Mobilité : l’Association européenne du biogaz milite pour une démarche en ACV

Publié le 08/05/2021

5 min

Publié le 08/05/2021

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L’Association européenne du biogaz (EBA) demande à la Commission européenne d’éliminer les obstacles au déploiement de carburants et de technologies durables et matures pour décarboner le secteur des transports en intégrant notamment une démarche en analyse de cycle de vie (ACV). 

Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui

 

L’approche retenue actuellement par Bruxelles, notamment dans sa taxonomie verte du « tank to wheel », ne prend pas en compte les gains apportés par les carburants d’origine renouvelable comme le bioGNV, au contraire d’une analyse en cycle de vie (ACV). Une situation qui inquiète fortement l’EBA. Alors que l’Union européenne construit sa politique climatique pour être en phase avec ses nouvelles ambitions, cette approche favorise « le développement de l’électricité verte mais entrave le déploiement d’autres carburants et technologies durables » estime l’association. Pourtant, pour l’EBA comme pour l’Association européenne du (bio)gaz naturel véhicules (NGVA), cette technologie doit être soutenue alors que la Commission européenne va se lance prochainement dans la révision des dossiers législatifs clés concernant l’avenir des transports, notamment le règlement sur les émissions de CO2 des voitures et des camionnettes, ainsi que la directive sur les infrastructures de carburants alternatifs.

Une pétition pour réclamer davantage de soutien politique

Pour interpeller la Commission européenne, l’EBA a coordonné une pétition qui a reçu une quinzaine de signatures de membres du Parlement européen issus de différents groupes politiques, principalement d’ailleurs des pays nordiques. Pour le député européen Jakop Dalunde appartenant au groupe des Verts/ALE et membre de la commission des transports « la neutralité carbone ne pourra être atteinte que si le secteur du transport se décarbone » et dans ce contexte il insiste sur la nécessité pour l’UE de faire appel à toutes les technologies disponibles « et sur le biométhane pour répondre à la demande croissante de solutions renouvelables et sans fossiles« . Un avis partagé par sa collègue, membre de la même commission et du groupe PPE, Henna Virkkunen qui estime pour sa part que se priver d’alternatives disponibles et qui fonctionnent serait à contrecourant de la volonté de l’UE de réduire les émissions du secteur du transport. Dans cette pétition, les cosignataires réclament davantage de soutien politique pour les technologies alternatives et soulignent l’importance du biométhane comme solution mature, disponible et économiquement viable pour participer à l’atteinte des objectifs climatiques de l’UE. Alors que la Commission européenne devrait proposer en juin une révision des normes de CO2 pour les voitures et les camionnettes, ils réclament également que la révision des textes structurants pour le déploiement de la mobilité en Europe intègre la démarche ACV et puisse tenir compte des émissions tout au long de la chaîne du puits à la roue.

Favoriser une approche du puits à la roue

Alors que la norme actuelle ne mesure que les émissions d’échappement, ils sont nombreux en France comme en Europe a demander dès à présent que le cycle de vie complet des émissions des véhicules soit évalué au niveau de l’UE. Au niveau législatif, cette prise en compte devrait avoir lieu au plus tard en 2023. La Commission devra également évaluer s’il convient de disposer d’une méthodologie commune pour l’évaluation et la communication des données. L’adoption d’une approche « du puits à la roue » garantirait la reconnaissance des multiples avantages environnementaux du biométhane en tant que carburant pour les transports insiste l’EBA qui souligne que le biométhane produit localement répond également à une logique d’économie circulaire et d’attractivité sur les territoires ruraux alors que la production de biogaz est en pleine essor en Europe avec 200 TWh aujourd’hui et devrait « au moins doubler d’ici 2030 » selon plusieurs études mises en avant par l’EBA. Pourquoi est-ce si important de raisonner en ACV ? En premier lieu car la législation actuelle, basée sur le « tank to wheel » ne mesure qu’une partie des émissions produites mais surtout parce qu’elle dissuade les constructeurs automobiles de développer et de proposer des voitures et des camionnettes équipées de moteurs à combustion interne (MCI), qui constituent actuellement la technologie la plus courante. Une production de moteurs qui pourrait continuer en substituant le diesel par du biométhane ou des biocarburants.À titre d’exemple, selon une étude menée par l’IFP Énergies nouvelles en 2019, un véhicule moyenne gamme roulant exclusivement au bioGNV, toute motorisation confondue, affiche un gain de 36 % en comparaison à un véhicule électrique (60 kWh). Pour l’EBA, toutes les carburations durables doivent être soutenues (politiquement et financièrement) de la même manière et selon une même méthodologie basée sur la neutralité technologique.