de huit ans ce que nous n’avons pas su faire en plus de trente ans. « Pour la première fois, c’est à Matignon que la planification écologique sera directement pilotée. Pour la première fois, nous allons avoir une approche globale, en brisant la logique de silo » a noté la Première ministre, faisant référence aux multiples plans, lois et stratégies pas toujours pensés en cohérence les uns avec les autres ni en corrélation avec les stratégies régionales et les spécificités territoriales. France nation verte, ce sont 22 chantiers opérationnels construit autour de cinq enjeux environnementaux (santé, climat, biodiversité, adaptation, ressources) et six thématiques (consommer, se nourrir, se déplacer, préserver, se loger et produire) qui font d’ailleurs écho à celles retenues lors de la convention citoyenne pour le climat. Sept chantiers transversaux (financement, planification territoriale, formations et compétences, données environnementales, sobriété des usages) sont également lancés en parallèle. Ils seront la base sur laquelle les actions devront être pensées et construites et irrigueront les chantiers thématiques. Pour chaque secteur et chaque chantier, les ministres réuniront au cours de l’automne tous les acteurs (institutions, administrations, collectivités, entreprises, représentants de la société civile) pour établir une stratégie complète, avec des objectifs et des points d’étape. « En fin d’année, nous aurons une première version consolidée de notre planification écologique, intégrant de nouvelles actions nécessaires pour atteindre nos objectifs » précise la Première ministre. Quelle est la méthode ? C’est le nouveau chantre du gouvernement : la concertation. D’ailleurs plusieurs ont déjà été lancées : celle sur le nucléaire et tout récemment la concertation sur notre mix énergétique. L’idée déjà mise en pratique par le gouvernement Borne pour construire le plan de sobriété sera donc poursuivie avec des réunions thématiques et sectorielles pour donner du concret aux Français. Pour comprendre que la rénovation énergétique des logements n’est pas seulement avoir moins froid mais aussi gagner en pouvoir d’achat ou que manger mieux c’est aussi donner la possibilité aux agriculteurs qui produisent en France de vivre dignement de leur travail. La première étape ne sera pas pour autant une réécriture des objectifs mais plutôt un diagnostic de l’ensemble des lois, plans, dispositifs existants autour de la transition écologique. Depuis plusieurs années, de nombreux retours du terrain indiquent qu’il y a souvent une inadéquation entre les objectifs nationaux et régionaux par exemple ou entre les moyens mis sur telle ou telle politique publique. L’ambition de France nation verte est de construire un cadre de long terme qui garantisse que toutes les décisions prises en matière de politiques publiques ne « soient pas incompatibles avec nos objectifs à horizon 2027, 2030 et 2050 ». Un cadre « évolutif » précise Matignon, jugeant que les sujets sont « complexes » et que toutes les réponses ne « sont pas encore connues sur le temps long ». Quel pilotage ? Si la planification écologique est placée sous l’égide de Matignon, un secrétariat général sera chargé d’en assurer le déploiement, la mise en œuvre et le suivi. Une équipe « pluridisciplinaire et d’une quinzaine de collaborateurs » indique Matignon, chapeautée par Antoine Pellion, secrétaire général, également chef du pôle Écologie, agriculture, énergie, logement et transports au cabinet d’Élisabeth Borne. Le SGPE devra entre autres structurer le cadre général, assurer la cohérence et le suivi des objectifs et coordonner les travaux et l’action publique. Le SGPE sera également chargé du pilotage des indicateurs et du suivi des actions décidées comme il sera aussi à la manœuvre pour diffuser l’information, la rendre lisible et « embarquer » tous les Français dans cette évolution sociétale. Crédit : DR.  

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