L’UE et la Norvège renforcent leur coopération industrielle et énergétique

Le 24 avril, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, s'est rendue à Ostende, en Belgique, au sommet de la mer du Nord réunissant la Belgique, le Danemark, l'Allemagne, les Pays-Bas, la France, le Royaume-Uni, l'Irlande, la Norvège et le Luxembourg. Il s'agit de "la plus grande coalition jamais formée autour de l'énergie en mer du Nord " estime l'UE. @European Union, 2023

Publié le 04/05/2023

5 min

Publié le 04/05/2023

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L’Union européenne et la Norvège ont annoncé le 24 avril la signature d’un accord pour renforcer leur coopération sur le climat, l’environnement, l’énergie et la décarbonation de l’industrie. Partenaire énergétique stratégie de l’UE, la Norvège a donc signé une « alliance verte »  et s’est engagée à travailler « étroitement » avec l’UE notamment sur les technologies de stockage et de capture carbone, sur l’hydrogène, le développement des énergies renouvelables marines et sur les matières premières critiques. Des secteurs stratégiques pour l’Union à la recherche de davantage de souveraineté.

Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui

 

« La Norvège est un partenaire fiable et de longue date de l’UE avec lequel nous partageons une vision commune pour un continent climatiquement neutre » a souligné la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen lors de la signature de cet accord qui renforce la coopération énergétique, environnementale et industrielle entre l’UE et la Norvège et qui réaffirme les ambitions climatiques des deux partenaires : la réduction d’au moins 55 % leurs émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 par rapport aux niveaux de 1990 et la maintien d’une hausse de la température mondiale dans la limite de 1,5 °C. L’UE et la Norvège veulent notamment accélérer leurs efforts sur la transition énergétique, avec une ambition : faciliter et encourager le développement de technologies énergétiques propres, compétitives et durables, et favoriser la création de marchés énergétiques décarbonés et de chaînes de valeur à cet effet. Pour y parvenir, ils coopéreront principalement sur la production et l’utilisation de l’hydrogène et des énergies renouvelables en mer mais également sur le développement des technologies de captage et de stockage du carbone (CCUS).

Installer le marché européen de l’H₂

L’hydrogène est un pilier de la stratégie de décarbonation de l’Union européenne, notamment pour le secteur des transports et de l’industrie. Si l’UE vise une production in situ de 10 millions de tonnes d’hydrogène renouvelable et compte en importer 10 millions de tonnes en 2030, la Norvège, qui accueille le plus grand électrolyseur au monde et qui vient d’annoncer un partenariat stratégique entre le producteur d’électricité allemand RWE et la compagnie énergétique norvégienne pour construire un hydrogénoduc qui permettra de transporter  de l’hydrogène bleu (produit à partir de gaz naturel + CCS) entre la Norvège et l’Allemagne d’ici à 2030, espère devenir une plaque tournante de l’hydrogène en Europe. Elle se rapproche davantage de la stratégie allemande de développer une demande européenne d’hydrogène bleu importé, alors qu’un pays comme la France par exemple compte sur une production locale d’hydrogène produit à partir de nucléaire. Le royaume étant bien conscient que les recettes liées à la vente d’hydrocarbure, qui constituent près de la moitié de son budget, vont diminuer. L’UE et la Norvège ont donc stipulé formellement leur intention « d’intensifier » leur coopération pour encourager la production d’hydrogène renouvelable en Europe, créer un marché européen de l’hydrogène « à part entière », fondé sur une législation « commune » au sein de l’espace économique européen, un environnement propice au commerce et aux investissements ainsi qu’à la recherche et à l’innovation, « tout en reconnaissant le rôle de transition que jouera l’hydrogène basé sur les technologies de capture, d’utilisation et de stockage du carbone ».

Accélérer la viabilité économique du CCUS

Les deux parties ont également l’intention de travailler au développement des technologies de captage et de stockage du carbone, à la démonstration de leur viabilité commerciale et à la mise en place d’infrastructures. Des technologies dont la pertinence est critiquée par les ONG. « Nous ne pouvons pas prétendre que la solution à la crise climatique réside dans des solutions techniques peu fiables et non testées qui entraîneront de nouveaux risques et de nouvelles menaces », soulignait Tasneem Essop, directrice exécutive du Réseau Action Climat à l’issue du Dialogue de Petersberg organisé à Berlin les 2 et 3 mai. Au-delà de la dimension technologique, l’UE et la Norvège vont coopérer pour développer davantage les règles du marché européen et l’infrastructure pour le captage, le transport, l’utilisation et le stockage du CO2 et favoriser le développement mondial de ces technologies jugeés par les deux partenaires comme particulièrement « stratégiques ».

Maximiser le potentiel des énergies marines

Baigné par les mer et les océans, le continent européen peut être un véritable moteur mondial pour le développement des énergies renouvelables en mer. L’UE et la Norvège ont annoncé leur volonté d’intensifier leur coopération dans ce domaine dans le cadre de la coopération énergétique en mer du Nord (NSEC). D’ici 2040, la Norvège vise à attribuer des zones pouvant générer 30 GW d’énergie éolienne en mer et met l’accent sur le développement de l’énergie éolienne flottante. L’UE vise à développer au moins 60 GW d’énergie éolienne en mer et au moins 1 GW d’énergie marine d’ici 2030, en vue d’atteindre respectivement 300 GW et 40 GW de capacité installée d’ici 2050.

Les deux partenaires ont également rappelé que l’Europe a été particulièrement impactée par la crise énergétique et que la sécurité d’un approvisionnement énergétique fiable et abordable reste une priorité. La Norvège a d’ailleurs annoncé son intention de répondre positivement aux appels d’offres à venir sur les achats communs de gaz par l’Union. La réduction de la dépendance à l’égard des importations de matières premières et de composants stratégiques pour la transition énergétique est également jugée prioritaire par l’UE et la Norvège.