Précarité énergétique : Mobiliser, interpeller, lutter

Publié le 04/04/2016

4 min

Publié le 04/04/2016

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Le concept de précarité énergétique, tiré de l’expression anglaise « fuel poverty », est né en Grande-Bretagne à la fin des années 1970 suite à un constat alarmant : de nombreuses familles se trouvaient dans l’impossibilité de régler leurs factures de chauffage, conséquences cumulées d’un manque de ressources et du coût élevé des énergies. Depuis, ce sont des millions de personnes qui sont concernées par ce phénomène qui touche un Français sur cinq.

Par L.I.

La précarité énergétique est l’un des principaux sujets de préoccupation des Français. L’Observatoire national de la précarité énergétique (ONPE) estime en juin 2016 à 12,2 millions le nombre de Français concernés, soit 5,8 millions de ménages en situation de précarité énergétique. Un constat alarmant qui incite les pouvoirs publics mais aussi les énergéticiens à agir, chacun à leur échelle, pour lutter contre un phénomène qui accroît la paupérisation de la société et pose de réelles questions de santé publique

Comment définit-on la précarité énergétique ?

La notion de précarité énergétique est définie pour la première fois dans la loi du 12 juillet 2010 portant sur l’engagement national pour l’environnement, dite « loi Grenelle II », comme une incapacité à subvenir à ses besoins énergétiques de manière satisfaisante, liée à des ressources insuffisantes et à un logement présentant de mauvaises performances énergétiques.

Comment mesure-t-on la précarité énergétique ?

Deux méthodes principales sont utilisées par l’Institut national de la statistique et de l’activité économique (Insee) pour évaluer la précarité énergétique : l’une qualifiée d’« objective », l’autre dite « déclarative ». Si, dans le premier cas, on considère qu’un ménage est en situation de précarité énergétique dès lors qu’il consacre au moins 10 % de ses revenus à des factures énergétiques, l’autre méthode se base sur les déclarations des ménages, c’est-à-dire leur capacité à chauffer correctement leur logement et à pouvoir payer leurs dépenses énergétiques.

Comment peut-on l’expliquer ?

Quatre millions de logements en France sont considérés comme des « passoires thermiques ». Ces logements vétustes, mal isolés, sont avec l’augmentation du coût des énergies l’une des principales raisons pouvant expliquer la précarité énergétique, lorsque l’on sait que pour les ménages les plus modestes, la part du budget consacrée aux dépenses d’énergie, en particulier au chauffage, est une charge de plus en plus importante.

Qui sont les précaires énergétiques ?

Parmi eux, une majorité est constituée de propriétaires (19,5 %), de personnes âgées de plus de 65 ans (25,4 %) et d’habitants de maisons individuelles (17,1 %) vivant majoritairement en zones rurales. Pour autant, il est impossible aujourd’hui d’établir un profil des ménages touchés par la précarité énergétique tant ce phénomène tend à concerner de plus en plus de Français, dont le poste de dépenses liées à l’énergie les contraint à adapter leurs modes de vie.

Quels sont les moyens mis en place pour lutter contre la précarité énergétique ?

 

Si la loi Grenelle II a permis d’asseoir un cadre réglementaire concernant la précarité énergétique, la création de l’ONPE en 2012, le lancement du programme « Habiter mieux », la mise en place des tarifs sociaux et les nouvelles dispositions prévues par la loi de transition énergétique pour une croissance verte (TECV) promulguée en août dernier, comme le chèque énergie ou les certificats d’économie d’énergie dédiés à la précarité énergétique sont autant de dispositifs qui participent à la lutte contre la précarité énergétique. Du vœu de tous, collectivités et associations en tête, les actions menées doivent agir à la fois sur la performance énergétique des appartements, sur le budget des ménages mais aussi influer sur le comportement des ménages vis-à-vis de leurs usages énergétiques.

Contrairement aux idées reçues, la précarité énergétique ne concerne pas uniquement l’électricité et le gaz et la question du chauffage mais aussi le secteur des transports par exemple. Cependant, force est de constater que c’est dans le domaine du chauffage et plus largement celui de la qualité du logement que de nombreuses actions sont à mener pour permettre aux ménages précaires de ne pas avoir à faire un choix entre manger et se chauffer, entre manger et se déplacer, entre manger et vivre dignement.

 

36 % des Français ont restreint leur chauffage au cours de l’hiver 2015.
11 % des ménages ont des difficultés à payer leurs factures d’énergie.