Élisabeth Borne présente les quatre chantiers prioritaires de son gouvernement

Élisabeth Borne a présenté le 26 avril sa feuille de route des « 100 jours d’apaisement » voulue par le président de la République autour de quatre chantiers prioritaires.

Publié le 27/04/2023

6 min

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La Première ministre Élisabeth Borne a présenté le 26 avril sa feuille de route pour les prochains mois et plus exactement pour les « 100 jours d’apaisement » et « de solutions concrètes » voulus par le président de la République. Atteindre le plein emploi et réindustrialiser la France, planifier et accélérer la transition écologique, bâtir de nouveaux progrès et refonder nos services publics, renforcer l’ordre républicain et encourager l’engagement seront les quatre axes prioritaires de la politique gouvernementale ces prochains mois. 

Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui

 

Cette feuille de route « répond directement aux inquiétudes et aux attentes des Français » estime la Première ministre. « Des solutions concrètes », « des actions qui changent la vie », « des réponses aux grands défis de notre temps » a-t-elle énuméré. Pour « accélérer », Élisabeth Borne a présenté l’agenda législatif et les grandes actions à décliner pour notamment réindustrialiser la France tout en décarbonant notre outil industriel et en réduisant les émissions des gaz à effet de serre dans tous les secteurs de l’économie. 

Réussir une réindustrialisation décarbonée

En France, l’industrie représente environ 20 % des émissions de gaz à effet de serre. Elle emploie plus de 3 millions de personnes et regroupe 259 310 entreprises en 2020 selon l’Insee. Mais c’est aussi un secteur qui a beaucoup souffert de la délocalisation. « La France est devenue remarquablement désindustrialisée » estimait dans un rapport publié en novembre 2020 France Stratégie. La part de l’industrie dans la richesse produite en France est passée de 23 % dans les années 80 à 13 % au début des années 2020. Mais cette tendance semble s’améliorer en 2022 : 1 900 start-ups et PME industrielles ont été créées, soit 400 de plus qu’en 2020 et 76 sites industriels ont été inaugurés selon des chiffres publiés début mars par BPI France. Pour décarboner, réindustrialiser et préparer l’industrie de demain, le gouvernement présentera en conseil des ministres à la mi-mai un projet de loi « industrie verte » qui répond à deux objectifs, selon  Matignon : renforcer l’attractivité de la France pour l’implantation des grandes technologies de la décarbonation et accompagner dans sa décarbonation l’industrie. Parmi les mesures concrètes du projet de loi : « faciliter l’implantation et le développement de sites industriels, en adaptant les procédures pour ramener à la moyenne européenne les délais inhérents à l’implantation d’une usine qui sont deux fois plus élevés en France que dans d’autres pays partenaires ou concurrents » indique le ministère de l’Économie et de la souveraineté industrielle. D’ici le mois de juin, la Première ministre a annoncé la finalisation des feuilles de route de la décarbonation des grandes filières industrielles et des 50 sites les plus émetteurs dans le cadre de la planification écologique, qui seront également « déclinées par territoire »  ainsi que les stratégies industrielles en matière d’hydrogène et de technologies de capture de carbone. Outre la poursuite du bouclier tarifaire pour le gaz (fin 2023) et le prolongement de celui sur l’électricité, Élisabeth Borne a réinsisté sur l’un des chantiers majeurs de la rentrée : la négociation du règlement européen sur la réforme du marché de l’électricité et la volonté pour la France de faire payer aux ménages et aux entreprises « des prix qui correspondent aux coûts de production de notre mix électrique ». « Cette nouvelle régulation est aussi une condition de la réussite de la politique de réindustrialisation » ajoute Matignon. Pour la transition écologique, « une taxe carbone aux frontières a été adoptée, les règles pour les aides d’État sont adaptées pour soutenir les industries décarbonées et nous portons des clauses dans les accords internationaux, contre la concurrence déloyale des pays qui ne respectent pas nos critères sociaux et environnementaux «  précise Élisabeth Borne.

Planifier : le maître-mot

Élisabeth Borne souligne que « les trois prochains mois seront l’occasion d’une accélération dans tous les secteurs et à tous les niveaux » sur la planification écologique. En matière d’énergie, la Première ministre indique que « tous les textes d’application » de la loi d’accélération des énergies renouvelables « seront adoptés dans les six mois », que le projet de loi « accélération nucléaire » devrait être définitivement adopté début mai et que la deuxième vague du plan de sobriété est déjà bien avancée – la ministre de la Transition énergétique a de nouveau réuni les groupes de travail sectoriels. En matière de transport, Élisabeth Borne a redit sa volonté de développer l’offre ferroviaire en rappelant l’investissement de 100 milliards d’euros d’ici à 2040 dans le train. Elle  a également annoncé la mise en place du leasing social cet automne avec de premières livraisons de véhicules en 2024. « Un plan d’action concret sera présenté en juin au salon du Bourget. Trop souvent, nos compatriotes ont le sentiment que la lutte contre le dérèglement climatique ne repose que sur eux. Nous voulons au contraire que chacun contribue à la hauteur de ce qu’il peut faire », assure la Première ministre. Pour la rénovation thermique des logements, un accompagnement personnalisé via « Mon accompagnateur rénov », qui conseillera les Français et leur indiquera les professionnels agréés, sera proposé. La Première ministre a également annoncé l’accélération de l’ouverture de guichets « France rénov’ » dans toute la France, avec pour objectif « de disposer d’au moins un guichet par intercommunalité ». En matière de lutte contre le changement climatique, le projet de programmation pluriannuelle de l’énergie, le projet de stratégie nationale bas carbone et le projet de stratégie nationale biodiversité seront rendus publics à l’issue d’un conseil de planification qui se tiendra en juin. « La concertation sur cette stratégie et les échanges avec nos territoires et les filières économiques vont nous permettre de bâtir ensemble un projet de loi de programmation énergie-climat, que nous présenterons à l’automne » a conclu la Première ministre.