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De nombreux camions de livraison roulent au GNV

Publié le 12/01/2017

7 min

Publié le 12/01/2017

Temps de lecture : 7 min 7 min

Ces dernières années, la nécessité d’aller vers une mobilité plus propre s’est installée progressivement dans les consciences collectives. Les enjeux sanitaires et économiques de la pollution de l’air sont désormais au centre de l’attention des pouvoirs publics. La mobilité terrestre gaz, longtemps méconnue, tend à occuper aujourd’hui une place des plus significatives sur le marché du transport durable. Enquête.

Si les véhicules électriques et les hybrides occupent le devant de la scène, les véhicules roulant au gaz naturel véhicule (GNV), au biométhane carburant (bioGNV), au gaz de pétrole liquéfié carburant (GPLc) et bientôt au bioGPL présentent pourtant de nombreux atouts, tant sur le plan écologique qu’économique et sanitaire. Avec quelque 45 millions de véhicules en circulation dans le monde, la mobilité gaz constitue aujourd’hui la première alternative au diesel.

La mobilité urbaine est aujourd’hui un véritable enjeu de santé publique. Chaque année en France, 30 à 40 000 décès prématurés et liés à la pollution de l’air sont constatés. Le transport routier représente 15 % des émissions de particules et 56 % de celles de dioxyde d’azote (NO2), sans parler des rejets de CO2. Les pics de pollution recensés cet hiver à Paris, Lyon ou encore Grenoble sont symptomatiques des maux dont souffrent aujourd’hui les grands centres urbains, victimes d’un trafic dense et d’une politique qui a trop longtemps favorisé le diesel.

Un constat alarmant qui a conduit les pouvoirs publics à prendre des mesures incitatives et réglementaires en France mais aussi en Europe. En 2013, la Commission européenne a présenté la directive « clean power for transport ». Il s’agit un projet ambitieux pour les carburants propres qui se focalise sur le développement des réseaux de distribution des carburants alternatifs. Elle a été complétée en septembre 2014 par la directive européenne sur le développement des carburants de substitution (dite « alternative fuels infrastructure », ou AFI). Cette dernière oblige chaque État membre à se doter d’ici le 18 novembre 2016 d’une stratégie nationale baptisée « cadre national pour le développement du marché relatif aux carburants alternatifs » (Canca). Peu s’y sont déjà conformés. En France, c’est en partie fait, via la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte (TECV) publiée en août 2015. Objectif : introduire 32 % d’énergies renouvelables (EnR) dans la consommation finale brute d’énergie en 2030. Pour les carburants, les EnR devront représenter 10 % de la consommation finale en 2020, puis 15 %, en 2030.

L’essor de la filière GNV

En France, plus de 14 500 véhicules roulent au GNV, bus, bennes à ordures ménagères et poids lourds compris. Un chiffre en constante augmentation, boosté par une réglementation de plus en plus favorable et une filière mobilisée. Ainsi, l’Association française du gaz naturel pour véhicules (AFGNV), qui regroupe les différents acteurs du secteur, a mis en place un programme d’actions visant à installer et à multiplier l’usage du GNV en France.

Le GNV a investi depuis longtemps le marché des collectivités avec les véhicules de transport urbain. Aujourd’hui, deux tiers des villes de plus de 200 000 habitants possèdent des bus fonctionnant au GNV. C’est le cas aussi pour des bennes à ordures ménagères (BOM) : à Paris, 80 % des BOM en circulation fonctionnent au GNV. Son utilisation dans le transport de marchandises et par les flottes d’entreprises privées ou publiques est croissante, mais le potentiel reste considérable. Afin d’aller plus loin, une politique fiscale adaptée est d’abord nécessaire. Mais il faut également des infrastructures (stations-service) capables de répondre à la demande et même de la stimuler. Or il n’existe aujourd’hui que 50 stations publiques réparties sur tout le territoire. Une vingtaine supplémentaires devraient néanmoins voir le jour dès cette année. Sur ce sujet, la directive AFI préconise aux États membres de prévoir d’ici 2025 un nombre suffisant de points de ravitaillement ouverts au public, « tous les 250 km » pour le GNC et « tous les 400 km » pour le GNL. La réponse de la France au Canca, sur le volet mobilité terrestre, est de la voix même de l’AFGNV, peu représentative des ambitions et de la volonté affichées par les acteurs de la filière pour booster le développement de GNV.

Des signes positifs pour le GPL

Si la filière du GNV a fait le choix, à court terme, de privilégier le développement du marché prometteur des véhicules lourds et utilitaires, les véhicules particuliers utilisant le gaz ont toute leur place. Pour preuve : la demande en gaz de pétrole liquéfié (GPL) a bondi avec les restrictions nées des pics de pollution, le GPL n’étant frappé d’aucune interdiction. L’arrivée prochaine sur le marché du bioGPL devrait encore accentuer cette tendance. Disposant d’un réseau européen dense de plus de 30 000 stations (une station sur sept est équipée en France), le GPL est aujourd’hui le carburant alternatif le plus développé.

Créer une fiscalité attractive, développer un réseau de stations conséquent, intégrer la mobilité gaz dans le débat public au même niveau que la mobilité électrique, encourager les constructeurs à élargir leurs offres seront autant de signaux positifs donnés à la mobilité gaz. Avec des perspectives de développement croissantes et des obligations environnementales de plus en plus strictes, la dynamique qui entoure en premier lieu le secteur véhicules lourds et utilitaires mais aussi à plus long terme celui des véhicules légers semble promise à un bel avenir. Et rend indiscutable le fait que le carburant gaz occupera demain une place de choix dans le futur mix énergétique français.

Chiffres clés

2 903
Nombre de bus roulant au GNV en France.
1,3 million
Nombre de véhicules qui roulent au GNV en Europe.
14 548
Nombre de véhicules roulant au GNV en France.

Lexique

Gaz naturel véhicule (GNV) : gaz naturel utilisé comme carburant sans distinction de son mode de stockage.
GNV = GNC + GNL
• Gaz naturel comprimé (GNC) : gaz naturel comprimé stocké dans des réservoirs à une pression « maximale de service » de 200 bars suivant le règlement 110 et permettant une réduction de volume d’environ 180 fois par rapport au volume occupé à pression ambiante.
• Gaz naturel liquéfié (GNL) : gaz naturel stocké sous forme liquide à très basse température (- 160 °C) nécessitant pour cela des réservoirs dits « cryogéniques » et permettant de réduire le volume de stockage (environ 600 fois moins volumineux).
• bioGNV : gaz naturel véhicule issu de biométhane. Ce carburant émet encore moins de polluants que le GNV.
BioGNV = bioGNC + bioGNL
• Gaz de pétrole liquéfié (GPLc) : il est composé principalement de propane et de butane, stocké sous forme liquide à température ambiante sous environ 7 bars (max 40 °C sous 15,5 bars).
• BioGPL : gaz de synthèse produit à partir de matières premières renouvelables, principalement issues d’huiles et de déchets végétaux.