La France a consacré plus de 7 milliards à la finance climat en 2024

Finance verte
09/11/2025
6 min
Au fil des COP, la finance climat est devenue l’un des piliers de l’accord de Paris (2015). Celui-ci vise à rendre tous les flux financiers — publics comme privés — compatibles avec une trajectoire bas carbone et résiliente au climat (article 2.1 c).©Shutterstock

Le gouvernement français a rendu public jeudi le montant 2024 des financements pour le climat de la France, similaire à l’année dernière et toujours parmi les plus élevés au monde, à quelques heures du début de la COP30 à Belém, au Brésil.

Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui

En 2024, la France a fourni 7,2 milliards d’euros à des projets aux retombées positives pour la planète dans les pays en développement, dont 3 milliards qui sont dédiés à l’adaptation au changement climatique, précise Bercy dans un communiqué. Ces sommes, qui passent généralement par l’Agence française de développement (AFD), prennent majoritairement la forme de prêts (79 %) et de dons (15 %).

La France, deuxième contributeur de l’UE

L’Hexagone a déboursé quelque 7,2 milliards d’euros en 2024, avec des crédits légèrement réhaussés pour l’adaptation par rapport à 2023. Mais la France figure parmi « les principaux contributeurs de la finance climat internationale » note l’entourage de Monique Barbut, ministre de la Transition écologique, évoquant que notre pays « fait sa juste part ». L’Union européenne, qui a atteint 31,7 milliards d’euros en matière de finance climat en 2024, marque une progression par rapport aux années précédentes : ainsi, en 2023, le montant public était de 28,6 milliards d’euros. Cela permet à l’UE de continuer à revendiquer sa place de leader dans la finance climat internationale. Au sein de l’Union européenne, la France est le deuxième pays contributeur derrière l’Allemagne qui a mobilisé 11, 8 milliards d’euros (dont 6,1 milliards de fonds publics). « Pour la quatrième année consécutive, « la France dépasse largement l’objectif de 6 milliards d’euros par an sur la période 2021-2025 fixé par le président de la République en 2020 » indique Bercy, avec des engagements constants depuis cette date : 6,1 milliards d’euros de finance climat fournis en 2021 (dont 2,2 milliards pour l’adaptation), 7,6 milliards en 2022, dont 2,6 milliards pour l’adaptation, 7,2 milliards en 2023 dont 2,8 milliards pour l’adaptation. L’Union européenne et la France resteront « complètement mobilisées et engagées sur le climat » malgré le climate bashing permanent instauré par le locataire de la Maison-Blanche. La France a également lancé le pacte pour la prospérité, les peuples et la planète (4P) et la taskforce sur les contributions internationales de solidarité (GSLTF).

Une décennie brûlante

D’après la mise à jour 2025 sur l’état du climat mondial publiée jeudi par l’Organisation météorologique mondiale (OMM), l’année 2025 devrait être la deuxième ou la troisième plus chaude jamais enregistrée. De 2015 à 2025, le monde aura connu la décennie la plus chaude de l’histoire, selon l’organisation. « Il sera pratiquement impossible de limiter le réchauffement à 1,5 °C dans les prochaines années sans un dépassement temporaire », a averti Celeste Saulo, secrétaire générale de l’OMM. La fonte record des glaces arctiques et antarctiques, la montée accélérée du niveau des mers et la multiplication des catastrophes naturelles dessinent une trajectoire alarmante.

La finance climat, késako ?

La finance climat désigne l’ensemble des flux financiers – publics, privés, nationaux ou internationaux – destinés à soutenir les actions de lutte contre le changement climatique. Elle repose sur un principe fondateur des négociations climatiques depuis la COP15 de Copenhague (2009) : les pays développés se sont engagés à mobiliser 100 milliards de dollars par an au profit des pays en développement, afin de les aider à réduire leurs émissions (atténuation) et à s’adapter aux impacts du réchauffement.

Dépasser le cap des 100 milliards

 L’objectif mondial a été dépassé pour la première fois en 2022, avec 115,9 milliards de dollars comptabilisés par l’OCDE. Il sera de nouveau discuté à Belém. « La définition d’un nouvel objectif de financements climatiques – dit « NCQG », pour « New Collective Quantified Goal on Climate Finance » – sera l’un des enjeux majeurs de cette COP » rappelle Paris. À Bakou l’année dernière, un nouvel accord obtenu sur la finance climat a été obtenu avec l’adoption de deux nouveaux objectifs de financements à l’échelle mondiale pour les pays en développement, à l’horizon 2035. D’une part, un objectif de 300 milliards de dollars de financements publics et privés mobilisés par des financements publics à horizon 2035, qui prend le relais de l’objectif de 100 milliards. D’autre part, un « objectif aspirationnel » de 1 300 milliards de dollars de financements vers les pays en développement, à horizon 2035 également, incluant l’ensemble des sources publiques et privées.

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