L’important c’est de respirer !

Pékin, en Chine souhaite améliorer la qualité de son air grâce au gaz.

Publié le 21/02/2016

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Publié le 21/02/2016

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L’union internationale du gaz (IGU) a publié le 3 décembre 2015 les résultats d’une étude mettant en évidence les effets positifs qu’aurait une utilisation élargie du gaz naturel dans les grandes mégalopoles.

Le rapport de décembre de l’IGU, paru lors des négociations de la COP 21, souligne s’il en était encore besoin l’importance des enjeux autour de la qualité de l’air, particulièrement dans les grandes villes. Les images des habitants de Pékin, le visage recouvert de poussière noire, s’affichent régulièrement en une ces dernières années. C’est une problématique mondiale qui ne cesse de s’intensifier depuis plusieurs décennies et qui occupe aujourd’hui une place prépondérante dans le débat public.

Par Laura Icart

 

Une question de santé publique ?

Lorsque l’on parle de qualité de l’air, on parle aussi de qualité de vie et par conséquent de santé publique. Sept millions de personnes, dont plus de 50 % de citadins, décéderaient prématurément chaque année des effets directs ou indirects de la pollution atmosphérique. Le nombre de maladies respiratoires liées à cette pollution est en constante augmentation. À l’horizon 2050, les Nations unies estime que 50 à 70 % de la population mondiale habitera dans de grandes villes. C’est dire si trouver des solutions pour améliorer la qualité de l’air est un enjeu crucial pour tous les États du monde.

Les résultats mis en avant par l’IGU montrent que l’adoption du gaz naturel pour produire de l’énergie, pour se chauffer et via son utilisation dans l’industrie permettrait de réduire de manière significative les émissions de gaz à effet de serre, de mercure et des particules atmosphériques. Ils montrent également le lien existant entre la réduction de gaz à effet de serre et la réduction des émissions d’autres polluants atmosphérique tels que les particules fines, le dioxyde de soufre ou encore l’ozone troposphérique. Le constat est sans appel : le gaz naturel est l’énergie qui rejette le moins de polluants dans l’atmosphère.

Quatre villes pilotes

New York, Istanbul, Toronto et Pékin ont un point commun : elles veulent toutes améliorer la qualité de leur air et ainsi éviter les décès prématurés de milliers de personnes chaque année. Ces grandes mégalopoles ont déployé de vastes programmes en ce sens, dans lesquels elles ont placé le gaz naturel entre autres parmi les réelles pistes d’amélioration de la qualité de vie de leurs habitants.

En 1990, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a détecté à Istanbul un taux de dioxyde de soufre (SO2) presque onze fois supérieur à ses recommandations, qui aurait causé selon des estimations de l’OCDE plus 3 000 décès. Depuis vingt-cinq ans, la généralisation du gaz naturel pour le chauffage et la cuisine notamment a contribué à améliorer la qualité de vie des Stambouliotes.

Toronto aussi a effectué un grand virage il y a une dizaine d’année, date à laquelle elle a décidé d’instaurer un programme de suppressions des centrales à charbon. À cette époque, les services sanitaires de la ville estimaient à 1 700 le nombre de décès prématurés. En 2014, le gaz est devenu le principale combustible de remplacement et le taux de décès a diminué à cette même période de près de 20 %.

À New York, les autorités ont tiré la sonnette d’alarme en 2007 quand les niveaux d’ozone et de particules fines1 ont dépassé les normes préconisées par l’Agence américaine de protection de l’environnement (EAC). Un plan de développement durable (PlaNYC) a été adopté, ainsi que différentes mesures drastiques destinées à réduire les émissions. Le recours notamment au gaz naturel dans des bâtiments à forte consommation de pétrole ont permis à la Grosse Pomme de diminuer de près de 70 % ses concentrations d’oxydes de soufre ; son taux de PM 2,5 est redevenu conforme en 2014 et la ville enregistrait une baisse annuelle de 780 décès.

Pékin quant à elle est doublement un symbole : la ville et la Chine en général payent un lourd tribut à la pollution de l’air chaque année – entre 1,2 et 1,6 million de décès. Un nuage noir stagne en permanence au-dessus de la capitale chinoise qui a enregistré en 2014 un taux de PM 2,5 plus de dix fois supérieur aux niveaux préconisés. La région de Pékin souhaite réduire de 25 % son taux de particules fines d’ici 2017 avec un plan d’actions qui prévoit notamment l’interdiction d’industries trop polluantes et le remplacement du charbon par des énergies renouvelables et par le gaz naturel.

Des conclusions évidentes

New York, Istanbul, Toronto et Pékin ne sont que des exemples mais ces mégalopoles se sont engagées dans une politique énergétique plus respectueuse de leurs populations. D’autres suivront sûrement.

Fort de ce constat, l’UIG soutient les politiques de réduction des gaz à effets de serre et de polluants atmosphériques. Elle préconise l’utilisation massive du gaz naturel, le recours à des combustibles de substitution à faible teneur en carbone et une utilisation plus élargie des énergies renouvelables non combustibles. Véritable enjeu de santé publique, la pollution de l’air, dans un mix énergétique en pleine mutation, est et restera l’une des principales préoccupations des habitants de cette planète.

1 PM 2,5 : particules dont le diamètre est inférieur à 2,5 micromètres.