Teréga : des territoires, des réseaux et toujours la même énergie

Publié le 05/04/2018

8 min

Publié le 05/04/2018

Temps de lecture : 8 min 8 min

Le 4 avril, quelques jours après la destruction des deux dernières cheminées du bassin de Lacq, TIGF a annoncé son changement de nom : le gestionnaire de réseau s’appelle désormais Teréga. Retour sur cette nouvelle identité et sur les ambitions de l’entreprise avec son président-directeur général Dominique Mockly.

Propos recueillis par Laura Icart

 

Parlez-nous de votre nouvelle marque Teréga : impulse-t-elle une nouvelle stratégie d’entreprise ?

Depuis plusieurs années, le secteur énergétique connaît une profonde mutation. Nous pensons que le gaz peut faire le lien entre le modèle historique, reposant en grande partie sur une production centralisée et essentiellement fossile, et le modèle du futur, à empreinte carbone nulle grâce à un mix énergétique diversifié, à dominante renouvelable, provenant de sources plus délocalisées. Pour accompagner le défi de la transition énergétique, nous avons choisi de nous appeler Teréga. Ce nom, à la sonorité puissante, contemporaine et facile à mémoriser, évoque à la fois les territoires sur lesquels nous opérons, les réseaux que nous développons et bien sûr le gaz, énergie clé de la transition énergétique. Cette nouvelle marque, cette nouvelle identité, nous l’avons voulue ancrée dans la transition énergétique avec un positionnement plus clair, tourné vers l’innovation, le digital et surtout au plus proche de nos clients. Nous avons construit notre projet d’entreprise « Impacts 2025 » avec cette même ambition. Avec notre programme « BE Positif », nous nous fixons comme objectif d’atteindre une empreinte environnementale nulle à l’horizon 2020 et positive dès 2025. Pour cela, nous appliquons le fameux « éviter, réduire, compenser » avec une devise : avoir un impact minime sur l’environnement. Aujourd’hui, nous devons faire des choix : décarboner l’énergie, créer des synergies entre les énergies mais aussi décarboner la mobilité. Chez Teréga, nous avons la conviction que le gaz a un rôle clé à jouer pour répondre aux défis énergétiques français et européens de demain.

Le 1er novembre 2018, il y aura en France une zone de marché unique du gaz appelée TRF (Trading Region France). Quels sont ses avantages ? Cette TRF ouvre-t-elle de nouvelles opportunités pour Teréga ?

La TRF, c’est une révolution vis-à-vis du marché du gaz puisque le 1er novembre nous allons unifier la France en termes d’accessibilité marché et fluidité. Une zone de marché unique du gaz avec un seul point d’échange de gaz : le PEG. Co-construite avec le marché par Teréga et GRTgaz, ce sera l’aboutissement de la construction du marché du gaz initiée en 2005. Aussi, tous les fournisseurs pourront accéder à l’ensemble du marché français et les consommateurs paieront le même tarif de transport quelle que soit la région où ils se trouvent. Le fonctionnement qui a été retenu entre GRTgaz et Teréga, c’est la mise en place d’accords qui permettent de gérer la zone France dans son ensemble, à la fois en termes commercial mais aussi en termes d’équilibrage des flux. Pour cela, nous échangeons nos données journalières à la maille France. Teréga attend beaucoup de cette TRF car nous allons pouvoir proposer nos services au-delà de notre territoire historique et même au-delà de nos frontières.

La réforme de l’accès des tiers aux stockages de gaz naturel souterrain est une étape importante de franchie. Quel bilan Teréga fait-elle alors que se sont clôturées début avril les enchères de capacités ?

