Renouvelable et durable : le gaz prend racine

Publié le 12/02/2017

4 min

Publié le 12/02/2017

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Le Syndicat des énergies renouvelables (SER) et les gestionnaires de réseaux de gaz français GRDF, GRTgaz, le SPEGNN et TIGF ont publié le 22 février dernier leur deuxième édition du Panorama du gaz renouvelable. L’année 2016 a confirmé la belle émergence de la filière biométhane qui, en réduisant de manière significative les rejets de gaz à effet de serre (GES), installe durablement le gaz renouvelable dans le paysage énergétique français. Analyse.

Par Laura Icart

Avec une augmentation annuelle d’injection de biométhane dans le réseau flirtant avec les 162 %, la filière française poursuit sa belle ascension commencée en 2015. Si tous les acteurs de la filière française sont unanimes sur le fait que le gaz renouvelable représente l’avenir, sa production ne représente aujourd’hui que 0,05 % de la consommation française, très loin derrière les objectifs ambitieux de 10 % fixé par la loi de transition énergétique pour la croissance verte (LTECV) à l’horizon 2030. Néanmoins les perspectives intéressantes qui s’ouvrent à la « très jeune filière française » comme la qualifie volontiers Édouard Sauvage, directeur général de GRDF, offre une dynamique de développement et un potentiel important parfaitement intégré dans l’économie circulaire des territoires.

Un potentiel indéniable

En 2016, l’émergence du biométhane a été confirmée avec la mise en service de neuf nouveaux sites d’injection, soit une augmentation de plus de 50 % par rapport à l’année 2015. Avec quelque 215 gigawattheures (GWh) d’énergie injectés dans les réseaux de gaz naturel, la production de biométhane a quasiment triplé depuis l’année dernière (elle était de 82 GWh en 2015). Les régions Hauts-de-France et Grand-Est cumulent le plus grand nombre d’installations (six pour la première, sept pour la deuxième) et la capacité maximale installée la plus élevée avec respectivement 108 GWh et 82 GWh produits sur une année. La médaille de bronze revient à la Bourgogne-Franche-Comté qui comptabilise deux sites d’injections, à l’instar de beaucoup de régions françaises, mais dont la production annuelle avoisine les 54 GWh. En 2016, la capacité maximale de production de biométhane installée en France était équivalente à environ 410 GWh par an, soit une hausse de près de 50 % en moins d’une année. Au 31 décembre 2016, 241 projets d’injection recensés représentant une capacité max cumulée de 5 000 GWh par an étaient inscrits sur la file d’attente de raccordement. Une vingtaine de sites devraient être en service cette année et près d’une cinquantaine en 2018.

Des évolutions réglementaires nécessaires

À objectifs ambitieux, moyens ambitieux : c’est en substance le message délivré par les rédacteurs du panorama qui plaident pour des mesures structurantes, nécessaires au développement de la filière. Édouard Sauvage a fait remarquer que « le coût annuel de production du biométhane est très compétitif car il est nettement inférieur à celui des énergies renouvelables électriques bénéficiant d’une obligation d’achat, de l’ordre de 30 % ». Tous s’accordent sur la nécessité de prolonger la durée du contrat d’achat du gaz renouvelable de quinze à vingt ans, à tarif identique et sur le passage d’un calcul mensuel des capacités d’injection à un calcul annuel, ce qui pourrait permettre d’atteindre les objectifs fixés par la LTECV.

Thierry Trouvé, directeur général de GRTgaz, a également évoqué les nouvelles filières de production de gaz renouvelable que sont la pyrogazeification et le power to gas. Il a insisté à son tour sur « la nécessité d’un cadre réglementaire adapté pour accompagner le développement de ces nouvelles technologies », tout en soulignant que « le financement [était] la clé de voûte de la réussite d’une filière ».

 

 

CHIFFRES CLÉ
2015
15 000 tonnes de GES évitées
2016
40 400 tonnes de GES évitées
2020
750 000 tonnes de GES pourront être évitées