Climat : les 2 °C de réchauffement dépassés pour la première fois sur une journée

Selon les prévisions de l’OMM, il est très probable (à environ 90 %) que l’épisode El Niño actuel se poursuive pendant la période de prévision (novembre 2023-avril 2024). Pour l'Europe, octobre 2023 a été le quatrième mois d'octobre le plus chaud jamais enregistré, soit 1,30 °C de plus que la moyenne 1991-2000. © Shutterstock

Publié le 20/11/2023

4 min

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Pour la première fois, la température moyenne mondiale a été vendredi 17 novembre plus de 2 °C supérieure à celle de la moyenne saisonnière à l’ère pré-industrielle, soit au-dessus sur une journée de la limite haute de l’accord de Paris, a annoncé l’observatoire européen Copernicus. Alors que la planète se dirige vers un réchauffement de 2,5 °C à 2,9 °C d’ici 2100, le secrétaire général de l’ONU a réclamé ce 20 novembre des « mesures spectaculaires, maintenant », à quelques jours de la COP28 sur le climat et alors que l’année sera très probablement selon Copernicus l’année la plus chaude jamais enregistrée sur Terre.

Par la rédaction, avec AFP  

 

Les températures mondiales ont été, le 17 novembre, 2,07 °C au-dessus de la moyenne de 1850 à 1900, a indiqué lundi sur X (ex-Twitter) le service changement climatique (C3S) de Copernicus. « Il s’agit du premier jour où la température mondiale a dépassé de plus de 2 °C » les niveaux pré-industriels, avait souligné Samantha Burgess, cheffe adjointe du C3S, en annonçant dimanche sur X une mesure provisoire de 2,06 °C. Ce seuil a de nouveau été dépassé samedi avec une anomalie de température de 2,06 °C, selon des données provisoires qui doivent être confirmées d’ici mardi. Cette barre de 2 °C devrait toutefois être franchie en moyenne sur plusieurs décennies pour considérer la limite de l’accord de Paris dépassée.

Un réchauffement évalué à 1,2 °C par rapport à 1850-1900

Signé en 2015 à l’issue de la COP21, l’accord de Paris vise à maintenir « l’augmentation de la température moyenne mondiale bien en dessous de 2 °C au-dessus des niveaux préindustriels » et de poursuivre les efforts « pour limiter l’augmentation de la température à 1,5 °C« . Dans un rapport spécial du Giec de 2018, les experts du climat réunis sous l’égide de l’ONU ont retenu comme définition du réchauffement une moyenne « sur une période de 30 ans » par rapport « à la période de référence 1850-1900« . Le climat actuel est considéré comme réchauffé d’environ 1,2 °C par rapport à 1850-1900. Début novembre, les scientifiques du programme Copernicus indiquaient qu’octobre 2023 a été le mois d’octobre « le plus chaud jamais enregistré à l’échelle mondiale », avec une température moyenne de l’air en surface de 15,3 °C, soit 0,85 °C de plus que la moyenne 1991-2020 d’octobre et 0,4 °C de plus que le précédent mois d’octobre le plus chaud, en 2019. « Nous pouvons affirmer avec une quasi-certitude que 2023 sera l’année la plus chaude jamais enregistrée et qu’elle se situe actuellement à 1,43 °C au-dessus de la moyenne préindustrielle » souligne Samantha Burgess.

Le seuil des 2 °C franchi

Ces premières journées au-dessus du seuil de 2 °C s’inscrivent dans une série de records : les mois de juin à octobre ont déjà été les plus chauds jamais enregistrés dans le monde, selon Copernicus, pour qui 2023 dépassera avec une « quasi-certitude » le record annuel de 2016. Octobre 2023 était « 1,7 °C plus chaud que la moyenne d’un mois d’octobre sur la période 1850-1900« , a expliqué l’observatoire début novembre. Depuis le 1er janvier, « 86 jours ont été enregistrés avec des températures dépassant de 1,5 °C les niveaux préindustriels« , a souligné lundi le Programme de l’ONU pour l’environnement (Pnue) en préambule d’un rapport alarmant sur l’insuffisance des réductions d’émissions de gaz à effet de serre.

Il faut des « mesures spectaculaires »

Ces records de températures se traduisent par des sécheresses synonymes de famines, des incendies dévastateurs ou des ouragans renforcés, avertissent les scientifiques, et seront en toile de fond de la 28e conférence climatique des Nations unies à Dubaï. Car dans les faits, les scientifiques ont déjà prévenus : les épisodes de canicule sont appelés à se multiplier. L’Organisation météorologique mondiale qui a publié le 15 novembre son bulletin annuel mondial sur les gaz à effet de serre estime qu’entre 2000 et 2019, environ 489 000 personnes sont mortes chaque année du fait de la chaleur, essentiellement en Asie (45 %) et en Europe (36 %). L’OMM estime à 60 000 le nombre de décès causés par la chaleur extrême de l’été 2022 dans 35 pays européens. « Les dirigeants doivent redoubler d’efforts de façon spectaculaire, avec des ambitions records, des actions records et des réductions des émissions records« , a lancé le secrétaire général des Nations unies António Guterres. « Cela nécessite d’arracher les racines empoisonnées de la crise climatique : les énergies fossiles« , a-t-il insisté devant la presse à l’occasion de la publication d’un rapport annuel de l’ONU sur l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions. Le « canyon » entre les engagements des États et ce qui serait nécessaire pour respecter les objectifs de l’accord de Paris constitue « un échec de leadership, une trahison de ceux qui sont vulnérables et une immense occasion ratée« , a fustigé António Guterres.