Une Afrique gazière

Publié le 15/12/2016

5 min

Publié le 15/12/2016

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Le gaz naturel est une ressource abondante en Afrique. Sa production, sa consommation et ses usages sont très éparses d’un pays à un autre mais le gaz, par sa disponibilité et ses multiples combinaisons possibles avec d’autres énergies, notamment renouvelables, est un moteur non négligeable pour un continent qui doit répondre à de nombreux défis, économiques, démographiques et climatiques.

par Laura Icart

L’Afrique est à l’orée de très gros enjeux énergétiques. Dans les années à venir, en Afrique du Nord, la demande d’énergie primaire va doubler et le gaz devrait prendre le pas sur le pétrole. En Afrique subsaharienne, si les énergies fossiles auront une place prépondérante, le gaz s’imposera petit à petit, notamment face à la biomasse (combustion du bois) qui restera la ressource vitale de nombreux Africains. En Afrique de l’Est, les récentes découvertes offshore au Mozambique et en Tanzanie laissent présager de belles perspectives au développement du gaz, à condition que des moyens financiers et humains soient mis en œuvre. En 2014, le continent a fourni près de 6 % du gaz naturel produit au niveau mondial et en a consommé un peu plus de la moitié (3,5 %) (BP Statistical).

L’Afrique du Nord

L’Afrique du Nord (l’Algérie, la Libye, l’Égypte, la Tunisie et le Maroc) produit beaucoup de gaz naturel. C’est particulièrement vrai pour l’Algérie (83,3 giga mètres cubes) et pour l’Égypte (48,7 Gmᶟ) en 2014. Si l’Algérie exporte environ 50 % de sa production (un tiers sous forme de GNL) à destination des pays européens, l’Égypte n’exporte plus de gaz depuis 2014, celui-ci étant totalement absorbé par le marché intérieur. Les récentes découvertes pourraient permettre au pays dirigé par le maréchal Sissi d’être à nouveau bénéficiaire à l’export. Si l’on cumule les réserves prouvées de gaz naturel dans cette région, elles sont les plus importantes du continent, environ 8 téra mètres cubes en 2014, situées principalement en Algérie, en Égypte et en Libye. Cette zone est également une grande consommatrice et productrice de GPL particulièrement le Maroc qui en importe et l’Algérie qui pour sa part le récupère à partir de production de gaz naturel.

En résumé, l’Afrique du Nord enregistre plus de 80 % de la production totale de gaz du continent. Elle a bénéficié de sa proximité avec les marchés européens lui permettent de construire un système développé de gazoducs reliant de grands sites de production, et a elle profité d’une demande interne importante ainsi que d’investissements de grandes compagnies pétrolières et gazières.

L’Afrique subsaharienne

L’Afrique subsaharienne produira près de 175 milliards de mètres cubes de gaz naturel par an (mmᶟ/an) d’ici 2040, selon des estimations de l’Agence internationale de l’énergie (AIE). L’Angola, le Mozambique, le Nigeria et la Tanzanie en seront les premiers producteurs. Selon les prévisions du Citac, cabinet d’études spécialisé sur l’Afrique, la consommation annuelle de GPL devrait progresser de 5 % par an en moyenne pour atteindre 5,7 millions de Tmᶟ en 2030.

En Afrique de l’Ouest, le principal pays gazier est le Nigeria qui possède la plus grande réserve gazière prouvée (associée au pétrole) du continent (5 Tmᶟ en 2014). Sa production représenterait à elle seule environ 15 % de la production de gaz africain, cela dû en grande partie à la croissance rapide du GNL dont elle est l’un des plus gros exportateurs sur le marché mondial grâce à la construction ces dernières années de plusieurs usines de liquéfaction. Le Nigeria est également un important producteur de GPL.

En Afrique centrale, le gaz naturel produit est majoritairement réinjecté dans les gisements de pétrole. Des unités de GNL sont en fonctionnement en Guinée équatoriale, en Angola, au Gabon et une usine flottante entrera en service au deuxième trimestre 2017 au Cameroun. L’Angola a produit 560 MMt (millions de mètres cubes)  de GPL en 2014.

En Afrique de l’Est, le Mozambique demeure le principal producteur. Les découvertes offshore dans ce pays, que certains spécialistes qualifient d’exceptionnelles en évoquant des quantités similaires au Nigeria et dans une moindre mesure en Tanzanie, ont ouvert un nouveau « champ des possibles ». Le gaz pourrait être utilisé pour produire de l’électricité et considérablement améliorer la situation régionale.

L’Afrique du Sud, économie la plus industrialisée d’Afrique, dépend presque entièrement du charbon et importe 77 % de son gaz naturel. Elle produit du GPL (432 MMt en 2014), utilisé en grande partie pour sa consommation intérieure. « L’Afrique du Sud va faire face à un véritable déficit énergétique après 2020. Le gaz naturel pourrait jouer un rôle important pour le combler », a indiqué en septembre 2015 le cabinet de conseil américain McKinsey.

 

4% : C’est le pourcentage d’énergie consommée par les Africains à l’échelle internationale, alors qu’ils représentent 13 % de la population mondiale (estimation AIE, 2014).