Le Giec tire la sonnette d’alarme !

Publié le 08/10/2018

4 min

Publié le 08/10/2018

Temps de lecture : 4 min 4 min

Le Giec, groupe d’experts du climat à l’ONU, a rendu son rapport ce matin. Alarmiste et très inquiet, le Giec recommande d’agir au plus vite pour limiter le réchauffement climatique. Si rien n’est fait, les conséquences seront irrémédiables pour notre planète.

Par Laura Icart

« Le monde devra engager des transformations rapides et sans précédent s’il veut limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C » soulignent les experts climat de l’ONU.

Le rapport spécial de l’instance onusienne, commandé au Giec lors de la COP21, a été publié cette nuit. Les scientifiques y exposent les nombreux impacts du réchauffement climatique déjà à l’œuvre, et notamment la menace qui pèserait sur la Terre et ses ressources si le seuil des + 1,5 °C par rapport aux niveaux pré-industriels était dépassé. À ce rythme, la hausse de 1,5 °C des températures devrait être atteinte entre 2030 et 2052 selon le Giec. Les experts mettent en évidence, au travers de plusieurs scénarios, la grande différence d’impact entre un réchauffement de 1,5 °C et de 2 °C ou plus.

Une planète « à bout de souffle »

Vagues de chaleur, extinctions d’espèces, déstabilisation des calottes polaires ou élévation du niveau de la mer… sont autant de catastrophes qui frappent déjà notre planète et qui pourraient s’accentuer dans les prochaines décennies.

À titre d’exemple, selon un premier scénario à l’horizon 2100, le niveau des océans augmenterait de 48 cm et menacerait presque 46 millions de personnes avec 1,5 °C supplémentaire, alors qu’ avec 2 °C supplémentaires, les océans remonteraient de 56 cm et impacteraient la vie de plus de 49 millions de personnes. Pour les espèces animales et végétales, le risque est encore plus grand ! Avec 2 °C de hausse des températures, 18 % des insectes (contre 6 % pour + 1,5 °C), 16 % des plantes (contre 8 %) et 8 % des vertébrés (contre 4 %) disparaîtraient.

L’énergie pointée du doigt

Parce qu’elle génère près de trois quarts des émissions, le Giec insiste sur l’énergie et particulièrement sur les énergie fossiles. Si l’industrie, les bâtiments, les transports, les villes sont tous concernés et doivent dès maintenant prendre des mesures plus restrictives pour réduire de manière significative leurs impacts, le secteur de l’énergie, dont les émissions mondiales sont reparties à la hausse en 2017, devra mettre en place des moyens drastiques s’il veut comme le préconise le Giec « faire chuter ses émissions de CO2 de près de 45 % d’ici 2030 » (par rapport au niveau de 2010) et que le monde atteigne une neutralité carbone à horizon 2050.

Chefs d’entreprises et autres leaders appellent l’UE à plus d’ambition pour le climat

Alors que la Commission européenne a prévu de publier sa stratégie à long terme de réduction des émissions de gaz à effet de serre en novembre prochain, de nombreuses voix s’élèvent déjà pour demander à l’UE de rehausser ses ambitions climatiques. Le 4 octobre, un groupe de 20 chefs d’entreprises et autres leaders européens a publié une lettre adressée au conseil des ministres de l’environnement de l’UE (qui aura lieu demain), les appelant à relever les objectifs européens pour 2030 pour les aligner sur une trajectoire de transition juste vers la neutralité carbone à l’horizon 2050. Coordonnée par The B Team et le Prince of Wales’s Corporate Leaders Group, la lettre est signée par les patrons de Danone, EDF, Engie et Kering, ou encore d’Unilever et Allianz, ainsi que par l’ex-présidente de l’Irlande Mary Robinson et la patronne de la Confédération internationale des syndicats (ITUC) Sharon Burrow.

Aujourd’hui, un groupe de scientifiques et autres experts publie une lettre intitulée « Le nouveau rapport du Giec plaide pour le renforcement de la politique climatique de l’UE » appelant l’Union à prendre en compte les implications du rapport en relevant les objectifs européens de réduction des émissions.

Cette lettre signée par une quinzaine de personnalités dont les climatologues Jean-Pascal Van Ypersele, Bert Metz, Jean Jouzel, Patrick Criqui, Catherine Jeandel et l’économiste Michael Jacobs, souligne qu’une réduction des émissions de gaz à effet de serre de 95 % d’ici 2050 serait un objectif « plus approprié », ce qui constituerait déjà un écart très important par rapport à la stratégie actuelle qui repose sur une réduction de 80 % d’ici 2050.