Si nous avons accueilli avec prudence cette réforme, il n’en demeure pas moins qu’aujourd’hui la page est belle est bien tournée ! Un plus grand nombre d’acteurs du monde l’énergie nous ont sollicités : nous avons eu 22 clients au lieu des 16 traditionnels. Le fait d’avoir un tarif unique facilite les échanges. Pour ce qui est des enchères, elles ont toutes été souscrites à un tarif relativement faible mais dont nous pouvions espérer plus compte-tenu du prix de réserve. Ce qui signifie que le tarif transport devra compenser l’essentiel des revenus des stockeurs cette année. La CRE a fixé notre revenu maximum autorisé à 154 millions alors que nous sommes plus proches de 175 millions d’euros habituellement, mais l’important demeure qu’aujourd’hui les stockages sont pleins. On est même arrivé à un niveau de souscriptions jamais atteint depuis 2012, qui devrait nous assurer un hiver serein. Si cette réforme nous conduit à un peu moins de revenus, elle nous apporte plus de visibilité et de nouveaux objectifs. Désormais nous allons concentrer nos investissements pour sécuriser les capacités. Nous avons déjà entamé avec la CRE une discussion autour de notre projet de porter à 60 bars la pression du gaz dans les cavités, nous espérons qu’elle aboutira rapidement.

Du stockage aux gaz verts, il n’y a qu’un pas. Quelle est votre stratégie en la matière ? Et quelles sont les perspectives ?

Nous ouvrons les champs des possibles ! Comme l’ensemble des acteurs gaziers, nous travaillons à concevoir de nouvelles solutions autour des filières vertes issues du biométhane, mais aussi sur la technologie du power to gas via le démonstrateur Jupiter 1000 ou encore sur l’impact que pourrait avoir l’hydrogène dans le méthane sur l’ensemble de nos infrastructures. Nous travaillons aussi sur la capacité des stockages à accepter le biométhane. L’année dernière, nous avons d’ailleurs démontré avec Storengy que le biométhane agricole était compatible. Ensuite, nous nous préoccupons de la façon dont nous pouvons raccorder des installations de biométhanes à nos réseaux. Notre politique est de mettre en location-vente des installations d’injections de gaz. Dans le Sud-Ouest, deux sites de productions injectent sur le réseau de Térega [Villeneuve-sur-Lot et à Préchacq-Navarrenx, NDLR]. Nous avons recensé près de 70 projets en Nouvelle-Aquitaine et en Occitanie. Le potentiel est indéniable ! Avec notre objectif d’être 100 % vert à l’horizon 2025, nous aurons peut-être, et sous réserve de validation de la CRE, nos propres installations de biométhane pour couvrir nos besoins de consommation. Nous avons également l’ambition d’ici 2025 de convertir toute notre flotte au GNV. Trois véhicules ont déjà été mis en service.

Quelle est votre position vis-à-vis de la prochaine programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) ?

Nous serons naturellement attentifs à la fixation par le régulateur et le législateur des capacités nécessaires en termes de stockage et de transport pour assurer les besoins en gaz de notre pays. Nous pensons que cette PPE ne devrait pas avoir un impact très significatif par rapport à la précédente. Pour nous, les capacités qui ont été définies doivent être maintenues. Pour ce qui est du stockage lui-même, il nous semble que la partie impactée sera celle qui est déjà aujourd’hui sous cocon. Si la fermeture de certains sites a été évoquée, l’irréversibilité de cet acte à une époque où il semble bien compliqué d’avoir des prévisions météorologiques exactes, une estimation des besoins en gaz adéquat, sera l’une des grandes difficultés à laquelle sera confronté notre gouvernement. Sans oublier que demain les besoins en gaz peuvent être beaucoup plus importants dans leur capacité à stocker l’énergie au sens large.

Quels sont les réseaux de demain pour Teréga ?

Ces sont des réseaux en interface les uns avec les autres ! C’est une synergie inter réseaux ! En 2025, ce sont des réseaux dans lesquels on aura fait un certain nombre de modifications qui permettront de faciliter les interfaces avec du biométhane, qui faciliteront la connexion avec le gaz naturel véhicule, ce sont des réseaux qui pourront accueillir des stations d’injection de biométhane porté. Aussi dans les réseaux il y aura des distributions publiques qui recevront du gaz et des distributions publiques qui injecteront du gaz sur le réseau au travers du rebours. Ce sont des réseaux dans lequel il y a aura tout à la fois : des distributions publiques qui reçoivent et des distributions qui injectent des gaz sur le réseau au travers des systèmes de rebours. Il faudra aussi compter sur le power to gas soit à partir d’hydrogène, soit à partir de méthane. Pour résumer, les réseaux seront toujours plus intelligents et « accélérateurs d’avenir ».