La pollution de l’air tue plus d’un millier d’enfants et d’adolescents chaque année en Europe

Si la pollution atmosphérique touche tout le monde, les enfants et les adolescents sont particulièrement vulnérables car leur corps, leurs organes et leur système immunitaire sont encore en développement. indique l'Agence européenne de l'environnement dans un rapport publié le 24 avril. ©Shutterstock

Publié le 28/04/2023

5 min

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La pollution atmosphérique est à l’origine de plus de 1 200 décès prématurés par an chez les enfants et les adolescents en Europe et accroît « considérablement le risque de maladie au cours de la vie », indique dans un nouveau rapport publié le 24 avril l’Agence européenne de l’environnement (AEE). L’agence estime que les politiques publiques doivent davantage protéger la santé des plus jeunes et concentrer particulièrement leurs efforts aux abords des crèches, des écoles et des installations sportives notamment.

Par Laura Icart

 

Dans le cadre du plan d’action « Zéro pollution » du Green Deal européen, la Commission européenne s’est fixé comme objectif pour 2030 de réduire le nombre de décès prématurés causés par les PM2,5 d’au moins 55 % par rapport aux niveaux de 2005. Si des réductions et des améliorations globales de la qualité de l’air ont été constatées au cours de la dernière décennie, la pollution atmosphérique reste responsable d’environ 238 000 décès prématurés en Europe et près de 40 000 dans notre pays, avec un coût sanitaire externe qui se chiffre en centaines de milliards d’euros par an. Dans ce premier rapport consacré exclusivement aux personnes de moins de 18 ans, l’AEE souligne les effets négatifs de la pollution de l’air chez les plus jeunes et les risques sanitaires provoqués par une exposition dès le plus jeune âge à des concentrations de polluants élevées. « Les niveaux de pollution de l’air en Europe restent dangereux et les politiques européennes en matière de qualité de l’air devraient viser à protéger tous les citoyens, mais surtout nos enfants, qui sont les plus vulnérables aux effets de la pollution de l’air sur la santé » souligne le directeur exécutif de l’AEE Hans Bruyninckx.

97 % de la population urbaine surexposée aux PM2.5

Selon l’Agence européenne de l’environnement, 97 % de la population urbaine était exposée, en 2021, à des concentrations de particules fines (PM2,5) supérieures à la valeur de 5 µg/m3 fixée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Cette même année, plus de 90 % de la population urbaine de l’UE était exposée à des niveaux nocifs de dioxyde d’azote (NO2) et d’ozone. Dans une étude récente intitulée « Vaincre le cancer – le rôle de l’environnement en Europe », l’AEE estime que la pollution de l’air (tant à l’intérieur qu’à l’extérieur) est liée à environ 1 % des cas de cancer en Europe et provoque environ 2 % des décès dus au cancer. Pour ce qui est du cancer du poumon, ce chiffre s’élève à 9 % des décès. Le trafic routier, le chauffage et l’industrie sont les principales sources de pollution de l’air en Europe. Selon des données encore préliminaires pour 2022, l’Europe centrale et orientale et l’Italie ont enregistré les concentrations les plus élevées de PM2.5, principalement en raison de la combustion de combustibles fossiles utilisés pour le chauffage et l’industrie, notamment le charbon.

Une exposition prénatale très néfaste

L’exposition de la mère à la pollution atmosphérique pendant la grossesse peut être « liée à un faible poids de naissance et à un risque de naissance prématurée » rappelle l’AEE. Ces dernières années, plusieurs études ont démontré le lien entre pollution de l’air et développement anormal du fœtus. Une exposition in utero à la pollution atmosphérique a des effets néfastes sur la santé de la femme enceinte et de l’enfant à naître avec des risques d’hypertensions et un fonctionnement altéré des poumons. Sur certaines femmes très exposées au NO2, une altération du placenta peut être observée.  

9 % des enfants européens souffrent d’asthme

Les enfants et les adolescents sont particulièrement « vulnérables à la pollution atmosphérique car leur corps, leurs organes et leur système immunitaire sont encore en développement. La pollution de l’air nuit à la santé pendant l’enfance et augmente le risque de maladie plus tard dans la vie » indique dans son rapport l’AEE. La pollution ambiante augmente le risque de plusieurs problèmes de santé, dont l’asthme – qui touche 9 % des enfants et adolescents en Europe – ou l’insuffisance et les infections respiratoires, souligne également l’agence. « La fonction pulmonaire et le développement des poumons des enfants sont affectés par la pollution atmosphérique, en particulier par l’ozone et le dioxyde d’azote (NO2) à court terme, et par les particules fines (PM2,5) à long terme » précise l’agence.

Préserver les lieux qui accueillent un jeune public

« Malgré des progrès au cours des années passées, le niveau de plusieurs des principaux polluants de l’air persiste à rester au-dessus des recommandations de l’Organisation mondiale de la santé. » Le 26 octobre, la Commission européenne a annoncé la révision des directives sur la qualité de l’air afin de les aligner plus « étroitement » sur celles de l’OMS beaucoup plus strictes. L’AEE recommande une surveillance plus « étroite » et des actions ciblées pour améliorer la qualité de l’air à proximité des écoles et des jardins d’enfants et dans tout autre environnement centré sur l’enfant, comme les trajets scolaires et les installations sportives et de loisir.