Sensibiliser, éduquer, dialoguer, éco-construire…

Publié le 13/05/2017

7 min

Publié le 13/05/2017

Temps de lecture : 7 min 7 min

Le 22 janvier 2016, la Fondation agir contre l’exclusion (Face) et GRDF ont signé une convention avec le ministère de la Ville, de la jeunesse et des sports pour le lancement de l’opération Civigaz.

Par Laura Icart

Civigaz fait partie du programme gouvernemental de service civique pour la transition énergétique. Il a pour objectif de former 660 jeunes volontaires recrutés par Face, qui visiteront pendant sept mois environ les logements individuels ou collectifs disposant d’une alimentation gaz individuelle afin de sensibiliser les ménages modestes aux économies d’énergie, à la sécurité des installations intérieures, à la qualité de l’air intérieur, et former aux éco-gestes.

Une ambition nationale…

Lancée au sein de trois collectivités pilotes, la Métropole européenne lilloise (Roubaix et Lomme), Saint-Etienne et Paris, ce n’est pas moins d’une trentaine de jeunes qui se sont lancés dans l’aventure Civigaz. Cette opération sera déployée dans une vingtaine de territoires à compter de septembre 2016. Les prochaines promotions suivront en septembre 2017, soit concernant un total de 660 jeunes, avec un objectif de 100 000 foyers sensibilisés d’ici à 2018.

… pilotée au niveau local

Les volontaires sont recrutés par Face puis formés, notamment sur la sécurité des installations intérieures. Dans chaque ville partenaire, une structure de médiation s’occupe de la coordination sur le terrain, le PSPE (Point services aux particuliers et aux entreprises) de Lille, le Club Face Loire et son homologue de Paris.

Comment fonctionne Civigaz ?

L’identification des ménages précaires raccordés au gaz naturel se fait au préalable avec les collectivités, les structures de médiation et les bailleurs sociaux, sur les parcs privés et publics. Afin d’établir une cartographie au plus proche de la réalité, les critères classiques de précarité énergétique sont également pris en compte. Avec toutes ces données cumulées, des zones d’intervention sont définies et les jeunes Civigaz peuvent passer à l’action. Ceux-ci agissent en binôme pour les visites d’immeubles ou organisent des actions collectives dans les quartiers. Lors de leurs visites, les volontaires diffusent des conseils sur la sécurité des installations intérieures de gaz comme la vérification des flexibles, de la ventilation, de l’aération… Ils sensibilisent également les familles sur des gestes simples et des comportements faciles à adopter comme le fait de baisser le chauffage d’un degré la nuit, permettant ainsi de réduire de 7 % la facture de gaz ou celui de mettre un couvercle sur la casserole quand l’eau bout, qui permet de consommer trois fois moins d’énergie. Les volontaires adaptent également leurs discours sur place en fonction des besoins et des équipements des habitants.

Quelques mois après son lancement, le dispositif Civigaz a trouvé son rythme de croisière. Les volontaires sont motivés et les messages pédagogiques destinés aux familles en situation de précarité énergétique commencent à faire écho.

« Le dialogue est au cœur du dispositif de Civigaz ! »

Elsa de Froment, déléguée développement durable chez GRDF, pilote du projet

Quel message souhaite véhiculer GRDF avec ce nouveau dispositif Civigaz ?

L’attention que nous portons à nos clients, et plus particulièrement à ceux qui sont en situation de précarité énergétique, nous a poussés à nous engager dans cette opération. Pour agir auprès d’eux et les aider à consommer mieux mais surtout pour les sensibiliser sur une thématique qui reflète la précarité énergétique et sur laquelle on est peu positionné en général : la sécurité des installations intérieures. Pour GRDF, Civigaz c’est une manière d’accompagner nos clients en situation de précarité et de concrétiser notre engagement avec Face et les collectivités, auprès de ces personnes afin de les conseiller sur les éco-gestes mais aussi sur cette dimension de sécurité des installations intérieures gaz que l’on a tendance à oublier.

Faire appel à des personnes en service civique, est-ce aussi un moyen pour GRDF de sensibiliser les jeunes ?

Effectivement. Les jeunes en services civiques nous semblent être de très bons vecteurs pour porter plusieurs messages. L’intérêt pour nous est de pouvoir travailler sur une forme de cohésion intergénérationnelle et d’être une première porte d’entrée pour les jeunes dans le monde du travail. Les services civiques sont donc un premier contact avec le monde de l’entreprise mais c’est aussi une façon pour nous de montrer aux jeunes l’intérêt de cette mission et ainsi les inciter à s’investir. Enfin, ce nous souhaitions avec cette opération, au-delà de cette perspective du service civique, était créer une synergie entre les différents partenaires : les jeunes, les collectivités, la Fondation agir contre l’exclusion ou encore les bailleurs sociaux. À l’image de ce que nous faisons sur d’autres thématiques, le dialogue est au cœur de ce dispositif.

Késako le service civique ?
Créé en 2010, le service civique est considéré comme un engagement volontaire au service de l’intérêt général ouvert aux 16-25 ans, élargi à 30 ans pour les jeunes en situation de handicap. Accessible sans condition de diplôme, le service civique est indemnisé à hauteur de 500 euros (en moyenne) par mois et s’effectue en France ou à l’étranger.

Moncef, 23 ans, volontaire Civigaz à Paris

Pourquoi vous êtes-vous engagé en service civique ?

J’étais étudiant en troisième année de droit et puis cette année j’ai eu envie de changer d’orientation. Je trouve le principe du service civique basé sur du volontariat très humain et j’ai tout de suite eu envie de m’investir dans ce projet. J’ai été impressionné par la qualité et la diversité des missions que l’on nous a confiées mais également par le fait qu’elles étaient portées par GRDF.

Parlez-nous de votre mission…

Nous sommes un groupe de huit personnes. Pour le moment nous avons un partenariat concernant les logements sociaux avec le bailleur social Elogie qui est très impliqué dans la mission et ça fonctionne bien. C’est plus compliqué pour les logements du parc privé. On a d’ailleurs échangé avec l’adjointe au maire de Paris sur ce sujet pour lui expliquer les difficultés que nous rencontrions. On travaille par arrondissement, en binôme. Nous avons commencé par le 13e arrondissement avec de très bons retours, puis nous avons avancé vers les 18e et 19e, essentiellement dans des logements sociaux. Actuellement, nous sommes dans le centre de Paris. À chaque fois que nous changeons d’arrondissement nous rencontrons une agence Elogie qui s’occupe du secteur et on travaille ensemble pour préparer la mission de terrain. On prévient via des affiches dans les halls d’immeubles, la mairie envoie des courriers et une semaine après nous passons. On se présente, on explique la raison de notre venue : sensibiliser les locataires à la sécurité gaz et aux dangers du monoxyde de carbone ; le deuxième volet de notre mission concerne les éco-gestes.

Avez-vous l’impression que les gens sont réceptifs à vos messages ?

Je sens les gens à l’écoute et intéressés par notre démarche, par les informations que nous pouvons leur apporter, notamment pour sécuriser leurs installations mais aussi de manière plus globale, ils ont une réelle volonté de s’engager pour limiter leur impact sur l’environnement.

Quelles difficultés avez-vous rencontrées ?

Nous rencontrons des difficultés surtout dans le logement privé où les personnes sont parfois méfiantes. Dans les logements sociaux, même lorsqu’on est face à un refus, cela reste courtois.