Allemagne : les stocks de gaz tombés à un niveau « inquiétant »

Robert Habeck, vice-chancelier et ministre fédéral de l’Economie et du Climat de l’Allemagne, a rencontré lundi 7 février à Paris la ministre française de la Transition écologique. Les ministres ont échangé au sujet des négociations sur les textes du paquet « Fit for 55 » dans le cadre de la présidence française du Conseil de l’Union européenne.

Publié le 09/02/2022

3 min

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Le niveau des réserves de gaz en Allemagne, particulièrement scruté dans le contexte des tensions avec la Russie, est récemment descendu à un niveau « inquiétant », a indiqué ce 9 février une porte-parole du ministère de l’Économie et du climat. Une inquiétude également partagée par l’exécutif européen alors que les stockages de gaz n’ont jamais été aussi bas en Europe.

Par la rédaction avec AFP

« Nous surveillons la situation des niveaux de stockage et elle est certainement inquiétante », a déclaré la porte-parole du ministère de l’Économie allemand lors d’une conférence de presse du gouvernement, notant que les stocks étaient tombés à 35-36 %, contre 40 % il y a peu et 82 % en 2020 à la même période. La question de savoir si les réserves de gaz seront suffisantes pour passer l’hiver en Allemagne alimente les titres de la presse depuis plusieurs semaines, à mesure que se durcit le bras de fer sur l’Ukraine entre la Russie, l’Europe et les États-Unis.

La moitié des exportations allemandes sont russes 

Plus de 55 % des importations allemandes de gaz viennent de Russie, un chiffre en hausse de 15 points depuis 2012, alors que les livraisons à l’Europe sont devenues un outil de pression pour Vladimir Poutine. Jusqu’ici, le gouvernement d’Olaf Scholz a toujours affirmé que « l’approvisionnement était assuré » en Allemagne et qu’il n’y avait pas de risque de pénurie. Or, selon un rapport du ministère de l’Économie et du climat, une réserve de 40 % ne permettrait de faire face qu’à sept jours de températures polaires. « Si le conflit en Ukraine s’aggrave et que la Russie arrête effectivement les livraisons à l’Allemagne, nous serions confrontés à une nouvelle crise du gaz. En conséquence, les prix du gaz continueraient d’augmenter – et avec eux les coûts pour les consommateurs et l’économie dans son ensemble », avertissait l’institut économique berlinois DIW dans une note fin janvier.

La politique européenne de stockage mise à mal

Avec des prix du gaz extrêmement haut en Europe (dépassant l’Asie), l’UE pourrait payer très cher, au sens propre comme au figuré, sa dépendance au gaz russe, elle qui parle seulement aujourd’hui de créer une réserve stratégique de gaz. Début septembre, l’Europe avait fait déjà part de son inquiétude avec des réserves de gaz naturel de l’Union européenne en-dessous des niveaux normaux. Ces réserves, qui ont la capacité de stocker plus de 117 milliards de mètres cubes de gaz naturel, soit environ un cinquième de la consommation annuelle de l’UE, étaient remplies à hauteur de 745 TWh, soit à 67 % de ses capacités, un niveau historiquement bas pour la période. La France affichait de son côté au 1er septembre un taux de remplissage à 80 % et même à 95 % au 1er novembre, rendant sa situation plus favorable que beaucoup d’États membres et particulièrement l’Allemagne, les Pays-Bas et l’Italie. « Les soutirages ont été soutenus jusqu’à fin janvier, mais des réinjections ont été opérées pendant les fêtes de fin d’année » précisait GRTgaz il y a quelques jours, précisant qu’au 31 janvier, les stockages français étaient remplis à hauteur de 33 % « un niveau légèrement plus bas que l’historique » pour le principal gestionnaire de transport de gaz en France qui n’émet pas d’alerte « mais vigilant pour la suite de l’hiver ».

Crédit : Gaz d’aujourd’hui.