Biopropane : un facteur d’émission évalué à 43 gCO₂e/kWh

Empreinte carbone
06/11/2025
6 min
En France, plus de 30 000 communes, soit 94 % du territoire national, sont en zone rurale où réside 33 % de la population, dont 72 % a recours aux gaz liquides pour se chauffer et cuisiner. © Shutterstock

La décarbonation du biopropane connait une nette amélioration selon une étude publiée en début d’année 2025. Le biopropane affiche désormais un facteur d’émission évalué à 43 gCO₂e/kWh sur la base « Empreinte » de l’Ademe, annonce France gaz liquides, contre 74 gCO₂e/kWh en 2020. En effet, les émissions de gaz à effet de serre (GES) associées au biopropane issu du procédé HVO (hydrotreated vegetable oils) connaissent une nette amélioration. En cause : un bouleversement du mix d’intrants utilisé pour produire le biopropane, qui substitue désormais massivement les déchets organiques aux huiles végétales agricoles.

 

Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui

La filière du biopropane poursuit sa mue silencieuse mais profonde indique ce 6 novembre France gaz liquides. « Cette mise à jour confirme la contribution croissante du biopropane à la décarbonation de l’énergie dans les territoires ruraux. C’est une preuve que la transition énergétique peut s’appuyer sur des solutions concrètes, existantes et durables » souligne dans un communiqué, Aurélien Barbé, président de France gaz liquides. L’association représentante de la filière en France indique que le biopropane émet « 85 % d’émissions en moins que le propane ».

Des intrants plus vertueux

En 2020, le biopropane français provenait encore à près des deux tiers (65 %) de l’huile de palme, complétée par du colza, du tournesol et quelques résidus d’huiles usagées. Trois ans plus tard, le paysage s’est radicalement transformé : en 2023, la part de l’huile de palme chute à 9 %, remplacée par 59 % de graisses animales et 23 % d’huiles de cuisson usagées (UCO). Une bascule majeure qui réduit fortement le contenu carbone du produit final. « Cette évolution illustre la montée en puissance des ressources circulaires, issues du déchet, dans la production d’énergies liquides et gazeuses renouvelables », explique Cecilia Bergman, co-autrice de l’étude « Mise à jour simplifiée des facteurs d’émissions de GES associés au biopropane issu d’huile végétales hydro-traitées (HVO) » publiée en janvier 2025. Les nouveaux intrants, principalement des coproduits de l’agroalimentaire et de l’équarrissage, « nécessitent peu de traitement » et présentent des bilans environnementaux « bien plus favorables » indique l’étude.

Des facteurs d’émission en forte baisse

L’étude, fondée sur les données de la base « Empreinte » de l’Ademe, met en évidence des écarts considérables selon l’origine du biopropane. Par exemple, un biopropane issu d’huiles usagées affiche un facteur d’émission moyen de 0,02 kgCO₂e/kWh, soit près de 10 fois inférieur à celui du propane fossile. Les graisses animales génèrent environ 0,05 kgCO₂e/kWh, quand l’huile de palme sans capture de méthane culmine à 0,08 kgCO₂e/kWh. Résultat : le mix moyen 2023 affiche une réduction d’environ 70 % des émissions de GES par rapport au mix 2020, confirmant la trajectoire de décarbonation de la filière.

Un co-produit stratégique de la filière HVO

Le biopropane HVO est un co-produit de la production de biodiesel avancé, obtenu lors de l’hydrogénation d’huiles et graisses. Il conserve les mêmes usages et infrastructures que le propane classique : chauffage, cuisson, carburant ou applications industrielles, mais avec un bilan carbone bien plus favorable. Cette compatibilité permet à la filière des gaz liquides de verdir rapidement ses offres sans transformation lourde du réseau. En France, des acteurs comme Primagaz, Antargaz ou Butagaz intègrent déjà le biopropane dans leurs portefeuilles pour les sites non raccordés au réseau gazier.

Un signal pour être visibilisé dans la politique énergétique nationale ?

Sur le plan politique, cette mise à jour tombe à point nommé. Le biopropane cherche sa place dans la programmation énergétique française et souhaite s’inscrire dans la décarbonation des usages diffus, notamment en milieu rural ou pour les industries hors réseau. La récente évolution du mix d’approvisionnement et l’évolution de son facteur d’émission, « renforce sa crédibilité environnementale », indique France gaz liquides, un élément essentiel pour son intégration dans les mécanismes de certification et de soutien (comme les dispositifs de garanties d’origine ou le futur cadre RED III). Pour l’association, cette mise à jour consolide son rôle. « Le biopropane n’est plus un produit marginal mais une brique essentielle de la transition énergétique, issue d’un modèle circulaire, local et soutenable. » Pour rappel, la filière estime qu’elle sera en mesure d’intégrer 10 % de biopropane dans les équipements de chauffage et d’eau chaude sanitaire à horizon 2033.

Alors que les grandes compagnies pétrolières multiplient les investissements dans les unités HVO, la disponibilité croissante de biopropane et ses émissions comparables au biométhane en font un « candidat crédible », espère la filière, pour intégrer des politiques publiques venant soutenir l’offre mais aussi la demande.

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