Un tuyau nommé TAP

Publié le 14/03/2017

3 min

Publié le 14/03/2017

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Depuis de nombreuses années, le projet de corridor gazier sud-européen focalise l’attention des acteurs qui envisagent de faire transiter du gaz par la région de la mer Noire et l’Europe du Sud-Est, puis de l’acheminer vers les marchés d’Europe de l’Ouest. Pour les pays d’Europe du Sud-Est, l’enjeu est important, car la plupart de ces États font face à une situation compliquée en matière d’approvisionnement énergétique. TAP est un maillon de ce vaste projet de plusieurs gazoducs soutenu par les institutions européennes, qui devrait permettre à terme de transporter vers le marché européen le gaz naturel de la mer Caspienne (Azerbaïdjan). Il partira de la frontière gréco-turque et traversera la Grèce, l’Albanie et la mer Adriatique pour arriver en Italie. État des lieux.

Par L.I.

Long d’environ 871 km (547 km en Grèce, 215 km en Albanie, 105 km sous la mer Adriatique, 8 km en Italie) et ayant un diamètre de 48 pouces, le projet de « Trans Adriatic Pipeline », surnommé plus communément « TAP », prévoit l’acheminement du gaz extrait du gisement de Shah Deniz II vers le sud de l’Italie puis vers l’Europe de l’Ouest, via la Grèce et l’Albanie en passant à travers la mer Adriatique. Il se joindra au gazoduc transanatolien (dit « Tanap ») à Kipoi, village grec situé à la frontière turque. Rappelons que les principaux actionnaires du projet TAP sont BP (20 %), la Socar (20 %), Snam (20 %), la belge Fluxys (19 %), l’espagnole Enagás (16 %) et la suisse Axpo (5 %).

Il y a à peine un an, la construction du gazoduc a été officiellement lancée à Thessalonique, en Grèce. Ce démarrage du chantier intervenait quelques mois après la décision de la Commission européenne autorisant le nouvel accord entre les autorités grecques et l’entreprise Trans Adriatic Pipeline AG (TAP), soulignant que projet améliorera sensiblement la sécurité et la diversité de l’approvisionnement énergétique de l’UE sans fausser la concurrence dans le marché intérieur.

Un chantier en plein boom

Le 14 mars dernier, l’entreprise TAP AG annonçait qu’un tiers des 53 000 tubes nécessaires à la construction du gazoduc étaient alignés en bord de piste en Grèce et en Albanie. L’entreprise précisait même que 75 % des tubes qui seront utilisés dans la construction du tronçon en Albanie (plus de 215 km) avaient été livrés aux chantiers. « La construction devrait s’achever fin 2018 » affirmait l’entreprise. « Les travaux sur le tronçon de Grèce du gazoduc vont bon train. En 2019, le pipeline sera testé et en 2020 il sera complètement prêt », a déclaré Rikard Scoufias, manager de TAP pour la Grèce.

Et de nouvelles annonces

La Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd) a annoncé le 18 février son intention d’allouer un crédit pour le financement conjoint du projet TAP. Dans le même temps, la Commission européenne a octroyé 14 millions d’euros pour le projet du gazoduc, une somme qui sera dépensée pour mener des fouilles archéologiques le long du chantier.

CARTE D’IDENTITÉ
Transadriatique (TAP)
OBJECTIF :
relier la Turquie à l’Italie via l’Adriatique sur 880 km, en prolongement du Tanap.
AVANTAGE :
éviter de passer par la Russie pour le transfert gazier.
COÛT :
estimé à 1,6 milliard d’euros.
CAPACITÉ :
10 milliards de mètres cubes de gaz naturel par an, avec possibilité de la porter à 20 milliards de mètres cubes.