Soutien à la cogénération : où va-t-on ?

Publié le 13/04/2017

4 min

Publié le 13/04/2017

Temps de lecture : 4 min 4 min

Par Madeleine Lafon

L’évolution des mécanismes de soutien dédiés à la cogénération ont été au cœur des débats de la journée « cogénération » organisée par l’ATEE le 30 mars. Des mécanismes de soutien en suspens aujourd’hui malgré leur participation à la sécurité d’approvisionnement. Analyse.

Si les sites de cogénération de moins de 1 MW continuent de bénéficier d’un mécanisme de soutien autour du complément de rémunération, pour les autres sites la situation est plus incertaine. Pascal Roger, président de la Fédération des services énergie environnement (Fedene), et Raphaëlle Imbault, présidente de la commission « efficacité énergétique » de l’Union des industries utilisatrices d’énergie (Uniden) ont livré leurs recommandations respectivement pour les sites entre 1 et 12 MW et pour les sites industriels au-delà de 12 MW.

Cogénération et réseaux de chaleur des synergies évidentes

Pour Pascal Roger de la Fedene, en étant la solution de production énergétique la plus efficiente, la cogénération est un outil utile à la transition énergétique. La cogénération doit continuer à fonctionner et à exister au sein du mix énergétique français.

Les sites entre 1 et 12 MW qui trouvent leur débouché chaleur auprès des réseaux de chaleur sont les sites les plus nombreux en France. Il y a 184 réseaux de chaleur qui sont équipés de cogénération (soit 29 % des réseaux de chaleur en France) et 191 cogénérations raccordées aux réseaux de chaleur. L’ensemble de ces sites représente 1,3 GWe installés (sur 4,7 GWe pour toute la France). En termes de production, ils ont permis de produire 4,8 TWh de chaleur et 3,4 TWh d’électricité en 2016.

Ces sites, qui sont principalement situés chez des serristes, des industriels ou dans des chaufferies, offrent donc un appui indispensable au système énergétique en matière de sécurité d’approvisionnement. Ils sont aussi un atout formidable pour atteindre les objectifs de chaleur inscrits dans la loi sur la transition énergétique et la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) qui en a découlé. L’objectif en 2030 en matière de réseaux de chaleur est de multiplier par cinq l’étendue du réseau. Cependant, aucun objectif chiffré n’est inscrit dans la PPE pour les cogénérations alors même que la Fedene estime le potentiel technique atteignable en 2030.

Les appels d’offres pour les sites entre 1 et 12 MW se font attendre et le mécanisme transitoire de certificats ouvrant droit à obligation d’achat (Codoa) est sur la sellette. Ce contexte réglementaire incertain rend la situation complexe pour les cogénérations et permet difficilement de monter de nouveaux projets.

Pour sortir de cette ornière selon la Fedene il faut permettre aux réseaux de chaleur d’intégrer plus de biomasse et développer les plus petits réseaux qui permettront d’intégrer du biogaz. Les enjeux financiers en lien avec le développement de la chaleur sont importants cela dit la chaleur peut constituer un levier important en matière d’efficacité énergétique et de relance économique.

La cogénération industrielle dans l’expectative

La cogénération industrielle regroupe des sites d’une puissance supérieure à 12 MWe – des installations critiques pour la compétitivité des industries. Actuellement, le contexte de marché est peu favorable à la cogénération dans la mesure où le « clean spark spread » (différence entre le prix de vente de l’électricité et son coût d’achat) est négatif. Et selon les fondamentaux, la situation risque de durer : les prix de l’électricité sur les marchés de gros sont bas (malgré une remontée soudaine cet hiver du fait de l’indisponibilité des centrales nucléaires), les prix du gaz sont aussi en baisse et le prix du C02 sur le marché de l’ETS (système communautaire d’échange de quotas d’émissions) est toujours autour de 5 euros la tonne, ce qui est très peu incitatif.

Cet hiver a été marqué par le démarrage du marché de capacité au 1er janvier 2017. La dernière enchère organisée a révélé un prix de rémunération du MW de 10 000 euros. Il est encore trop tôt pour tirer toutes les conclusions de l’impact de ce mécanisme sur la cogénération. Cependant, on peut prédire que sans aide complémentaire les installations de cogénération dans les sites industriels vont être démantelées.