Quand l’électricité se propane à travers le monde…

Publié le 05/04/2017
5 min
Complémentaire du gaz naturel, l’énergie gaz de pétrole liquéfié, ou GPL (butane et propane), se présente aujourd’hui comme une alternative crédible pour accompagner le développement des énergies renouvelables dans les zones non interconnectées. Flexibles et dotées d’une facilité d’approvisionnement, les installations GPL se positionnent progressivement dans la production d’électricité en Amérique latine, aux États-Unis ou encore en Afrique et dans les Caraïbes. Peu présente dans la production d’électricité en France, l’énergie GPL devrait voir sa marge de progression croître dans les années à venir.
Par Laura Icart
La transition énergétique occupe aujourd’hui une place centrale dans le débat public. Depuis plusieurs années, les restrictions en termes d’émissions de CO2 et de pollution de l’air sont de plus en plus importantes. Ces nouvelles contraintes environnementales rendent de fait de plus en plus attrayantes des technologies déjà existantes mais jusque-là peu exploitées. La production d’électricité à partir des gaz butane et propane constitue une alternative intéressante de par ses qualités intrinsèques (- 27 % d’émissions de CO2, – 70 % d’émissions d’oxydes d’azote par rapport au fioul lourd et l’absence d’émission de particules) mais aussi par sa disponibilité sur l’ensemble des zones géographiques, qui lui confère des perspectives de développement à court terme intéressantes dans la production d’électricité centralisée et décentralisée, particulièrement dans les zones insulaires.
Entre abondance et savoir-faire
L’abondance des GPL et leur facilité de mise en œuvre pourraient ainsi favoriser la conversion des centrales de production électriques fonctionnant au diesel et au fuel lourd. Deux technologies existent ; la première consiste à produire de l’électricité avec 100 % de gaz propane et la deuxième avec de l’air propané qui est assimilable à du gaz naturel synthétique et présente de ce fait les mêmes caractéristiques de combustion. Il est alors entièrement substituable au gaz naturel et permet de fonctionner en utilisant les mêmes brûleurs et sans modification technique de la centrale, qu’elle soit à cycle simple, combiné ou via des applications de type cogénération. Ces dernières existent depuis de nombreuses années mais elles ont souvent fait les frais de l’attractivité économique du fuel. Couramment utilisé comme combustible de transition pour alimenter les centrales électriques au gaz naturel en attente du développement des infrastructures gazières, le propane commence progressivement à être privilégié par rapport au fuel lourd pour l’alimentation en base de centrales électriques.
Un développement en pleine croissance dans le monde
Conscients de cette nouvelle donne, entreprises et gouvernements à travers le monde s’intéressent à l’énergie GPL. De nombreuses sociétés se positionnent sur ce marché et parmi elles l’américaine Trans Tech Energy, spécialisée dans la fabrication de centrales électriques au gaz, qui estime même que « les perspectives de développement portées par les marchés émergents d’Amérique latine et des Caraïbes, où l’électricité est généralement produite à partir de diesel et de fuel lourd, va croître dans les années à venir pour des raisons aussi bien économiques qu’environnementales ».
Un vaste projet de conversion sur les îles Vierges britanniques
Sur les îles Vierges britanniques, la firme néerlandaise Vitol a répondu à l’appel de l’U.S. Virgin Islands Water and Power Authority (Wapa) qui mène actuellement un vaste programme de modernisation de l’infrastructure énergétique, le plus important des Caraïbes, afin de convertir son parc de production électrique du fuel au propane. Vitol est ainsi en train de convertir en dual-fuel les sept turbines de la centrale de 189 MW de Saint-Thomas ainsi que la centrale de 122 MW de Sainte-Croix fonctionnant initialement exclusivement au fuel lourd. Ce projet devrait permettre une économie annuelle d’environ 30 % sur la facture d’électricité, tout en réduisant de 12 % les émissions de gaz à effet de serre. La centrale est en service depuis le premier trimestre 2016 et la Wapa en mesure déjà l’impact environnemental.
Et en France ?
Si dans le monde le développement de la production d’électricité centralisée au GPL présente des perspectives intéressantes, en France, l’idée émerge progressivement. Dans son scénario prospectif, l’AFG table sur une hausse de la consommation de l’énergie GPL en France d’ici 2030, qu’elle impute en partie à la pénétration du propane dans la production d’électricité dans les zones insulaires non interconnectées. L’AFG estime que la conversion progressive au propane des centrales fonctionnant actuellement au fuel devrait conduire le GPL à peser à l’horizon 2030 pour près de 15 % dans la production électrique en zone insulaire. Des projets sont actuellement en cours d’expérimentation. Affaire à suivre.
L.I.